Omar Keita (fils du ministre Balla Keita), candidat indépendant aux législatives : «Pas question que Gbagbo aille à la Cpi»
Publié le mercredi 9 novembre 2011 | Le Temps - Fils du Docteur Balla Keita, ancien ministre de feu Félix Houphouët Boïgny lâchement assassiné dans sa villa à Ouaga 2000 au Burkina Faso, en août 2002,
quelques semaines avant le coup d’Etat de cette même année, Omar Kéita, militant de l’Udpci, parti de son père, candidat indépendant aux prochaines élections législatives revient sur les circonstances de la mort de son géniteur. Il parle du Rhdp, de la Cpi et des leaders détenus par les nouvelles autorités du pays.
Publié le mercredi 9 novembre 2011 | Le Temps - Fils du Docteur Balla Keita, ancien ministre de feu Félix Houphouët Boïgny lâchement assassiné dans sa villa à Ouaga 2000 au Burkina Faso, en août 2002,
quelques semaines avant le coup d’Etat de cette même année, Omar Kéita, militant de l’Udpci, parti de son père, candidat indépendant aux prochaines élections législatives revient sur les circonstances de la mort de son géniteur. Il parle du Rhdp, de la Cpi et des leaders détenus par les nouvelles autorités du pays.
Vous êtes un des fils du ministre Balla Keita. On ne peut pas vous rencontrer et ne pas parler de son décès. Que savez-vous de cette disparition ?
C’est une disparition tragique pour sa famille, tragique pour ses concitoyens et tragique pour ses idées qu’il avait l’habitude de défendre. C’est une disparition regrettable. Maintenant, vous serez d’accord avec moi que dans cette atmosphère de déchirement de la Côte d’Ivoire et dans une atmosphère de regain de la paix, il n’est pas loisible pour sa famille biologique de prendre quelque position que ce soit.
Ce n’est pas une question de position. Beaucoup de commentaires ont été dits sur la mort de votre père…
Je ne suis pas enquêteur. Ce que je sais, c’est que ce jour du drame, je me rendais particulièrement à Ouagadougou. J’ai appris la tragique nouvelle à travers la presse, à Bobo-Dioulasso où j’ai fait une escale. Mais, quelques heures avant sa mort, nous étions au téléphone. J’ai eu ensuite des difficultés pour regagner la Côte d’Ivoire, parce que, les frontières étaient fermées. Finalement, je suis arrivé. Nous avons participé aux obsèques et nous avons inhumé mon père dans la dignité. Nous digérons certainement mal cette disparition. Mais, nous avons dignement enterré notre père.
Beaucoup d’encre et de salive ont coulé sur cette mort tragique. Certains parlent d’une femme Bété, d’autres parlent du Président Blaise Compaoré,... Qu’est ce que vous savez au juste ?
Je crois savoir que les enquêtes sont en cours. Je ne suis ni juge, ni policier. Tout simplement, je voudrais vous dire à la Côte d’Ivoire entière que je suis candidat aux législatives prochaines. Parce que, comme le disait mon père, paix à son âme, chacun est responsable de la couleur de ses urines. C’est ce que je bois que j’urine. Donc, permettez que je parle de moi-même pour permettre à notre pays, la Côte d’Ivoire, de se mettre au travail.
Mais, vous vous êtes fait votre opinion personnelle ?
J’ai été auditeur interne. Vous savez qu’en audit interne, généralement, on n’émet pas d’opinion. C’est-à-dire, il y a des règles qu’on essaie d’analyser à la lumière des faits, à la lumière des attitudes et qu’on essaie d’analyser. J’ai lu la presse comme vous tous.
Mais, la famille n’a pas porté plainte contre X ?
J’ai lu la presse comme vous tous
Face à la presse, il y a de cela quelques jours, vous aviez exigé la libération de tous les détenus politiques y compris Laurent Gbagbo et vous avez également dit qu’il n’est pas question de transférer qui que ce soit à la Cour pénale internationale. Pourquoi ?
J’ai demandé que tout soit fait pour que les exilés ivoiriens en conformité avec notre constitution puissent regagner leur patrie. J’ai demandé que la constitution de la Côte d’Ivoire soit respectée. Car, notre constitution dit aucun ivoirien ne doit être contraint de rester hors de son pays. J’ai aussi demandé que les leaders politiques qui sont en détention actuellement le soient dans les conditions de dignité et soient bien traités. J’ai aussi souhaité pour la paix en Côte d’Ivoire, parce que la Côte d’Ivoire est une personne morale, elle n’est pas la propriété de personne, c’est pour l’ensemble des Ivoiriens, demandé que tout soit mis en œuvre pour que tous les grands leaders d’opinions qui comptent ici en Côte d’Ivoire et qui sont en détention ou hors de la Côte d’Ivoire soient auprès de leurs proches pour les rassurer un tant soit peu, afin de donner la chance à la réconciliation. J’ai aussi demandé et j’insiste là-dessus qu’aucun Ivoirien, qu’il soit Lmp, Forces nouvelles…ne soit jugé par la Cour pénale internationale (Cpi) qui est une grande mafia. Il y a des juridictions dans ce pays. Je souhaite que nous puissions trouver des solutions ivoiriennes aux problèmes ivoiriens afin de donner la chance à la réconciliation en cours. C’est tout ce que j’ai demandé.
Parce que, vous n’avez pas confiance à cette juridiction internationale ?
Vous savez, la plus grande puissante mondiale, les Etats Unis ne sont pas concernés par cette cour. Vous remarquerez que tous ceux qui passent devant cette cour ont la peau noire ou autre…
Vous êtes candidat indépendant à Bonoua et Bongo Commune et sous-préfecture. Alors qu’on vous sait membre de l’Udpci. Y-a-t-il divorce ?
Oui, il y a une rupture. Parce que, j’étais membre de la direction de l’Udpci. Je ne fais plus partie de cette direction. Mais, je demeure simple militant. Lorsqu’ on s’inscrit dans un parti politique, il n’y a qu’un congrès qui peut renvoyer de ce parti. Depuis que je me suis engagé en politique, c’est le seul parti auquel j’ai toujours adhéré. Je demeure Udpci. Je mourrai Udpci. Je peux être mis en minorité sur un certain nombre de sujets, mais je demeure Udpci. Car, je suis un démocrate. Partout, il y a des hommes, il y a des hommeries. L’Udpci a été dirigé par le Général Robert Guéi. Il est parti. Aujourd’hui, il y a une nouvelle direction. Ses animateurs vont partir. C’est cela la vie.
N’est-ce pas votre point de vue dans votre parti au Rhdp qui vous a valu cette sanction pour qu’aujourd’hui, vous vous présentiez en candidature indépendante ?
L’Udpci est en principe un parti de centre. Le Rhdp est un rassemblement cosmétique. C’est beau de voir Bédié et Alassane ensemble. Il est également bien beau de voir, Mmes Bédié et Ouattara ensemble. Cela fait plaisir. Mais, c’est juste pour les photos. C’est juste cosmétique.
Pourquoi, voulez-vous briguer ce poste de Député ?
Nous sommes jeunes. Nous connaissons plus ou moins les problèmes de notre jeunesse. Je suis en train d’assister à ce que j’appelle, l’organisation de machines à voter des lois. Il faut qu’il y ait d’autres voix discordantes. Aujourd’hui, j’aime bien ce qui se passe à Abidjan avec l’embellissement des rues, le ramassage des ordures. Nous sommes un pays pauvre très endetté. Mais, je me demande qu’est-ce qu’on doit laisser pour les générations à venir. D’où viennent ces ressources qu’on utilise pour réaliser ces choses. C’est vrai, notre Président bien aimé, Alassane Dramane Ouattara est un pur produit du Fonds monétaire international. Il nous a tous inspirés. Moi même je suis économiste de formation. C’est un ultra libéral. Je suis enfant de paysan, donc de pauvre, je souhaiterais que les forces de centre gauche puissent se faire entendre pour que tout ne soit pas laissé au capital, et soumis à l’investissement utilitaire au profit du colonisateur. Je suis conscient que le monde est devenu planétaire, Mais, je souhaiterais qu’on donne une petite place au social. Aujourd’hui, le taux de chômage est très endémique. Il doit être l’une des priorités. Je ne crois pas que ce produit intra libéral qu’est Alassane Dramane Ouattara là soit aux attentes des populations ivoiriennes. Humblement, je souhaiterais que de façon pragmatique, on pense un peu au quotidien des Ivoiriens. Les belles routes, c’est jolie. Mais, il faut qu’on pense au quotidien de la société ivoirienne. Car, les ventres sont en train de crier famine.
Entretien réalisé par Joseph Atoumgbré