Débats et opinions: Pourquoi et comment le FPI doit aller aux élections de 2015

Par Correspondance particulière - Pourquoi et comment le FPI doit aller aux élections de 2015

Direction du FPI lors de l'investiture d'Amon Ago Marthe.

Le cri d’alarme des internautes, éveilleurs de conscience, comme Hermann
N’Da, les préoccupations des militants du FPI opposés à la participation
du parti du président Laurent Gbagbo aux élections de 2015, doivent être
pris en compte et analysés, d’un point de vue scientifique, rationnel,
objectif, et non émotionnel, subjectif. Il convient, avant tout, de
préciser que le véritable danger, qui menace le FPI n’est pas sa
participation aux élections de 2015, mais les conditions dans lesquelles le
parti se préparerait à aller aux élections. Les différents courants
politiques, idéologiques, qui s’affrontent au sein de ce parti témoignent
de sa vitalité et non de sa fragilité. Pour diagnostiquer ce mal, relever
ce danger, il nous faut, sans préjugés, nous inspirer de notre propre
histoire, du parcours politique du PDCI-RDA ; un grand parti dirigé, aux
origines, par Houphouët Boigny, un leader socialiste, proche du parti
communiste, des partis politiques de gauche qui, au fil des années, se
retrouvera à droite plus proche du monde de la finance, du monde
capitaliste, fidèle, cependant, à sa lutte pour une meilleure
rémunération de nos matières premières, surtout agricoles. Ses discours,
ses aveux, au soir de sa vie, démontrent qu’il n’a pas pu venir à bout
d’un système à l’origine de la misère des peuples africains qu’il
voulait combattre de l’intérieur, et qui, en définitive, a fini par
avilir des membres influents de sa propre famille politique. « On nous assez
volés » ; cette déclaration de guerre d’Houphouët à la France, au
début de sa lutte politique couronnée par la formation du Syndicat agricole
africain le 3 septembre 1944, est un refrain que nous entendrons, en effet,
au soir de sa vie. Ses héritiers, sous la conduite de Bédié, ont fait
aujourd’hui du PDCI-RDA, un pays vassal du RDR d’Alassane Ouattara, et
non de Djeni Kobina. Le mal, qui mine le PDCI-RDA et conduit à la
vassalisation de ce grand parti est celui qui menace, aujourd’hui, le FPI
dont le leader charismatique, le président Laurent Gbagbo, toujours fidèle
à ses idéaux, a été déporté, à dessein, par la France à la Haye. Ce
mal, sur le plan politique, s’appelle: « La bourgeoisie d’État ».
Défini dans le contexte politique ivoirien, nous dirons simplement que la
bourgeoisie d’État rassemble tous les leaders des différents partis
politiques, qui, une fois au sommet de l’État, ne sont plus capables de se
mouiller le maillot, de descendre de leur piédestal pour se battre en faveur
des droits de leurs électeurs, de leurs militants. Ils préfèrent tisser
des alliances secrètes sur le dos de leur famille politique avec des partis,
des lobbies contre-nature, pour préserver leurs privilèges. Ils finissent
par devenir des adeptes de la politique des compromissions. Au début de leur
lutte politique, autour d’Houphouët ou de Gbagbo gravitaient, en effet,
des personnes issues, en général, de milieux modestes, qui nourrissaient un
ardent désir de se battre pour la justice, le droit de leurs peuples. Une
fois le pouvoir d’État conquis, ces personnes, après avoir occupé des
postes importants dans l’administration, finissent par s’éloigner des
objectifs fondamentaux de leur parti politique. Il s’est créé ainsi
progressivement en Côte d’Ivoire une classe sociale, celle des bourgeois
au sein du PDCI-RDA, adepte de la politique des salons feutrés, soucieuse de
confisquer les rouages du pouvoir d’État, en vue de leurs intérêts
personnels. Aujourd’hui, sous Ouattara, cette bourgeoisie d’État tisse
méticuleusement sa toile aussi bien au RDR, au PDCI-RDA, et malheureusement
au sein du FPI, et des partis alliés. Les membres de cette classe sociale ne
s’embarrassent pas des idéaux de leurs partis politiques respectifs.
C’est la triste réalité que dénoncent, consciemment ou inconsciemment,
les militants du FPI ou les démocrates ivoiriens opposés à la
participation du parti de Gbagbo aux élections présidentielles de 2015.
Leur crainte est fondée parce que nombreux sont les cadres du FPI, autrefois
nantis, et aujourd’hui démunis qui éprouvent le besoin de brader les
idéaux de leur parti, dans le but de reconquérir leur train de vie au sein
de l’administration d’Alassane Ouattara. Ils veulent la participation du
FPI aux
élections, afin de rendre légitime l’éventuelle « victoire » de
Ouattara aux présidentielles de 2015. Si cette bourgeoise d’État finit
par s’installer au sein du parti de Gbagbo, le FPI connaîtra le sort du
PDCI-RDA, et sera l’autre grand parti vassal du RDR. La vigilance de ses
militants, qui, sur la toile, décrient les actions politiques souterraines,
isolées, de ces cadres du FPI favorables aux élections de 2015, mérite
donc l’attention de tous. Pour combattre ce mal , il convient, comme
l’ont déjà souligné les instances dirigeantes de ce parti, que toutes
leurs actions politiques soient menées, de manière collégiale, car la
confiance n’exclut pas le contrôle. Le refus, cependant, de voir le FPI
participer aux élections présidentielles est-il, du point de vue politique,
judicieux ? Non ! Pour le comprendre, il nous faut simplement analyser le
langage hermétique du principal acteur de la crise ivoirienne :
l’Élysée, l’instrument politique de la bourgeoisie d’État en France,
qui défend ses intérêts et non les droits du peuple ivoirien ou français.
Lors de sa récente visite en Côte d’Ivoire, Hollande tint ces propos à
l’adresse du FPI: « Il faut saisir l’opportunité d’assurer la
réconciliation nationale à travers les élections […] Ce parti, s’il
veut exister demain, doit être présent aux élections […] Quand des
élections sont organisées de manière transparente et libre, les partis
peuvent se constituer et peuvent s’exprimer. Alors, ces élections doivent
être les élections de tous ». Hollande, qui a, au Parlement français,
approuvé le bombardement de la résidence du président Laurent Gbagbo par
l’armée française et la déportation du fondateur du FPI , à la Haye,
éprouverait-il le besoin de voir son parti politique conquérir le pouvoir
d’État ? Non ! Alors quel sens revêt l’appel du président français
adressé au parti socialiste ivoirien ? Cette invitation, apparemment
amicale, est simplement, du point de vue politique, une sommation adressée
au FPI que résume assez bien la phrase suivante: « Ce parti s’il veut
exister demain, doit être présent aux élections ». Cet ultimatum du
président français doit être pris au sérieux par tous les militants du
FPI opposés à la participation du plus grand parti de Côte d’Ivoire aux
élections de 2015. Lorsqu’Alassane Ouattara confiné au Golf Hôtel
faisait piètre figure, soutenue par une armée rebelle désarçonnée par de
vaillants soldats républicains fidèles à la Cour constitutionnelle de
notre pays, c’est l’armée française qui mena à sa fin le coup
d’État de l’Élysée contre le président Gbagbo préparé par la
bourgeoisie d’État de la métropole depuis le Burkina Faso. C’est, de
nouveau, à la veille de nos élections, qu’un président français,
François Hollande après Sarkosy, prend le monde global à témoin, et
affirme, de manière subtile, que si le FPI ne participe pas aux élections,
il devra disparaître de l’arène politique nationale parce qu’identifié
à un parti extrémiste, opposé aux valeurs démocratiques. Tout parti
extrémiste s’apparente, en effet, aux groupes terroristes qui pullulent
dans le monde, ennemis des intérêts de l’Occident, et se doit d’être
éliminé. Si la participation du FPI aux élections de 2015 est pour la
bourgeoisie d’État naissante au sein du FPI, un piédestal pour défendre
leurs intérêts personnels, d’un point de vue politique, elle représente
pour le FPI une chance de survie pour rebondir plus fort, en surmontant tous
les obstacles dressés expressément par l’Élysée et Ouattara, en vue de
sa dissolution. Comment le FPI doit-il donc se rendre aux élections de 2015
pour conquérir le pouvoir d’État, et non pour être un simple figurant?
Les grandes nations démocratiques, comme les USA, furent, elles-aussi,
confrontées, par exemple, à l’époque de Bush (fils) au trucage des
élections présidentielles. La peur des trucages ne doit pas, pour pourtant,
annihiler notre détermination à sortir victorieux des élections de 2015.
La victoire aux présidentielles se conquiert, au moment de la participation
du peuple au choix de leur candidat et lors du dépouillement public des
bulletins de vote. Comment conquérir le coeur du peuple ? Il nous faut
simplement nous inspirer de tous les « combattants » aux mains nues, comme
Gandhi ou Jésus, qui, avec douze apôtres, a conquis la terre entière. Le
FPI doit, pour ce faire, avoir, pour socle, les militants convaincus de la
justesse de sa lutte politique, en vue de la souveraineté de notre pays. Ils
seront auprès de nos populations des messagers de cette nouvelle ère dans
laquelle entre notre pays. Ils doivent, à l’image des coqs, annoncer
l’aube, qui se lève, car, comme l’a toujours dit, un de leurs grands
guides, le ministre Blé Goudé : « Un jour il fera jour ». Ils doivent, à
travers cette forme d’apostolat pour le triomphe de la vérité sur le
mensonge, des vertus sur les vices, inciter le peuple à aller arracher dans
les urnes leur souveraineté, des accords gagnant-gagnant pour le bien de
tous les Ivoiriens, de tous les Africains. Le peuple acquis à cette cause se
déversera alors, comme la haute marée, à l’image des fleuves en crue,
dans les bureaux de vote pour libérer leur leader charismatique ; le
président Gbagbo, qui incarne leur espérance en un monde meilleur. Lors des
dépouillements, la galaxie patriotique disséminée dans le monde pourrait
avoir pour mission, à travers des accords conclus, avec tous les démocrates
africains (camerounais), européens, de remplir tous nos bureaux de vote
d’observateurs étrangers que les milices de Ouattara ne pourront pas
inquiéter ou enfermer dans des containers. Munis de tous les outils
électroniques, les résultats de chaque bureau de vote seront à l’instant
T communiqués sur tous les réseaux sociaux. Il faut battre Alassane
Ouattara sur son propre terrain de jeu ; l’opinion publique internationale
qu’il manipule à sa guise. Le président Gbagbo déporté à la Haye est
la figure qui focalisera cette opinion publique internationale pour le compte
de notre pays, pour le FPI, puisqu’ il sera le premier président enfermé
à la Haye, libéré par son peuple, dans les urnes, afin de confirmer, face
au monde entier, qu’il demeure le président choisi par les Ivoiriens et
non par l’Élysée. Aucun autre leader politique au sein du FPI ne
bénéficie de cette audience internationale pour faire connaître en Côte
d’Ivoire et dans le monde les aspirations démocratiques du peuple
ivoirien.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)