Tia Koné, ancien président de la Cour Suprême : « LE CONCEPT DE L’ARTICLE 35 EST ABSURDE ET INIQUE, JE M’EXCUSE DEVANT LA NATION »
Le 12 février 2013 par SOIR INFO - Tia Koné s'EXCUSE DEVANT LA NATION.
A l’ occasion de l’installation du Sous-Préfet de Gbagbégouiné, dans le département de Biankouma, le samedi 9 février 2013, Tia Koné l’ex-président de la Cour suprême, qui a entièrement financé à plus de 7 Millions la construction de la résidence et du bureau du sous-préfet, a fait une importante déclaration.
« (…) Je voudrais être reconnaissant au Président de la république pour l’occasion qu’il nous donne de procéder à l’installation officielle de son représentant qui est le sous-préfet dans notre modeste localité. Il exprime ainsi son désir de prendre désormais à bras le corps, les moindres (…) de nos aspirations légitimes, en terme de développement économique et social dont les expressions les plus impérieuses se trouvent être les routes, l’électrification villageoise, l’adduction d’eau et les infrastructures scolaires et sanitaires. Si ma joie est immense, je voudrais signifier qu’elle l’est d’avantage pour la possibilité que cette occasion de liesse populaire me donne d’apporter, comme je l’avais promis en son temps, une pierre blanche de mon cœur à l’œuvre de réconciliation entreprise depuis son arrivée à la tête du pays, par le président Alassane Ouattara. Cette œuvre me semble la plus importante de toutes les autres (…) » a introduit Tia Koné.
A propos de l’arrêt N° E0001-2000 rendu par la chambre constitutionnelle de la Cour suprême de Côte d’Ivoire en son audience du 6 octobre 2000 qu’il présidait, voilà ce qu’en dit Tia Koné : «(…) J’ai décidé de revenir, en effet, sur cet arrêt, dans le soucis de lever tous les malentendus que ladite décision n’a pas manqué, en son temps et même encore aujourd’hui, de susciter dans le pays. Et pour cela, il importe de se placer dans le contexte de la crise économique rampante de l’époque dont les solutions idoines tardaient à venir de l’intérieur au point que tous les espoirs étaient tendus vers l’extérieur d’où, pouvait nous parvenir, un fils prodigue plein de science et de connaissance pour abréger nos souffrances. Il n’était point question dans cette pathétique entente de rejeter ipso facto de nos rangs un fils du pays, un ancien Directeur général adjoint du Fmi, pouvant de toute évidence, être cet artisan du regain de notre dignité et de notre grandeur nationale en perdition.
(…) J’affirme qu’il n’a jamais été dit dans l’arrêt du 6 octobre 2000 que M. Alassane Ouattara n’est pas Ivoirien. Cet arrêt à notre grand regrets, a causé un tort au concerné, à sa famille et à biens des Ivoiriens. Je m’excuse devant la nation entière. Aujourd’hui, la preuve est faite que le Président de la République est un Ivoirien qui a un profond amour pour sa patrie et qui engage en ce moment même notre pays sur de nombreux chantiers de développement en vue de faire de la Côte d’Ivoire, une nation de Paix et de prospérité », a fait savoir Tia Koné. Ainsi, pour porter à la connaissance de ses collègues ce qui précède et recommander fermement que l’honorabilité du Président de la République soit rétablie au plan judiciaire, alors il se tient à disposition pour y contribuer.
Allant plus loin, Tia Koné dira que pour être complet dans sa démarche de s’associer à la recherche de la réconciliation nationale, il lui faut parler de ce point dans les rapports juridiques des citoyens entre eux. « A l’époque, de l’arrêt précité, nous avons été sans surprise confronté à une véritable incongruité textuelle dans l’application de l’article 35 de la constitution en y découvrant des éléments d’une malheureuse stratification sociale fondée sur une illusion aux allures démagogiques. En effet, lit-on dans ce texte au demeurant fondamental : « … le candidat à l’élection présidentielle doit être Ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine… « On relève très rapidement que ce concept est tout à la fois absurde et inique » explique-t-il.
Car selon lui, du point de vue historique, la Côte d’Ivoire a été découverte vers les années 1894. Ce territoire dont le nom a évolué dans le temps, n’a acquis sa souveraineté nationale avec ses atouts d’acquisitions de citoyenneté, qu’avec l’indépendance survenue seulement en 1960. Avant cette date, il n’est nul doute que les habitants du pays, s’ils avaient une nationalité, celle-ci n’était nullement ivoirienne. « Aussi m’apparaît-il judicieux de dire aujourd’hui au chef de l’Etat, du haut de cette tribune, entouré de mes parents qui m’approuvent, que dans sa quête inexorable d’harmonie et d’équilibre social, donc finalement de réconciliation nationale, de prendre en compte cet aspect pernicieux de notre loi fondamentale qui est l’un des points d’achoppement du clivage de nos populations », a-t-il fait-il remarquer.
C’est pourquoi, souhaite il la mise en place d’un comité de réflexion et de reforme constitutionnelle pour l’entame de l’importante tâche de recherche de moyens d’entente globale entre tous les citoyens de ce pays, qui n’ont pas besoin de se distinguer les uns des autres dans cette magnifique quête d’édification nationale s’imposant à eux légitimement comme un devoir tout à la fois sacré et commun… Les ministres Ibrahim Ouattara et Mabri Toikeusse, respectivement parrain et représentant la tutelle, ont dit leur reconnaissance au juge Tia Koné avant de demander à l’ensemble des cadres de la région de lui emboîter le pas afin d’aider le pays. Notons que le sous-préfet Kakou Zégou Théodule a été affecté depuis 2010 à Gbangbégouiné.
Doumbia Balla Moïse (District des montagnes)