Crise ivoirienne: Une épreuve suprême au coeur de l'actualité internationale

Le 03 janvier 2011 par San Finna - "Il n'est de Liberté qu'en dehors de l'Abus mais il n'est de Liberté sans capacité de refus"

Médiateurs internationaux de la Cedeao chez ADO à l'hôtel du Golf d'Abidjan.

Le 03 janvier 2011 par San Finna - "Il n'est de Liberté qu'en dehors de l'Abus mais il n'est de Liberté sans capacité de refus"

Ce dossier ivoirien, en cette fin d’année et de célébration du Cinquantenaire des indépendances, tient vraiment le monde en haleine. Revenons-y avec des développements axés sur quatre points :
- La juste demande d’évaluation de Laurent Gbagbo qui fait peur
- La contre-opinion à l’opinion internationale
- Le Sommet d’Abuja : médiation qui ne dit pas son nom ou veillée d’armes avant l’assaut ?
- Honneur et gloire à l’Angola, digne terre d’Afrique

I. LA JUSTE DEMANDE D’EVALUATION DE LAURENT GBAGBO QUI FAIT PEUR
Dans la résolution équitable d’un litige, que ce soit par voie judiciaire ou amiable, la perquisition, la fouille, l’enquête sont toujours le point de départ indispensable pour rassembler les preuves à l’intention de ceux qui sont censés dire le droit ou trouver un règlement de gré à gré.

Dans son dernier Message à la nation, c’est à cette exigence naturelle qu’en appelle Laurent Gbagbo. Il dit en quelque sorte à la communauté internationale : « Je suis en conflit avec mon adversaire. Chiche ! Ne tranchez pas (encore que vous n’en ayez pas le droit) sur qui a gagné sur l’autre avant d’avoir évalué la situation. Demandez à tout un chacun de produire son mémoire en défense ; envoyez une mission sur le terrain pour éclairer sa propre religion ».

Face à de telles situations, il est rare de voir celui qui est dans son bon droit, qui dispose d’un dossier en béton, rechigner à se soumettre aux investigations préliminaires.

Nous aurions donc dû voir les adversaires de Laurent Gbagbo se réjouir de cette demande qui ne pouvait que doucher celui qui l’a requise. En effet, ils affirment avoir le droit avec eux, et toute la communauté internationale avec ses moyens diplomatiques, financiers, militaires, politiques…, est acquise à leur cause. De surcroît, nombre d’ ONG de défense des droits humains (Amnesty International, RADDHO, FIDH…), la Commission des Droits de l’homme des Nations Unies, la CPI, lancent régulièrement des mises en garde, agitant le couperet de sanctions graves pour celui qui, condamné avant enquête et procès, refuse d’en tirer les conséquences. Assurément, on en viendrait à se convaincre de la confusion qui attend Laurent Gbagbo.

Il y a donc manifestement de la part de tout ce beau monde quelque chose de bizarre dans ce rejet instinctif et définitif de la fouille au corps, de l’évaluation demandée. Mais attendez-là : si tu prends quelqu’un que tu accuses d’avoir caché dans le sac qu’il tient en mains, ton portefeuille, que tu lui demandes en public de l’ouvrir pour prouver qu’il n’est pas le voleur que tu prétends, il devrait le faire avec empressement, histoire de se laver de l’ignominieuse accusation et de se retourner contre toi en procès pour dénonciation calomnieuse. S’il s’y refuse et le public avec lui, ma foi, c’est que le corps du délit se trouve bel et bien dans le sac et qu’il y a complicité.

Le refus de l’évaluation, dans le cas d’espèce, tout le monde le sait du reste, cache la crainte de voir apparaître le pot-aux-roses : les fraudes, les violences, les manipulations multiples des résultats, etc., essentiellement dans le nord, l’ouest et le centre du pays. D’ailleurs, pour en avoir un avant-goût, il suffit pour cela, sans transport sur les lieux, de se poser les quelques questions suivantes.
- Pourquoi la communauté internationale n’a pas exigé le désarmement au nord alors que l’Accord politique de Ouagadougou le prévoyait au plus tard deux mois avant la tenue du scrutin ? (article 3 de l’avenant IV du 22/12/2008).

- Pourquoi les partenaires ont-ils tant pressé à la tenue du scrutin alors que la Constitution ivoirienne en faisait interdiction en cas de division du territoire national (article 38 de la loi fondamentale) ?
- Pourquoi a-t-on laissé les fraudes et les violences se dérouler dans les régions querellées alors que l’engagement avait été pris, et que cela ressortait de la loi et des dispositions réglementaires que la CEI prendrait toutes les dispositions pour que le scrutin se déroule dans la transparence ? (article 2 chapitre 2 de la Loi n°2004-642 du 14 décembre modifiant la loi n° 2001-634 du 9 octobre 2001 portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Commission Electorale Indépendante)

- Pourquoi n’a-t-on rien entrepris pour vérifier l’état réel de ces fraudes alors que cela avait été dénoncé par des observateurs africains indépendants accrédités par l’Union africaine et acceptés par la CEI, composée, faut-il le rappeler, aux ¾ de membres du RHDP ?
- Pourquoi, alors que la CEI est astreinte au consensus pour la proclamation provisoire des résultats et alors qu’elle était confrontée à une mésentente fondamentale en son sein, a-t-on vu le président s’extraire du siège de l’institution pour aller dans un hôtel, QG d’un concurrent, balancer des résultats devant des médias étrangers au lieu de faire dresser un procès-verbal de carence comme cela se devait bien évidemment ? (le membre de la CEI du camp Gbagbo Mr Pikas, a vainement demandé ce PV).
- Pourquoi, alors que les deux candidats du second tour avaient signé un engagement de respecter les procédures électorales établies par la loi ivoirienne, notamment au niveau des compétences reconnues à la CEI mais aussi au Conseil constitutionnel, un candidat soutenu par la communauté internationale viole le texte en déniant le droit à ce Conseil de proclamer les résultats définitifs et ce devant le Facilitateur ? (Appel du 27-11-2010 aux électeurs pour un scrutin présidentiel apaisé, à lire ci-dessus)
- Pourquoi la communauté internationale, alors que le temps imparti à la CEI pour annoncer les résultats était échu, et après que le Conseil constitutionnel en ait fait le constat et élevé le dossier à son niveau, a-t-elle choisi quand elle n’en avait pas le droit, de se prononcer en faveur d’une proclamation venant d’une structure électorale incompétente et d’une certification établie par un fonctionnaire des Nations Unies qui n’en avait pas les habilitations ? Et ce, circonstance aggravante et digne d’un polar de mauvais goût, comme l’a relaté avec humour Laurent Gbagbo, après un rocambolesque enlèvement par les ambassadeurs des USA et de la France du président de la CEI aux fins de l’amener à l’Hôtel du Golfe pour y proclamer des résultats, dans le Quartier général du candidat Ouattara. Le tout en violation du Code pénal ivoirien, de l’article 94 de la Constitution ivoirienne stipulant que « Le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs des élections présidentielles », et de la Charte des Nations Unies en son article 1 qui proclame le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et en son article 2 qui garantit la souveraineté des Etats.
- L’examen de ces seules questions donnera déjà des réponses éclairantes à une pré-évaluation sur pièces avant d’en être à n’en pas douter édifié par un transport sur les lieux où le règne sans partage, hors normes juridiques, de la rébellion sur une population prise en otage, apportera des preuves surabondantes quant à la tenue dans des conditions non transparentes, non équitables et non libres du scrutin. Mais parce qu’on est convaincu d’avoir bien agi en bande, qu’on tient le bon bout à force de battage médiatique, de pressions de toutes sortes, diplomatique, financière, militaire, qui ont embarqué tout le monde dans la monumentale cabale contre la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le Droit, on se braque contre une procédure qui dévoilerait à la face de tous, une vérité sur un crime continé qui peut faire tomber des têtes et faire trembler le monde ! L’aveu de culpabilité qui donne raison à Laurent Gbagbo avant procès, se trouve dans le refus de cette administration saine et équitable de la Justice.
VT