Débats et Opinions : Signification et leçons de Noël, par Jean-Claude Djereké
Par Correspondance particulière - Signification et leçons de Noël, par Jean-Claude Djereké.
1) Ce que Noël nous dit de l’identité et de la mission de Jésus
Noël vient du mot latin “natalis” qui signifie nativité ou naissance. Ce qui est commémoré à Noël, c’est d’abord la naissance de Jésus, le Verbe qui se fait chair (“Et Verbum caro factum est”), le divin qui vient partager la condition humaine, l’Infini qui épouse notre finitude, la Puissance qui se déploie dans la faiblesse. Inutile de dire qu’il s’agit d’un événement considérable. Mais Jésus est-il né le 24 décembre et à minuit? Difficile à dire. La seule certitude, c’est qu’au départ il y avait la fête du “solis invictus” (le soleil invaincu), une fête païenne liée au solstice d’hiver, symbole du retour du soleil. C’est cette fête profane qui fut christianisée au IVe siècle. L’objectif était de souligner que Jésus est la lumière qui a vaincu les ténèbres. Mais les chrétiens de cette époque n’entendaient pas fêter uniquement Jésus, lumière du monde. Ils voyaient aussi en l’enfant né à Bethléem de Judée le Sauveur attendu par les Juifs et annoncé par les prophètes, puis par l’ange aux bergers qui étaient dans les environs avec leurs animaux. Le nom hébreu “Jésus” veut dire effectivement “Dieu sauve.” Mais de quoi Dieu veut-il sauver l’humanité? Du péché et de la mort car, avec la mort et la résurrection de Jésus, la mort n’est plus la fin de tout mais un passage vers la demeure du Père. La fête de Noël révèle ainsi l’identité de Jésus (la lumière qui éclaire le monde) et sa mission (conduire les hommes auprès du Père après les avoir arrachés au pouvoir du péché et de la mort).
Cette naissance de “l’homme-Dieu” a-t-elle quelque chose à nous dire aujourd’hui? Jésus faisait remarquer au pharisien Nicodème que personne, à moins de renaître, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3,3-5) Quels efforts de notre part montreront que nous sommes engagés dans cette renaissance personnelle et collective?
2) Bethléem nous appelle à l’humilité, au don et au pardon
Selon les Évangiles, quand le Fils de Dieu est né, il a été emmailloté et couché dans une mangeoire; endroit réservé aux animaux, car il n’y avait pas de place dans la salle commune pour Joseph et Marie (Luc 2, 6-7). Ce qui frappe ici, c’est le dépouillement, la fragilité et la pauvreté de Dieu. Pour le dire autrement, la naissance de Jésus est des plus humbles, l’enfant de Marie est un pauvre parmi les pauvres. François Varillon explique magnifiquement cette humilité quand il écrit: “François d’Assise n’est pas humble quand il s’agenouille devant le pape, mais quand il s’abaisse devant un pauvre dont il reconnaît qu’en tant que pauvre il est vêtu de majesté.” Ainsi, la première leçon de Bethléem est une leçon d’humilité ou d’abaissement. “Heureux les pauvres de cœur!” Jésus voulait parler de ceux qui savent se faire petits. Il pensait à ceux qui ne se prennent jamais pour des demi-dieux. Il avait en tête ceux à qui l’avoir, le pouvoir et le savoir ne donnent pas la grosse tête.
Noël, c’est aussi la célébration de Dieu qui se donne aux hommes, de Dieu qui entre en relation avec l’humanité. Comme Lui, nous sommes invités à nous donner en nous engageant dans telle ou telle activité associative, politique et/ou paroissiale. L’engagement est d’autant plus important qu’il nous permet de nous ouvrir à nos frères et de nous mettre à leur service. Ne pouvant pas vivre le don de soi, certaines personnes préfèrent donner. C’est le lieu de rappeler la signification du mot “Béth-lehem”: maison du pain. Donner des cadeaux est toujours une bonne chose mais, à Noël, nous devrions veiller à ne pas donner uniquement des jouets. Tâchons aussi de partager notre pain avec les plus démunis. Efforçons-nous surtout de partager le pain de l’amitié avec les enfants de la rue, les prisonniers, l’étranger, les malades, les exilés, les personnes âgées, tous ceux qui souffrent de solitude.
La venue de Jésus signifie enfin les retrouvailles entre Dieu et les hommes comme celles de l’enfant prodigue avec son Père après que le premier eut tourné le dos au second, et mené une vie de débauche (Lc 15, 11-32).
Noël 2013 peut être un moment de retrouvailles de chacun (e) avec le Créateur. Pour cela, il est nécessaire que nous prenions conscience du tort que nous Lui avons causé au cours de l’année qui est en train de s’achever en désobéissant à ses commandements. Retrouvailles également avec ceux et celles dont nous nous sommes éloignés depuis plusieurs mois. Si nous avons blessé nos frères, peut-être sommes-nous appelés à leur demander pardon. Si nous avons été trahis, diffamés, abandonnés, rejetés, humiliés ou traînés dans la boue, le moment est sans doute venu d’accorder notre pardon. Ce pardon, qui libère à la fois la personne qui l’accorde et celle qui le reçoit, fera alors de notre Noël le plus beau Noël et le commencement d’un monde nouveau.
Une contribution de Jean-Claude Djéréké