Alain CAPPEAU, Conseiller Spécial du Président Laurent GBAGBO : Ainsi parlait GBAGBO ! C’était il y a dix ans

Le 30 décembre 2011 par IvoireBusiness - Quand certains se réfugient dans la parole biblique pour dédouaner un monde indécent, quand d’autres lisent et

Alain Cappeau.

Le 30 décembre 2011 par IvoireBusiness - Quand certains se réfugient dans la parole biblique pour dédouaner un monde indécent, quand d’autres lisent et

relisent des sourates bienfaitrices ou se complaisent dans une « zénitude »Boudhique transcendantale pour accepter un fatalisme amorphe, moi j’aspire à me replonger dans des discours improvisés du Président GBAGBO, basés sur à la fois une logique visionnaire et sur une simplicité d’expression. J’ai lu et relu ces derniers temps ses propos qu’il nous livrait au mois de Novembre 2001, lors du forum de la réconciliation auquel j’assistais, c’était il y a dix ans déjà.
Ne souhaitant pas qu’on rende grâce aux qualités d’humaniste de Laurent GBAGBO à titre posthume, il me paraît nécessaire de rappeler et encore rappeler, aux Ivoiriens et au delà aux Africains du monde, l’histoire qu’on oublie vite, celle qu’on met à la hâte sous le boisseau parce qu’elle est dérangeante, celle qui n’est pas encore dans nos livres d’école, celle que l’on n’a pas encore sanctuarisée dans une morale désuète, celle dont les médias parlent un jour et qu’on oublie le lendemain parce qu’un nouvel I phone a fait la une de tous les papiers.
Aux plébéiens du PDCI, à la mémoire sélective qui s’accrochent à une vis sans fin qui les amène depuis 1993 à se départir de l’aura que leur avait léguée leur mentor, je dis enlevez la poutre que vous avez dans les yeux et réfléchissez à la condition de faire valoir dans laquelle on vous a cantonnés. Houphouët-Boigny, lui le père de la Côte d’Ivoire moderne, enrage probablement de voir ses filles et fils se laisser emmailloter dans une camisole, jusqu’à la dépendance mentale.
Houphouët-Boigny était un vrai combattant, un guerrier au sens noble du terme et lorsque le 13 Novembre 2001, le Président du Forum de la Réconciliation Monsieur Seydou DIARRA demanda à Laurent GBAGBO, s’il avait des griefs au plan politique, voilà quelle fut sa réponse.
« Je n’ai aucun grief contre quelqu’un. Mais celui contre lequel j’ai le plus lutté, c’est le Président Houphouët-Boigny. Je me souviens de notre dernière discussion en Février 1993. Il a fait sortir tous ses collaborateurs et nous sommes restés à deux, et je crois que là j’ai reçu le plus grand hommage qu’on puisse me rendre en politique en Côte d’Ivoire. Là Houphouët-Boigny m’a dit : hélas tu me ressembles. Il me parlait de toutes ses tournées à l’intérieur du pays. Je le respecte beaucoup, je respecte sa mémoire parce que j’ai de la politique la vision selon laquelle un pouvoir politique n’est pas un cadeau. (sauf pour OUATTARA, car à lui on le lui a donné. Note du scripteur !) On va le chercher sous la pluie, sous le soleil, dans la brousse, dans les savanes ».
Plus loin, en parlant du successeur d’Houphouët-Boigny il disait :
« Je voudrai dire au Président BEDIE que je le remercie d’être venu. Je le remercie à un double titre. Premièrement après le vote de la constitution, surtout l’article 12 de cette constitution, il n’y avait plus de raison qu’il reste en exil. Je comprends sa douleur et sa souffrance. Monsieur le Président, quand le Président BONGO m’a appelé, il y a quelques jours, vous n’étiez même pas prêt, je vous ai appelé et j’ai dit : Le Président BONGO vient de m’appeler, prends l’avion et vas-y, et vous êtes venus. Merci Monsieur le Président. »
Enfin s’adressant aux absents, en l’occurrence à M. OUATTARA, il termina son intervention de la manière suivante :
« J’aimerai leur dire, à ceux qui peuvent penser à un coup d’Etat, ici ou là, que leur temps est passé. On n’est plus dans la logique des coups d’Etat. Celui qui tente un coup d’Etat ne sera jamais Président de la République, même s’il réussit à tuer les gens. Donc il faut venir discuter, je les attends toujours, parce que la discussion n’a pas de temps.»
Dans ces derniers propos, Oh combien prémonitoires, il faut comprendre ce que sous entend Laurent GBAGBO. Celui qui tente (et qui réussit) un coup d’Etat ne pourra jamais être un Président de la République, car sitôt le coup d’Etat réussi, la République disparaît au profit d’une dictature. On parlera alors de Maréchal, ou de grand timonier, ou encore du père du peuple ou pourquoi pas de grand commissaire bolchévique, c’est assez saillant! Avec Laurent GBAGBO il n’y a rarement de glissement sémantique, tout est dit même dans le non dit !
Laurent GBAGBO, au-delà d’avoir du respect et de l’estime pour ses deux prédécesseurs, avait cette noblesse de cœur qui campe immédiatement un personnage de grande stature, de haut rang psychique, de belle facture. Il savait à qui il s’adressait. Mais que sont aujourd’hui devenus les grands hommes ! Pour sûr certains au PDCI se fondent encore dans une masse ou l’on s’accorde à dire la peur au ventre qu’il est plus confortable, dans un régime répressif, de se tromper avec tout le monde plutôt que d’avoir raison tout seul ! Et comme on les comprend ! Mais les grands leaders ne naissent-ils pas dans les grands conflits ! OUATTARA est en train de lessiver le pays et le PDCI part avec l’eau du bain.
Ayez de l’audace, soyez les acteurs de votre propre vie politique, ne faites pas de la gestion compassionnelle de vos vies présentes, même si vous avez été floués, d’abord dans le deuxième tour des présidentielles, puis lors de la nomination du poste de premier ministre du « gouvernement SORO 1 ADO 1 » c’était un canular certes, mais quand même ! Enfin lors des dernières législatives. Rien Hormis Des Palabres, ne signifie rien d’autre que Rien Hormis Des Palabres. Ces gens du parti inventé et imposé par Jacques Chirac qui pérorent et gesticulent pour panser leurs déchirures, ont un leitmotiv messieurs du PDCI, ils disent : Si on n’a besoin de rien on fait appel à vous! Ne faites plus messieurs du PDCI de la comparaison mortifère, existez par vous-mêmes, ayez du talent. Vous ne savez pas que vous ne savez pas, alors c’est à nous de vous faire s’avoir que demain vous saurez si vous ne bougez pas.

Ainsi parlait GBAGBO, quand on lui demandait s’il pensait avoir subi des frustrations.
« Je vais vous dire mes frustrations pour vous dire que j’ai déjà pardonné. Dans ma famille la prison est une seconde nature. Monsieur GRI Camille c’était l’oncle de maman, ancien ministre du travail, il était en prison en 1963, arrêté pour faux complot. Mon père Koudou Paul arrêté en juillet 1964, ma sœur Djakouéni, elle était en grossesse en 1971, elle a été arrêtée frappée et elle a accouché d’une enfant qui est mort. Moi-même j’ai été arrêté quatre fois. La première fois en 1966 par un sous-préfet qui s’appelait Ayémou Noël, ensuite en 1969 pour fait de grève, puisque j’étais contre l’embrigadement de tous les étudiants dans un mouvement unique, puis en 1971on m’a arrêté pour m’amener dans l’armée pendant deux années. En 1992, moi-même, mon épouse et mon fils aîné Michel, on était tous les trois en prison. J’ai fait six ans et demi en exil, pour moi c’était le prix à payer pour que le pays soit au stade ou il est aujourd’hui. ( nous étions en Novembre 2001) Je n’en veux à personne, même aux gens qui sont venus m’arrêter, mais il faut qu’on sache que cela a été »
Pour être exhaustif, on pourra rajouter : Puis enlevé le 11 Avril 2011, suite à un coup d’Etat militaro/électoral après que mon pays ait été mis à sac par une rébellion cautionnée, par nombre de mes frères, y compris ceux du PDCI, puis enfermé dans un cloaque de Korhogo jusqu’au 29 Mai 2011 et enfin déporté vers un Camp Pénal International ou je devrais subir le supplice de la guillotine psychique.
Laurent GBAGBO, nous aura appris que l’abnégation pouvait nous faire dépasser nos traumatismes, qu’une posture de résilience ni ne s’inventait ni ne s’apprenait mais se vivait en allant au delà des épreuves de la vie, que la tolérance n’était pas la vertu du faible et qu’il n’a jamais eu, mais ça nous le savions déjà, « du bois à la place du cœur et de la paille sous le chapeau ».
En ces temps difficiles que nous vivons, les propos de bon sens de Laurent GBAGBO, propos d’aujourd’hui comme d’hier, nous invitent à réfléchir sur notre petite condition d’être humain, nous invitent à calquer nos actions nos déterminations sur le même schéma, fil conducteur de l’idéal du Président GBAGBO.

Ainsi parlerait aujourd’hui GBAGBO, sans nier une suite dans ses idées. Son chemin sacerdotal a toujours été jonché d’embuches, et de traquenards qu’il a toujours enjambés en fixant le même horizon.
A la question que lui posait le Président du directoire Seydou DIARRA, « reconnaissez-vous votre part de responsabilité dans la présente fracture sociale », la réponse qu’il fit pourrait être la même aujourd’hui adapté mutatis mutandis, si on lui demandait s’il reconnaitrait une part de responsabilité dans les événements post électoraux, qui ont amené la guerre en Côte d’Ivoire.
« Non ! Moi j’étais dans l’opposition. Mes missions je les ai toujours définies publiquement (à l’inverse de, OUATTARA. Note du scripteur) Casser le parti unique.( qui va revenir en Côte d’Ivoire après les dernières législatives et les prochaines municipales, si le PDCI n’y prend pas garde ! Note du scripteur) Ensuite amener la Côte d’Ivoire à la démocratie, troisièmement amener la Côte d’Ivoire à l’alternance démocratique. Je continue mon travail car je pense que c’est bien qu’on ait cassé le parti unique, qu’on s’achemine vers la démocratie, parce qu’on n’y est pas encore. Je pense que ce que j’ai fait est un bon travail pour la Côte d’Ivoire, alors certains pensent que je suis coupable d’avoir fait ça ! Mais moi je revendique cette responsabilité »

C’était il y a dix années. En novembre 2001 Laurent GBAGBO prononçait devant un parterre de personnalités autant ivoiriennes qu’étrangères, devant un aréopage d’institutions mondiales, un discours de vérité, dix ans après, presque jour pour jour, en Novembre 2011, le Président GBAGBO était amené tel le dernier des templiers au bûcher de la CPI. Gageons qu’il en ressorte comme est ressorti de Roben-Island en 1990 l’illustre numéro 46664 ! Et qu’il bénéficie du même prestige post carcéral.
Reposons lui aujourd’hui les mêmes questions, et il fera les mêmes réponses, et c’est à cela qu’on reconnait un homme de convictions, un homme de devoir, un homme appelé.
A l’adage qui dit : On tue un homme on est un meurtrier, on en tue des milliers on est un conquérant, on les tue tous on est Dieu, on ne peut que répondre, et quand on ne tue personne on est qui pour être vilipendé comme peut l’être Laurent GBAGBO l’humaniste?
On aura compris, en filigrane que ces propos s’adressent en priorité aux hommes et aux femmes de « sensibilité » PDCI, qui, il faut le reconnaitre pour certains nous ont bien épaulés lors de la campagne présidentielles. Aujourd’hui cette sensibilité représente le troisième homme, à l’humanisme similaire à celui de Laurent GBAGBO.
Alors, ensemble accordons nos trompettes de Jéricho et ouvrons notre démocratie à la sagesse, car mémoire et usage rendent l’homme sage. Nous connaissons la vérité, tous autant que nous sommes, certains par la raison, d’autre par le cœur, et tous par la mémoire, celle de la parole et surtout de l’écrit.
Alors, apportons à la cause GBAGBO toutes sortes d’éclairages et tous les appuis possibles, car si Dieu a commandé le pardon des injures, il n’en n’a pas pour autant interdit celui des bienfaits.

Alain CAPPEAU
Conseiller Spécial du Président Laurent GBAGBO.
Nommé par décret Présidentiel N°2007584 en date du 21 septembre 2007.