Tribune: Les contre-vérités du rattrapage ethnique, la doctrine politique séparatiste ségrégationniste d'Alassane Ouattara
Par Correspondante particulière - Les contre-vérités du rattrapage ethnique, la doctrine politique séparatiste ségrégationniste d'Alassane Ouattara.
LES CONTRE-VÉRITÉS DU RATTRAPAGE ETHNIQUE (LA DOCTRINE POLITIQUE SÉPARATISTE SÉGRÉGATIONNISTE D'ALASSANE OUATTARA)
Tout mouvement séparatiste réclame une séparation d'ordre politique. Un ségrégationniste
est un partisan de la ségrégation soit raciale, sociale, culturelle, sexuelle, ethnique etc... Nous
retrouvons dans le rattrapage ethnique, doctrine politique prônée par Alassane Ouattara, ces deux
notions lorsque nous analysons les faits. Les autorités compétentes ivoiriennes sont pratiquement
toutes issues de son grand groupe ethnique. Ce choix indique de manière implicite une séparation
d'ordre politique, qui fait du RDR, son parti politique, un mouvement séparatiste fondé sur la
ségrégation ethnique. Cette orientation politique serait pour ses partisans une réponse à l'attitude des
Ivoiriens qui se considéreraient plus ivoiriens que ceux originaires du Nord de la Côte d'Ivoire. Il
est bon de faire la lumière sur ces propos mensongers, fruits d'une politique fondée sur le mensonge
et le faux, dans le but de cacher le faux auquel veulent mettre fin les partisans du président Laurent
Gbagbo et les Ivoiriens dans leur ensemble. Le défunt Mahan Gahé, ce grand syndicaliste doué
d'une intelligence politique extraordinaire, répond à ses tortionnaires qui accusent, lui et ses paires,
de pratiquer une politique ségrégationniste à l'égard des populations du Nord: «Ma femme est de
Korhogo (du Nord de la Côte d'Ivoire)». Ces paroles brèves et simples mettent à nu tout le faux sur
lequel repose la doctrine politique du rattrapage ethnique. L'Ivoirien, originaire de l'Ouest, du Sud,
de l'Est, du centre de notre pays n'éprouve aucun mépris à l'endroit de ceux originaires du Nord de
la Côte d'Ivoire. Soro Guillaume, originaire du Nord de la Côte d'Ivoire, fut la coqueluche de tous
les étudiants ivoiriens et de leurs parents, lorsqu'il défendait leurs droits, et non ceux d'un groupe
ethnique. Ces deux témoignages; celui de Mahan Gahé et de Soro Guillaume suffisent à réfuter
l'assertion selon laquelle la crise ivoirienne aurait pour origines l'attitude de certains Ivoiriens imbus
par un sentiment de supériorité vis-à-vis des populations du Nord de notre pays. Il s'agit de la
première contre-vérité qui constitue malheureusement la pierre d'angle sur laquelle repose toute
l'oeuvre d'Alassane Ouattara. S'agissant du retard accusé par les populations du Nord de la Côte
d'Ivoire sur celles des autres régions, et à la prétendue paresse des jeunes originaires du Sud, et des
zones forestières, il nous faut comprendre que nous ne sommes que les fruits des différents choix
opérés par nos dirigeants politiques, de la colonisation jusqu'à nos jours. Avant l'arrivée des
européens il nous était dispensé un savoir propre à nos traditions respectives. Avec l'école coranique
et surtout celle occidentale, le «savoir acquis est devenu un degré», pour assumer des postes de
responsabilité au sein de notre Nation. La scolarisation de nos populations obéissait déjà, durant
l'époque coloniale, à des soucis stratégiques: les premières écoles françaises surtout catholiques
avaient pour but de limiter l'influence des écoles protestantes (des Anglais) et de l'école coranique
qui existait déjà dans le Nord du pays au XVII e siècle, plus d'un siècle avant l'arrivée des français
en Côte d'Ivoire. En 1938, on comptait en Afrique occidentale française trois fois plus d'enfants
dans les écoles coraniques que dans les écoles européennes. Les populations du Nord se refusaient
à inscrire leurs enfants dans les écoles européennes à tel point qu'en 1911, sur 16 écoles régionales
et 26 écoles de village, on n'avait que deux écoles pour tout le Nord de notre pays: Korhogo et
Odienné. Le premier instituteur de la Côte d'Ivoire Lowa (Loua) Beugré était originaire de Grand
Lahou (sur le littoral ivoirien). Sa position sociale suscita naturellement chez les jeunes du littoral le
désir de l'imiter. Le Nord accusa, en matière de scolarisation, un retard indépendant de la volonté
des Ivoiriens des autres contrées du pays, retard lié en effet aussi bien aux choix politiques de la
métropole qu'à l'attitude des populations du Nord plus attirées par l'école coranique que par celle
européenne. A la conférence de Dakar, en 1944, l'on encouragea une scolarisation complète de
l'Afrique noire en cinquante ans. Jusqu'en 1950, il n'existait pas d'écoles secondaires en Côte
d'Ivoire, les premiers ivoiriens admis dans un Lycée furent inscrits en France grâce au député
Houphouët Boigny; ce fut l'aventure de 1946, celle des grands intellectuels ivoiriens. L'école perçue
comme la clé de réussite attira les jeunes issus des régions scolarisées situées, en général, dans les
zones de forêt, les zones riches de la Côte d'Ivoire, où les français avaient développé leurs grandes
plantations ou de petites unités industrielles. Ceux qui n'avaient pas la tête faite pour les études ou
étaient incapables de les poursuivre pour diverses raisons, commencèrent, malheureusement, à
trouver déshonorant le retour à la terre. Ce même phénomène, nous l'observons aujourd'hui chez les
Africains qui, malgré leur mésaventure en Europe, préfèrent y rester parce qu'ils trouvent humiliants
retourner dans leur pays, les mains vides. L'urbanisation se développa parallèlement à la
scolarisation, et la Côte d'Ivoire riche et prospère fut immédiatement confrontée au phénomène de
l'exode rural. Les jeunes abandonnaient les campagnes pour les villes. Ceux en provenance du
Burkina Faso, du Mali, du Nord du pays choisirent soit de travailler dans les plantations de cacao,
de s'installer dans les campagnes ivoiriennes vidées de leurs jeunes à cause de la scolarisation et de
l'exode rural, soit d'entreprendre des activités dans le secteur du transport, ou du commerce. Les
enfants nés de ces premiers immigrés en provenance du Nord ont eux-aussi choisi la voie de l'école
européenne, et occupent aujourd'hui de hauts postes de responsabilité au sein de la Nation
ivoirienne. Aucun Ivoirien ne s'oppose à leur position sociale envieuse. Pour inviter les jeunes qui
ont connu une mésaventure scolaire à se réorienter, les différents gouvernements qui ont précédé
celui d'Alassane Ouattara se sont attelés à moderniser l'agriculture, l'artisanat, etc... en insistant sur
la formation professionnelle. Toute affirmation qui a donc trait à la paresse des populations issues
des zones forestières n'est pas fondée. Tout dépendait du programme politique des autorités
compétentes ivoiriennes. La crise ivoirienne provient essentiellement des choix opérés par les
autorités ivoiriennes en matière d'immigration; un sujet tabou en Côte d'Ivoire. Toute politique
d'immigration, qui vise à juguler le flux migratoire des étrangers sur notre sol devient
automatiquement un casse-tête pour nos autorités. Elle fut à l'origine de tous les propos mensongers
portés à l'encontre du président Laurent Gbagbo et de ses partisans. Ce casse-tête politique pourrait
être résumé par cette anecdote. «En 1997, un jeune ivoirien se retrouve en Europe dans une société
où il apprend qu'avant lui, a été embauché un Ivoirien. Tous les efforts fournis par le nouvel arrivé
pour rencontrer ce dernier afin de bénéficier de son expérience se sont avérés vains, jusqu'au jour où
de manière fortuite, ils se retrouvent loin du regard indiscret des collègues européens. Le nouvel
arrivé, comme à l'accoutumée, décline son identité, indique sa région et demande à l'ivoirien
embauché avant lui de faire de même. Pris de panique celui-ci confesse qu'il n'est pas Ivoirien mais
est originaire d'un pays voisin (du Nord de la Côte d'Ivoire). Il s'est procuré des documents ivoiriens
pour mieux s'insérer en Europe parce que la Côte d'Ivoire est un pays riche et respecté par les
Européens». Ce récit rapporte un fait réel à l'origine de la crise ivoirienne. Lorsque le passeport
biométrique a été imposé à tous les Ivoiriens sous le président Laurent Gbagbo, tous ceux qui
avaient obtenu de faux documents ivoiriens, ou acquis de manière illicite la nationalité ivoirienne
ont commencé à vivre dans leur chair un drame indescriptible, parce qu'ils sont devenus du jour au
lendemain des clandestins en France, en Europe, et des «apatrides» en Côte d'Ivoire. Toutes ces
personnes couraient le risque de perdre les diplômes acquis sous de fausses identités. Dans un tel
contexte, ces derniers n'étaient plus à mêmes d'assumer leurs origines, et trouvaient surtout
inopportuns toute référence à l'identité ou à la nationalité ivoirienne. Pour cacher le faux, ces
derniers ont choisi de se fondre dans les populations musulmanes du Nord de la Côte d'Ivoire, d'où
le cri de rassemblement d'Alassane Ouattara, qui affirmait tout haut que les Ivoiriens refusaient sa
candidature à la magistrature suprême parce qu'il est musulman. Autour de lui se sont rassemblés
immédiatement certes des jeunes du Nord, mais surtout toutes ces personnes en possession de faux
papiers ivoiriens. Ils sont sur le net, sur les réseaux sociaux, ces fidèles partisans prêts à brûler la
Côte d'Ivoire, sourds à tout discours qui encouragent la paix, la réconciliation entre les Ivoiriens. Ils
prêchent le faux pour cacher le faux, afin d'obtenir surtout, à partir de la loi sur l'apatridie, des
documents ivoiriens qui leur permettront d'entrer en possession d'un passeport biométrique. Toutes
ces cotisations en provenance de l'étranger pour soutenir la rébellion armée dans notre pays
provenaient certainement de ces personnes qui ne luttent que pour leur survie. Elles font porter
aujourd'hui aux Ivoiriens leurs propres erreurs. Affirmer que certains Ivoiriens se croient plus
ivoiriens que d'autres consiste simplement à semer du faux pour récolter du faux. Leur drame est
réel et pourrait prendre fin grâce à l'adoption d'une loi exceptionnelle, et non à partir de celle sur
l'apatridie: une voie royale vers des excès susceptibles de mettre en péril notre Nation. S'interroger
sur les origines de certaines personnalités politiques de notre pays est devenu officieusement un
délit. Que dire donc de toutes ces personnes étrangères en possession de faux documents? La
rébellion armée a occupé le Nord du pays, détruit les registres des États civils afin d'attribuer à ces
«apatrides» un lieu de naissance en Côte d'Ivoire, et de leur concéder surtout une nationalité
ivoirienne. Un jeune originaire de Korhogo, de Ferkéssédougou, de Mankono, d'Odienné, de
Séguéla n'a pas en effet besoin de prouver ses origines ivoiriennes, et ne se sentira jamais frustré de
provenir d'une région aride de notre pays. Le rattrapage ethnique ne repose que sur du faux, sur des
contre-vérités qui s'évertuent à cacher le véritable drame de ses Ivoiriens d'adoption qui ont acquis
les documents ivoiriens de manière frauduleuse.
Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)