Justice des vainqueurs - Procès des 84 prisonniers pro-Gbagbo : Le procureur confirme les charges contre Simone Gbagbo, Affi N'guessan, Michel Gbagbo, Aké N'gbo...

La justice ivoirienne a confirmé hier mercredi 10 juillet, les charges contre 84 prisonniers politiques pro-Gbagbo, parmi lesquels Simone Gbagbo, Affi N'guessan, Michel Gbagbo, Aboudramane Sangaré, Aké N'gbo...
L'audience s'est tenue hier au tribunal d'Abidjan-Plateau en présence des prévenus venus tout droit de leurs cellules ou de leurs lieux de liberté provisoire.
Il y a une semaine, le Conseil de ces derniers avait plaidé pour la relaxe pure et simple de ses clients. Me Djirabou avait appuyé sa demande par le fait qu'il y avait eu vice de procédure, violation des droits de la défense, et bien d'autres faits majeurs en faveur de la libération de ses clients.
Au sortir de l'audience, Me Djirabou a argué que le juge d'instruction du 10ème cabinet a terminé ses investigations, et a transmis le dossier à la Chambre d'accusation, qui a pris une ordonnance de renvoi de l'affaire devant la Cour d'assises.
Le juge d'instruction avait alors la latitude de confirmer ou d'infirmer les charges contre ses clients. Il vient de les confirmer alors que les charges sont très insuffisantes.
« Nous sommes un peu déçus. C'est dommage ! C'est un automatisme de la chose. Le droit en lui-même n'est pas appliqué », a déclaré Me Dirabou, à l'issue de l'audience. Car en effet, le juge s'est basé sur des coupures de presse et sur un faisceau de généralités pour confirmer les charges de génocide, atteinte à la sûreté de l'État, infractions économiques et crimes de sang.
Aucune démonstration n'a été faite à l'audience par l'accusation pour démontrer que ses clients aient voulu attenter à la sûreté de l'Etat.
Pour Me Djirabou, il s'agit là d'un cas flagrant de justice des vainqueurs où c'est le deux poids deux mesures qui a prévalu: « Il faut avoir le courage de dire que les charges sont insuffisantes », a-t-il souligné.

Eric Lassale