Parti unifié: Bédié sème à nouveau la panique au PDCI, Par Ferro Bally

Par IvoireBusiness - Parti unifié. Bédié sème à nouveau la panique au PDCI, Par Ferro Bally.

Parti unifié. Bédié sème à nouveau la panique au PDCI,

Un vent de panique souffle à nouveau sur le PDCI-RDA, ex-parti unique. Alors que des consignes étaient données, Bédié vient de les battre en brèche. Il a signé un accord politique qui déstabilise bien de militants.

Les militants du PDCI sont déboussolés. En voyant la Une du quotidien Le Patriote de ce mardi 17 avril 2018 ((Le Patriote n°5502 du mardi 17 avril 2018), beaucoup de militants du PDCI-RDA, au nombre desquels des cadres du parti, sont restés bouche-bée.

Un document intitulé Accord politique indique que «les partis politiques membres du RHDP proclament solennellement leur volonté de créer un nouveau parti politique pour ensemble, dans l’union retrouvée, servir et continuer à bâtir la Côte d’Ivoire». C’est un blanc seing privé signé par Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, Albert Mabri Toikeusse, Joseph Séka Séka, Brahima Soro et Siaka Ouattara respectivement pour le RDR, le PDCI-RDA, l’UDPCI, le PIT (faction dissidente), l’UPCI et le MFA (tendance dissidente).

La signature, qui est la seule formalité d’un tel acte, sert à identifier les auteurs et manifester leur consentement aux conséquences qui en découlent. La date ne fait pas foi vis-à-vis des tiers.

Beaucoup de militants et pas des moindres s’interrogent sur la valeur du document signé.
Mais les interrogations qui fusent au PDCI-RDA montrent que l’acte sous seing privé ne bénéficie d’aucune présomption de régularité quant à son origine. Si des militants expriment leur doute, c’est qu’ils sont partagés sur son authenticité. Les instances du PDCI-RDA pourraient-ils alors repousser ce document qui n’est plus le manifeste tant vanté mais un accord politique arraché?

En droit positif, l’acte authentique est celui dressé par une personne qui a reçu spécialement pouvoir à cet effet, en l’occurrence des militants du parti à travers des instances habilitées. Et pour être valable, l’acte authentique est soumis à des exigences formelles au nombre desquelles la signature des parties et…l’indication de la date.

Pour Maurice Kacou Guikahué, la dissolution du PDCI-RDA dans le RHDP doit avoir avoir l’accord du canal historique du parti.
Le premier couac, cet accord politique censé enfanter le parti unifié du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition politique née en mai 2005 à Paris, en France) n’est pas daté et nul ne sait où cela s’est déroulé. Tout le monde s’interroge surtout que sur la même page 2 du journal, le communiqué de la conférence des présidents des partis membres du RHDP est en date du 16 avril 2018 et signé de Konan Bédié, président du PDCI-RDA et président du présidium du RHDP.

Le deuxième couac, c’est que Bédié n’a reçu aucun mandat des instances du parti pour conclure un tel accord.

Voici ce que déclarait Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif en chef du PDCI-RDA: «Le PDCI-RDA dans lequel nous sommes est un parti unifié, parce qu’en 1957, tous les autres partis ont rejoint le PDCI-RDA. Donc, on a pris tous les partis de 1946 jusqu’à 1956, qui sont devenus PDCI-RDA. Donc, aujourd’hui, avant de dissoudre le PDCI-RDA, il faut aller demander la permission à certains, parce qu’il y a certains que vous ne voyez pas, mais qui sont PDCI-RDA».

Mais avec ses «suiveurs», Bédié est coutumier de tels faits. En septembre 2014, alors qu’une Résolution du XIIè Congrès ordinaire du PDCI-RDA (octobre 2013) faisait campagne pour le choix d’un «militant actif» pour défendre les couleurs du parti à la présidentielle d’octobre 2015, il lançait «L’appel de Daoukro» pour soutenir la candidature unique d’Alassane Ouattara, président sortant et président du RDR, pour le compte du RHDP.

Alors que Mme Dagri-Diabaté est la présidente du RDR, c’est Alassane Ouattara qui est au four et au moulin.
Il espérait le retour de l’ascenseur en 2020 au profit du PDCI-RDA. Il est en train de mordre la poussière face aux résistances des bénéficiaires de son Appel. Et alors qu’il a été acquis au PDCI-RDA que le parti ne signerait aucun accord sur la naissance du parti unifié si des garanties n’étaient obtenues pour la présidentielle de 2020, Bédié passe outre et prend des engagements.

Mais l’autre faiblesse rejoint le communiqué qui a sanctionné la rencontre entre Alassane Ouattara, le président de la République, et Bédié, le président du PDCI-RDA le 10 avril 2018: le flou, le vague et le faux.

S’il devait faire force de loi, ce document n’a pour l’instant aucune force probante au PDCI-RDA en raison de nombreuses faiblesses.
Il n’y a aucun chronogramme même si au RHDP on n’est pas des fétichistes des dates; il n’y a aucune formule exécutoire. Rien que des professions de foi. Et puis si pour les autres partis, ce sont les présidents en exercice qui ont paraphé, au RDR, c’est Ouattara (le démiurge et le maître du jeu décidément), le président d’honneur, qui s’est substitué à la présidente du parti, Henriette Dagri Diabaté, pour apposer sa signature.

Et s’il devrait faire loi, cet accord politique n’a pas de force probante. En dehors de la propagande politique.

FERRO M. Bally

Journal de Ferro