RDC/Diarchie à la tête de l’Etat: Joseph Kabila a prêté serment mardi. Etienne Tshisekedi compte prêter serment vendredi
Le 21 décembre 2011 par IvoireBusiness - Un risque de diarchie plane sur la RDC où les deux candidats se déclarent vainqueurs de l’élection présidentielle.
Le 21 décembre 2011 par IvoireBusiness - Un risque de diarchie plane sur la RDC où les deux candidats se déclarent vainqueurs de l’élection présidentielle.
Joseph Kabila a déjà prêté serment devant la Cour suprême de justice (CSJ) qui a confirmé en audience publique son arrêt du 16 décembre proclamant sa victoire avec 48,95% des suffrages, devant dix autres candidats, dont l'opposant Tshisekedi (32,33%), 79 ans, arrivé deuxième.
Celui-ci a rejeté les résultats du scrutin à un tour du 28 novembre, s'est proclamé "président élu" et a annoncé qu'il allait prêter serment "devant le peuple" vendredi au stade de Martyrs de Kinshasa.
A la veille de l'investiture du président de la RDC Joseph Kabila après sa réélection contestée, des chars ont pris position lundi à Kinshasa à la suite des déclarations de son rival Etienne Tshisekedi, autoproclamé "président élu" et qui veut aussi prêter serment cette semaine.
Lundi matin Kinshasa était à nouveau quadrillée par la police et l'armée, comme le 9 décembre après l'annonce des résultats provisoires de la présidentielle à un tour du 28 novembre qui avait déclenché des violences dans la capitaleLa police est très présente dans le quartier populaire de Limete (est) où se trouve le siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti d'Etienne Tshisekedi qui a sa maison non loin.
Le scrutin a été marqué par de nombreuses irrégularités dénoncées par des observateurs nationaux et internationaux, et plusieurs pays.
A Limete, la maison de l'opposant autoproclamé "président élu" depuis le 9 décembre, est devenue sa "présidence de la République".
Sous un abri dans son jardin, assis à une table, le drapeau congolais hissé derrière lui, le leader de l'UDPS a soufflé le chaud et le froid dimanche dans une déclaration aux Congolais.
Il a demandé à la population de rester calme "parce que quelqu'un qui est vainqueur ne s'agite pas", et s'est refusé à appeler à des manifestations, contredisant l'UDPS qui avait évoqué des "marches pacifiques".
M. Tshisekedi a annoncé qu'il allait prêter serment vendredi dans le stade des Martyrs de Kinshasa, près duquel des chars avaient pris place lundi, avant d'affirmer que le gouvernement était "démis", et d'enjoindre soldats, policiers et fonctionnaires de "n'obéir qu'à (son) autorité légitime".
Il a même appelé à capturer Joseph Kabila, qualifié de "fauteur en eaux troubles", promettant une "récompense très importante" à celui qui "l'amènera ici ligoté".
La réaction du camp Kabila a été immédiate: "énième vaste blague" d'un opposant "fatigué politiquement", "mauvais perdant", qui "ne peut plus mobiliser la population", a répondu Aubin Minaku, secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP).
M. Tshisekedi est "en train d'exercer une réelle rébellion contre les institutions", "c'est un appel infractionnel, criminel (...) pour que le sang coule. Nous ne pouvons le tolérer", a prévenu M. Minaku.
"Tshisekedi recherche un déferlement populaire afin qu'il y ait des bévues du côté de la police (...), nous avons pris des dispositions, la police ne tombera pas dans ce piège", a ajouté le chef de la MP.
L'Union européenne a pris acte mardi de l'investiture de Joseph Kabila à la présidence de la République démocratique du Congo, mais a menacé de "réévaluer" son "soutien" au pays si des progrès ne sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives.
Les Etats-Unis se sont dits "profondément déçus" de la validation des résultats par la CSJ, "sans évaluer complètement les nombreux rapports faisant état d'irrégularités" a commenté la secrétaire d'Etat Hillary Clinton dans un communiqué.
La chef de la diplomatie américaine a dénoncé un scrutin mal géré et "manquant de transparence", et suggéré "une révision du processus électoral".
Son homologue belge Didier Reynders avait aussi regretté l'absence d'un "examen plus approfondi, critique et indépendant des résultats" par la CSJ. Il avait renoncé à se rendre à Kinshasa pour la prestation de serment de M. Kabila.
Mardi, seul le président zimbabwéen Robert Mugabe, parmi les chefs d'Etat invités, s'était déplacé pour la cérémonie d'investiture.
Une douzaine d'autres chefs d'Etat africains invités étaient représentés par leur Premier ministre (Gabon, Rwanda, Tanzanie), le président de l'Assemblée nationale (Centrafrique) ou des ministres (Congo-Brazzaville, Afrique du Sud, Angola, Burundi, Tchad...).
La cérémonie, à laquelle assistaient quelques ambassadeurs de pays occidentaux (Belgique, France, GB, USA...), s'est déroulée sur l'esplanade de la Cité de l'Union africaine, devant plusieurs milliers de Kinois.
Dans son discours d'investiture, le président Kabila a rendu "un vibrant hommage au peuple congolais pour la maturité politique, l'ordre et la discipline dont il a fait montre depuis le début du processus électoral, jusqu'à ce jour".
Christian Vabé