Crise ivoirienne : les émissaires africains ont rencontré Gbagbo

Publié le mardi 4 janvier 2011 | LeMonde.fr - Washington s'est dit prêt à 'envisager' l'accueil aux Etats-Unis de Laurent Gbagbo, dont les parents sont installés à Atlanta, pour aider

à mettre fin à la crise ivoirienne. 'Nous voulons qu'il parte. S'il veut venir ici, nous envisagerions bien sûr cette possibilité comme un moyen de résoudre la crise actuelle', a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Laurent Gbagbo accueillant Baï Koroma de la Sierra Leone le 03 janvier 2011 à la Présidence de la République.

Publié le mardi 4 janvier 2011 | LeMonde.fr - Washington s'est dit prêt à 'envisager' l'accueil aux Etats-Unis de Laurent Gbagbo, dont les parents sont installés à Atlanta, pour aider

à mettre fin à la crise ivoirienne. 'Nous voulons qu'il parte. S'il veut venir ici, nous envisagerions bien sûr cette possibilité comme un moyen de résoudre la crise actuelle', a déclaré ce responsable sous couvert de l'anonymat.

'Mais toutes les possibilités risquent de disparaître rapidement, en raison de ce qui se passe sur le terrain', a continué cette source, ajoutant : 'Selon toutes les indications dont nous disposons pour l'heure, il s'obstine.'

NOUVELLE MISSION DE MÉDIATION AFRICAINE

Les émissaires africains chargés de trouver une issue à la crise en Côte d'Ivoire ont rencontré, lundi, à Abidjan, Laurent Gbagbo, avant un entretien avec son rival, Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale.

Le premier ministre kényan, Raila Odinga, envoyé par l'Union africaine, et les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), mandatés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), se sont entretenus pendant environ deux heures avec M. Gbagbo au palais présidentiel.

A l'issue de la rencontre, le président béninois a déclaré : 'Nous allons revenir', tandis qu'acquiescait M. Gbagbo, souriant. La rencontre a été 'utile', a affirmé sans plus de précision le premier ministre kényan.

Les médiateurs ont ensuite retrouvé M. Ouattara dans son quartier général du Golf hôtel, où il est retranché avec son gouvernement. Après l'entretien, Alassane Ouattara a estimé que 'les discussions étaient terminées' et a appelé son rival, Laurent Gbagbo, à 'quitter le pouvoir'.
INTERVENTION MILITAIRE, EN "DERNIER RECOURS"
La mission de lundi paraissait ainsi quasi impossible, M. Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure. "Nous n'allons pas céder", a-t-il promis dans ses vœux du Nouvel An, fustigeant "une tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale".
De son côté, la Sierra Leone avait averti lundi matin qu'"aucun compromis" n'était envisageable avec M. Gbagbo, près d'une semaine après une première mission infructueuse de MM. Yayi, Koroma et Pires. Selon le ministre de l'information et porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Ibrahim Ben Kargbo, il s'agissait d'offrir au président sortant des conditions pour "faciliter" son départ. "Nous essayons de favoriser un départ paisible afin qu'il puisse quitter ses fonctions dignement."
La Cédéao a menacé M. Gbagbo d'une intervention militaire, un "dernier recours" actuellement en préparation, s'il n'acceptait pas de quitter le pouvoir pacifiquement. Si M. Gbagbo refuse de céder, la communauté internationale n'aura "pas d'autre choix" que la force, a insisté le premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
UN ÉCHEC DU DIALOGUE POURRAIT RAVIVER LES VIOLENCES
La situation est donc plus que jamais bloquée, entre ultimatums qui expirent sans conséquence et manifestations reportées. Les partisans de M. Gbagbo ont ainsi ajourné dimanche l'assaut "à mains nues" qu'ils entendaient lancer sur le Golf hôtel.
Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences, avec des conséquences possibles pour les millions de ressortissants ouest-africains de Côte d'Ivoire, restée une puissance économique régionale malgré une décennie de crise politico-militaire.
Cent soixante dix-neuf personnes ont déjà été tuées depuis mi-décembre selon l'ONU, qui a pointé la responsabilité des forces pro-Gbagbo. Ces violences ont fait 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo, selon le dernier bilan de son camp. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que les Nations unies feraient tout pour accéder aux sites où se trouveraient d'éventuels charniers.
Point de vue