Règlement de la crise post-électorale: Comment l’UA soutient l’option militaire

Publié le mercredi 30 mars 2011 | Le Nouveau Courier - L’Union Africaine a officiellement rejeté l’option militaire. Et prône une résolution pacifique de la crise. Mais en réalité, elle a adopté une ligne qui ne se démarque pas ouvertement des opérations

militaires du camp Ouattara, qui viole le cessez-le feu.

Jean Ping, président de la Commission de l'Union africaine.

Publié le mercredi 30 mars 2011 | Le Nouveau Courier - L’Union Africaine a officiellement rejeté l’option militaire. Et prône une résolution pacifique de la crise. Mais en réalité, elle a adopté une ligne qui ne se démarque pas ouvertement des opérations

militaires du camp Ouattara, qui viole le cessez-le feu.

L’Union Africaine joue à un jeu trouble en Côte d’Ivoire. En voulant une chose et son contraire. Pendant qu’elle affirme préconiser une résolution pacifique de la crise, en même temps, et c’est toute l’ambigüité de cette politique incompréhensible de l’autruche, elle soutient et de manière tacite, l’option militaire en Côte d’Ivoire qui avait été écarté. En effet, dans le cadre de la résolution par la voie du dialogue du conflit post-électoral, l’Union Africaine a décidé de nommer un «Haut représentant» en Côte d’Ivoire, deux semaines après les conclusions du panel le 10 mars 2011. Une nomination intervenue samedi 26 mars dernier. Mais, face à une crise qui perdure et qui a des répercussions énormes (massacres des populations innocentes, exode massif des populations, désorganisation de l’économie du pays, etc.), la diligence et la réaction de l’Ua devaient être systématiques. Attendre au-delà des deux semaines pour nommer un «Haut représentant» est suspect. L’Ua cherche également a gagné du temps en laissant tranquillement les rebelles poursuivre leur offensive. D’autant plus que le Cap-Vert n’a jamais caché ses réserves dans la gestion du dossier ivoirien par la «communauté internationale», en refusant de cautionner la forfaiture.

Une caution tacite
Donc en nommant le diplomate Cap-Verdien pour superviser une solution négocié à la crise, l’Ua savait pertinemment que José Brito allait être récusé par le camp Ouattara. Puisque celui-ci a toujours soupçonné le président Pedro Pires et son pays de soutenir le président Gbagbo. Mais en réalité, le problème est ailleurs. En créant ce vrai-faux blocage monté de toutes pièces, les partisans de l’option militaire (Wade, Goodluck, Compaoré…) jouent leur partition - en actionnant l’option militaire qu’ils avaient déjà préconisée. Cette récusation de José Brito par Ouattara est donc un acte calculé et prémédité de l’aile dure du l’Ua (qui fournit appuis logistiques, militaires et humains à la rébellion, aidé de l’Onuci et Licorne) qui soutient l’usage de la force à visage masqué, en faisant semblant de rechercher une solution pacifique par la nomination d’un médiateur.
Sinon, comment comprendre que, pendant que le camp présidentiel appel à un cessez-le-feu immédiat et au dialogue pour trouver une issue à cette impasse politique, le président du Rdr et ses rebelles s’engagent dans une vaste attaque généralisée à travers tout le pays. Et que dans le même temps, l’Union Africaine observe la loi de l’omerta, un silence total sur les exactions et attaques des rebelles par la violation du cessez-le-feu. Idem pour la Cedeao, l’Ue, l’Onu, etc. C’est motus et bouche cousue. Au poulain de la communauté internationale, Alassane Ouattara, il s’est définitivement décidé : plus de négociations. La guerre ou la guerre. La nomination d’un autre médiateur ne saurait rien changer dans sa logique aveugle de prendre le pouvoir.
Anderson Diédri