Côte d’Ivoire : Banny bannira-t-il le camp Gbagbo de la réconciliation nationale?

Le 27 septembre 2011 par IVOIREBUSINESS – Mercredi prochain est jour J pour la Commission Vérité Réconciliation Dialogue et Paix, très

Charles Konan Banny, président de la Commission Vérité Dialogue Réconiliation et Paix.

Le 27 septembre 2011 par IVOIREBUSINESS – Mercredi prochain est jour J pour la Commission Vérité Réconciliation Dialogue et Paix, très

chère à Banny et à Alassane l’Américain, fraichement rentré d’un périple du pays de l’oncle Sam, où il a récolté des clous à la place des sous.
C’est d’ailleurs ce dernier qui installera officiellement cette Commission dont le but est de réconcilier les ivoiriens.
Drogba a prévenu, il n’est pas Superman, tant la tâche dévolue à cette Commission s’annonce titanesque, à un moment où la justice poursuit les responsables du régime de Laurent Gbagbo, exclusivement.

Charles Konan Banny, président de ladite Commission et membre influent du rassemblement des Houphouétistes pro-Ouattara et Bédié, claironnait mi-septembre : "Nous avons besoin de connaître la vérité, même si elle n`est pas belle", plaidait mi-septembre le président de la commission.
Cette sortie de Banny avait tous les attributs d’un bannissement des pro-Gbagbo de la réconciliation nationale.

D`autant que, pour le camp Gbagbo, cette promesse sans cesse réitérée par M. Ouattara est en contradiction avec les poursuites engagées contre l`ancien régime, tombé sous les coups de boutoir des ex-rebelles nordistes pro-Ouattara et surtout sous les bombardements de la France et de l`ONU.

Arrêté le 11 avril, Laurent Gbagbo lui-même, son épouse Simone et des dizaines d`autres responsables, civils et militaires, sont en détention provisoire, surtout dans le Nord, pour "crimes économiques" ou "atteinte à la
sûreté de l`Etat".
Le nouveau pouvoir ne cache pas qu`il espère être débarrassé au plus vite de l`ex-président par la Cour pénale internationale (CPI), qui n`a toutefois pas encore décidé d`enquêter.
Les autorités doivent faire face aussi aux critiques du camp Gbagbo et d`ONG internationales qui, sur le thème d`une "justice des vainqueurs", s`indignent qu`aucune figure du camp Ouattara n`ait encore été inquiétée. Pourtant, de l`avis même de l`ONU, des exactions ont été commises par les deux camps, spécialement dans l`Ouest où la situation reste tendu

La CDVR comprend 11 membres de la CDVR parmi lesquels figurent un religieux chrétien et un musulman, et cinq représentants des grandes régions du pays.
La star du foot Didier Drogba, incarnant les Ivoiriens de l`étranger, figure parmi lesdits membres de cette Commission, même s’il a dit ne pas être Superman.
Selon le gouvernement, la CDVR, au mandat de deux ans, doit permettre "au pays d`aller le plus rapidement possible vers la normalisation" et "la reconstruction du tissu social".
Inspirée de celle qui fut mise en place en Afrique du Sud après la fin de l`apartheid, elle aura fort à faire après une décennie de tourmente, de coups d`Etat en violences politiques et parfois ethnico-religieuses, qui a culminé avec la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011.
Si cette ex-colonie française longtemps enviée renoue progressivement avec la sécurité (malgré les dérapages de militaires des nouvelles Forces républicaines, les FRCI) et que son économie se redresse peu à peu avec l`aide internationale, la réconciliation apparaît comme le défi le plus délicat.
"Il y aura aussi le pardon"

La normalisation doit aussi passer par des législatives attendues le 11 décembre. Or, elle est fragilisée par la controverse autour de la Commission électorale indépendante (CEI), jugée "déséquilibrée" par le parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), qui vient de choisir la politique de la chaise vide.
Le FPI fait planer la menace d`un boycott du scrutin, qui serait un coup dur pour le pouvoir et une option à risque pour un parti déjà décapité et éclaté, nombre de ses responsables étant en exil, en particulier au Ghana.
Eric Lassale