Afrique : Sa Majesté Tchiffi Jean Gervais, un non Akan, révolutionnaire de la cause royale
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Afrique. Sa Majesté Tchiffi Jean Gervais, un non Akan, révolutionnaire de la cause royale.
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Le royaume ashanti, depuis sa fondation en 1680 par Osei Tutu, impose respect et considération.
Attention ! Le cortège en annexe n'est pas celui d'un président de la république. C'est celui d'un roi. Sa Majesté Otumfo Osei Tutu 2, roi des Ashanti ayant pour capitale Kumasi, parailleurs capitale culturelle du Ghana, comme l'appellent les ghanéens.
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Pour rappel, Sai (Saye) Kofi Opemso Toutou (Osei Kofi Opemso Tutu), est aujourd'hui reconnu en tant qu’originellement Koulango parti de Saye (emplacement de l'actuel réserve de la Comoé ou réserve de Bouna) pour aller fonder un peuple à savoir le peuple Ah-San-Ti (Ashanti) ou Asante. De ce nom "Opemso Tutu", Nkrumah tire son pseudo "Osagyfo" qui signifie le rédempteur en langue twi.
C'est la même signification en langue Koulango:"Opemso Toutou".
Sai Kofi sera surnommé ainsi par ses sujets à la suite de la victoire du pleuple ashanti sur le tyran Ntim Gyakari, roi du peuple Denkyiera. En considération de la libération de toutes les tribus Akan de l'oppression des Denkyiera, les proches du roi des Ashanti ont estimé qu'il est le rédempteur ou la personne de qui tous ses sujets, à savoir les Akan sans exceptions étaient débiteurs à l'infini. D'où l'expression Koulango "Opemsö Toutou". Opemso pour " tes débiteurs" et Toutou pour "infini", "surabondant".
Les anthropologues, sont de plus en plus unanimes pour reconnaître que l'idée de tabouret royal est partie des Koulango avant de s'imposer aux Akan, via le leadership incontestable des Ashanti sur les peuples du groupe Akan qui vont s'éparpiller au Togo,Benin et Côte d'Ivoire à partir du Ghana, centre d'expansion de la culture Akan.
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Les Koulango,peu bavards,rient sous cape devant le zèle des peuples Akan tendant à faire passer le tabouret symbole du trône royale,comme une création Akan.Les Koulango, peu bavards, rient également,sous cape devant les Akan qui leur dénient toute tradition royale.Les Koulango se moqueront davantage des Akan, chaque fois que des usagers du tabouret royal dénieront à d'autres,le droit de l'intégrer dans leur culture. Qui peut nier que d'ici 50 ans, le tabouret royal ne va pas s'importer et intégrer les cultures et le quotidien du groupe Krou (Bété,Dida,Godié,Kroumen) en Côte d'Ivoire ?
Le tabouret roya hérité des Koulango à partir de Nangbolo ou Namo Dewey, et peaufiné par les Ashanti, a ceci de magique: ses zélateurs ont toujours été loin de son périmètre d'invention. Et tant mieux. Il en est ainsi des créations de grande valeur destinées à impacter l'humanité.
Et c'est pourquoi nous devons saluer la passion et le dévouement de Sa Majesté Tchiffi Zié Jean Gervais pour la promotion de la royauté en Côte d'Ivoire.Il a certes pris le train en marche. Mais, son intention était de hisser les gardiens de nos us et coutumes au rang sublime.
Cela ne va pas sans imprudence de sa part, vis-à-vis de ceux qui pensent que le modèle créé par nos aïeux serait leur chasse gardée et ne devrait jamais impacter les non Akan qui y voient pourtant un model pouvant conduire l'Afrique à son développement sans assistance FMI. Le projet de Budget 2019 du Ghana de l'Ashanti Akufu Addo l'atteste.
L'activisme de Sa Majesté Tchiffi Zié était remarquable au point de convaincre Kadafi à venir en Côte d'Ivoire.
Bien entendu, il y'a ceux qui s'étonnent de son dévouement pour la cause royale alors qu'il n'est pas Akan.
Raisonner ainsi reviendrait à dire que depuis que les Koulango ont créé le tout premier royaume dans l'histoire de la Côte d'Ivoire (d'après les travaux du méticuleux Prof Haris Mémel Fotê et le livre intitulé LA ROYAUTE EN COTE D'IVOIRE, publié en 2013, avec l'avant propos du Ministre de la Culture), aucun autre peuple ne devrait en faire autant,même pas les Akan. Juste pour montrer les limites de la thèse qui veut limiter le phénomène royal aux seuls Akan. Ce qui est battu en brèche par le livre précité.Le modèle Ashanti se veut dynamique et non sclérosant. A l’intérieur de la Cour Royale ( Manhyia Palace),il y'a un musée moderne climatisé et la cour au gazon synthétique.
Cela ne les empêche pas de garder en mémoire les liens historiques avec les Koulango.
Quant au chercheur anthropologue E.Meyerowitz, il conclut, en connaissance de cause, que les Akan ont pour ancêtres les Koulango.
Le Professeur émérite Ivor Wilks fondateur du Département d'Anthropologie et d'Histoire de l'Université d'Accra, devenu Prof aux USA confesse: " la famille royale de Bouna et d'Accra sont de la même parenté".
Enfin quant aux deux éminents anthropologues français à savoir Jean Louis Boutiller et Gerard Pecheux, il n'ya pas de doute:
C'est à Saye dans la région de Bouna qu'une femme Koulango va mettre au monde une postérité (la dynastie Oyoko) qui va migrer dans le territoire qui s’appellera plus tard Gold Coast puis Ghana. A partir du noyau Oyoko,naît un peuple (le peuple Ashanti) puis un royaume (le puissant royaume Ashanti).
Pour s'en convaincre, tout puissant royaume qu'il est, le peuple ashanti n'a pas de langue propre à lui connu au Ghana. Le Twi dont ils sont locuteurs, n'est pas leur langue. C'est la langue des Twifo qu'ils ont adopté à leur arrivée,abandonnant leur langue originelle le Koulango. Gerard Pecheux va plus loin pour reconnaître le tout premier royaume au Ghana (l'Adansi) comme un peuplement d'origine des Bona Nkoran à savoir les Koulango en provenance de Bouna.
Et en notre qualité de fils Koulango et aussi de la postérité des Oyoko (mon village fondé par un Ashanti), nous ne pouvons que saluer la débauche d'énergie de tous ceux qui comme chef Tchiffi Zié Jean Gervais s'identifient au modèle de pouvoir traditionnel instauré par Sai Kofi Opemso Tutu, par déformation Osei Tutu. Mouhamar Kadafi ne serait mort que les rois d'Afrique auraient des cortèges à l'image de celui des Ashanti,une personnalité plus respectée que le Président de la République du Ghana quel qu'il soit.
J'ai eu le privilège d'être son invité et de voir de mes yeux ce cortège.
Une contribution de Dapa Donacien
dapadonacien@yahoo.fr