Coup de tonnerre/ Laurent Gbagbo à L'Humanité: « Ce qui est en jeu maintenant, c’est la lutte pour les pays africains, pour leur coopération et leur véritable indépendance »
Par Humanite.fr - Coup de tonnerre. Laurent Gbagbo « Ce qui est en jeu maintenant, c’est la lutte pour les pays africains, pour leur coopération et leur véritable indépendance ».
Laurent Gbagbo : « Ce qui est en jeu maintenant, c’est la lutte pour les pays africains, pour leur coopération et leur véritable indépendance »
Marc de Miramon
L’ancien président ivoirien (2000-2011), acquitté cette année par la Cour pénale internationale, livre sa vision du panafricanisme, de la réforme du franc CFA et revient sur le soutien de Paris à la rébellion qui a alimenté près de dix ans de guerre civile. Entretien.
Vous venez de lancer le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Quelle différence avec le Front populaire ivoirien (FPI), fondé dans la clandestinité au début des années 1980, et quel sens donnez-vous au panafricanisme en 2021 ?
Laurent Gbagbo À l’époque, la Côte d’Ivoire était dans un système de parti unique et il fallait lutter contre cela. C’était notre objectif principal. Aujourd’hui, cette phase de la lutte est dépassée même si nous ne pouvons pas dire que nous vivons encore en démocratie. Ce qui est en jeu maintenant, c’est la lutte pour les pays africains, pour leur coopération et leur véritable indépendance. Ce nouveau parti, nous l’avons effectivement tourné résolument vers le panafricanisme, car nos États africains sont trop petits les uns par rapport aux autres et par rapport à leurs partenaires extérieurs. Il faut réussir l’Union des États africains pour que nous puissions mener ensemble des combats.
Nous ne pesons pas assez face aux États-Unis ou à la Chine. Individuellement, nous ne pouvons mobiliser que des petites ressources. Je ne veux pas donner d’exemple pour ne froisser personne, mais vous voyez bien que certains pays sont si minuscules… Quand j’étais chef d’État, lors d’une visite officielle en Chine, au-delà du protocole, à l’intérieur de moi-même je ressentais bien la différence de puissance entre nos deux pays.
Nous représentions deux États, certes, mais évidemment pas de la même dimension. En Afrique, les pays dont on parle, ceux qui parviennent à émerger, ce sont le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Angola, etc. Nous sommes une succession d’États minuscules, et donc nous pouvons peu de chose pour nos propres populations, et dans le concert des nations, nous ne sommes presque rien.
Certaines puissances combattent farouchement cette ambition panafricaine. Mais nous devons résister et poursuivre le combat, ne jamais baisser les bras.
De nombreux dirigeants africains ont eu ce rêve panafricain qui ne s’est jamais réalisé. Comment le mener à terme ?
Laurent Gbagbo C’est vrai que des gens comme Kwame Nkrumah (président du Ghana renversé en 1966 – NDLR) l’a tenté avant nous, ou Nasser avec le panarabisme. Un rêve, il faut d’abord le dire et le formuler. Ensuite, il faut se battre et lutter. Vous dites que d’autres l’ont formulé avant moi, c’est vrai, mais voyez comment ils ont fini ! Tous ou presque ont été renversés brutalement, qu’il s’agisse de Nkrumah ou de Modibo Keïta (président du Mali renversé en 1968 – NDLR). Certaines puissances combattent farouchement cette ambition panafricaine. Mais nous devons résister et poursuivre le combat, ne jamais baisser les bras.
Dans quel état avez-vous trouvé votre pays après votre longue période d'incarceration?
LAURENT GBAGBO Je ne peux pas encore juger le bilan de mon successeur. Je viens d'arriver et ma priorité était de créer mon nouveau parti.
Maintenant je vais commencer à mettre mon nez dans les dossiers.
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