Rébellion armée au Mali: les rebelles prennent Gao et Tombouctou, coupant le pays coupé en deux. La junte acculée, rétablit la constitution

Le 02 avril 2012 par IVOIREBUSINESS – La rébellion armée contre le pouvoir central à Bamako caracole de victoire en victoire. Les villes du Nord-Mali tombent les unes après les autres à une vitesse fulgurante.

Capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte malienne.

Le 02 avril 2012 par IVOIREBUSINESS – La rébellion armée contre le pouvoir central à Bamako caracole de victoire en victoire. Les villes du Nord-Mali tombent les unes après les autres à une vitesse fulgurante.

Pousseront-ils leur offensive éclair jusqu’aux portes de la capitale Bamako ? Rien n’est moins sûr.
Toujours est-il que les rebelles touareg ont pris dimanche le contrôle de Tombouctou après celle de Gao samedi. Dans l'après-midi, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), principale composante, a revendiqué la prise de la ville et de sa région. Un jeune civil a été tué par un éclat d'obus près de la grande mosquée, selon un habitant.
Les rebelles s'étaient emparés dans la nuit de dimanche à lundi de Gao, ville de 90.000 habitants abritant l'état-major militaire pour toute la région Nord.
Cette prise stratégique de Tombouctou consacre leur mainmise sur la quasi-totalité du nord du Mali. Au niveau de la sous-région, c’est désormais l’inquiétude. On craint la contagion.
La junte militaire en place depuis moins de deux semaines à Bamako, impuissante à endiguer cette progression fulgurante, et sous pression des pays voisins, a promis dimanche le retour au pouvoir civil et un gouvernement de transition, sans pour autant fixer de calendrier.
"Nous prenons l'engagement solennel de rétablir à compter de ce jour la Constitution (...) ainsi que les institutions républicaines", a déclaré le capitaine Sanogo en annonçant "des consultations avec toutes les forces vives du pays dans le cadre d'une convention nationale" pour permettre "la mise en place d'organes de transition en vue de l'organisation d'élections apaisées, libres, ouvertes et démocratiques".
Il a confirmé que la junte n'y participerait pas, mais sans préciser la durée ni les termes de cette transition. Il n'a pas évoqué le sort du président Touré.
Le chef de la junte s'exprimait aux côtés du médiateur ouest-africain, chef de la diplomatie burkinabè, Djibrill Bassolé.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avait avoir brandi la menace d'un "embargo diplomatique et financier" d'ici lundi et mis une force d'intervention de 2.000 hommes en "alerte".
C’est cette menace de contagion sous régionale qui a poussé le Président en exercice de la Cedeao, Alassane Dramane Ouattara, a annoncer un sommet régional de son organisation lundi à Dakar.
Il est d’ailleurs arrivé depuis hier dans la capitale sénégalaise où il a été reçu en audience par le tout nouveau Président sénégalais élu, Macky Sall. Ce dernier prête serment aujourd’hui lundi devant le peuple sénégalais et plusieurs chefs d’Etat africains.
La junte militaire malienne dirigée par le capitaine Amadou Sanogo, a dépêché au moins un émissaire à Tombouctou pour négocier un cessez-le-feu avec les rebelles. En effet, Mohamed Ag Erlaf, un ancien ministre, a rencontré Mohamed Najim, l'un des responsables militaires du MNLA qui, selon lui, "a promis d'assurer la sécurité des populations".
Avec Tombouctou, Kidal et Gao, les trois capitales administratives du Nord du pays, les rebelles contrôlent environ la moitié du territoire au terme d'une avancée foudroyante de trois jours.
C'est justement pour éviter ce scénario que la junte avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, l'accusant d'avoir été incapable d'endiguer l'offensive touareg depuis janvier.
Malgré le putsch, l'avancée des Touareg, dont beaucoup sont rentrés lourdement armés de Libye où ils avaient soutenu le régime Kadhafi, s'est amplifiée sans rencontrer de vraie résistance ces derniers jours, bénéficiant même des défections, comme celle du colonel Elhadj Ag Gamou, le chef de la garnison de Kidal, lui-même Touareg.
La rébellion compte plusieurs composantes, dont il est difficile de mesurer l'exacte influence sur le terrain, et qui dépend des zones d'opération: les deux principale sont le MNLA et le groupe islamiste Ansar Dine du chef touareg Iyad Ag Ghaly, principal artisan de la prise de Kidal.

Christian Vabé