Présidentielle en France : Que faire entre une neutralité constructive et un alignement qui peut être encombrant ? Par Claude Koudou
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Présidentielle en France. Que faire entre une neutralité constructive et un alignement qui peut être encombrant ? Par Claude Koudou.
Dimanche 7 mai 2017, les Français choisiront celui ou celle qui va les diriger et défendre les intérêts de leur pays dans le monde durant les cinq années à venir.
Cette échéance a ceci de particulier qu’elle bouscule les codes établis. En fait, cette élection peut rebattre les cartes à plusieurs égards. D’abord en France même, les habitudes peuvent considérablement évoluer dans le système politique parce que les élites, après des décennies de promesses non tenues, sont désormais sous la pression d’un peuple, qui se sent aujourd’hui trahi. Durant des décennies, des hommes et femmes politiques ont mis en place un système qui, d’un côté, demande toujours des sacrifices aux mêmes – les populations – lorsque de l’autre côté, les mêmes – élus ou hauts fonctionnaires – sont les seuls à profiter de ces impôts. Les élites se sont donc couvertes mutuellement à travers des règles dont la transparence s’est révélée, au bout du compte, sujette à caution.
Ensuite, dans « l’empire françafricain », les choses pourront peut-être bouger. En tout cas, il s’agit de voir si le système de corruption mis en place depuis les indépendances et qui fait que des membres de gouvernement ou apparentés peuvent aller chercher des mallettes en Afrique là où les populations vivent dans le dénuement le plus total, peut perdurer. Les choses pourront-elles changer ? C’est un chalenge pour le ou la nouve(lle)au président(e) qui va être élu(e), mais aussi pour les Africains qui ne doivent plus regarder l’histoire se faire sans eux. Subir et se contenter de dénoncer au lieu de renforcer les moyens de lutte pour se défaire des chaînes de l’oppression, c’est entre ces deux options qu’il faudra se déterminer.
Puis il faut dire que le président Laurent Gbagbo qui est un otage de l’impérialisme français, n’a pas de candidat dans cette élection. L’imposture révélée, Laurent Gbagbo n’a pas besoin de soutenir un candidat pour recouvrer sa liberté. C’est le bon sens de ses bourreaux quels qu’ils soient et le rapport de force sur le terrain en Côte d’Ivoire qui contribueront à le libérer de cette détention contraire aux règles du droit élémentaire.
Il est vrai que pour l’Afrique, la lutte contre les dictateurs triomphera si les progressistes n’ont pas un exécutif français contre eux. Mais peut-on défendre des intérêts et se montrer neutre dans le même temps ? La réponse à cette question dépend aussi du comportement des combattants de la liberté en Afrique et de leurs alliés dans le monde.
Les Africains ne peuvent pas avoir des dirigeants ou des élites qui se neutralisent en permanence entre eux - quand les Occidentaux travaillent à aller vers de grands ensembles pour pérenniser leur mode domination - et espérer que les choses changent dans ces pays d’un coup de baguette magique. Les Africains doivent également considérer que les malfaiteurs aussi prient Dieu. Aidons-nous et « Dieu nous aidera ».
Beaucoup trop d’amalgames sont identifiés à l’occasion de la présidentielle française. Il faut savoir raison gardée et prendre sa part de responsabilité. Puisqu’on ne progresse qu’en se remettant en question, se défausser en rejetant toutes les responsabilités sur les autres est peut-être confortable moralement et psychologiquement, mais c’est en même temps une paresse intellectuelle qui nous maintient dans l’immobilisme.
Enfin, les Français voteront le dimanche leur président(e) et les Africains devront prendre leurs responsabilités devant l’orientation que prendra la gouvernance de celui ou de celle qui sera élu(e).
Une contribution de Claude Koudou