Violences post-électorales: La CPI coincée par le régime Ouattara• La procureure Bensouda veut voir clair dans les dossiers ivoiriens
Publié le mercredi 4 avril 2012 | L'Inter -• La procureure Bensouda veut voir clair dans les dossiers ivoiriens
Publié le mercredi 4 avril 2012 | L'Inter -• La procureure Bensouda veut voir clair dans les dossiers ivoiriens
La procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), la Gambienne Fatou Bensouda, s`est entretenue hier mardi 3 avril avec le chef de l`Etat, Alassane Ouattara. Elle est arrivée la veille, lundi 2 avril, alors que rien ne présageait de sa venue à Abidjan ces jours-ci. Du coup, sa présence à Abidjan suscite tous les commentaires. Une seule certitude : la «descente » en terre ivoirienne du successeur de Luis Moreno Ocampo, est à mettre en rapport avec les suites à donner à la procédure judiciaire engagée par cette juridiction internationale dans le cadre des violences post-électorales. La procureure de la Cpi a fait le déplacement à Abidjan pour tirer au clair la confusion qui règne sur le cas des personnalités ivoiriennes dans le viseur de cette juridiction. Au lendemain du transfèrement de l`ancien président Laurent Gbagbo, le procureur Luis Moreno Ocampo avait laissé entendre que celui-ci est le premier mais ne sera pas le dernier à prendre la route de La Haye. Déjà en visite à Abidjan en octobre 2011, Ocampo avait prévenu que 3 à 6 personnes pourraient être épinglées par la Cpi. Depuis, Laurent Gbagbo a été transféré à La Haye. On était donc dans l`attente de la suite de la procédure engagée par la juridiction internationale. Le mutisme de la Cpi était interprété par certains comme un renoncement au processus qu`elle a entamé. En réalité, il n`en est rien. Consciente qu`elle joue sa crédibilité dans le dossier ivoirien, la Cpi ne semble pas vouloir s`en dessaisir. A preuve, elle aurait, aux dernières nouvelles, délivré un mandat d`arrêt contre l`ex-première dame, Simone Gbagbo, emprisonnée à Odienné. C`est du reste ce qui a déclenché tout le yoyo autour de l`audience à laquelle le procureur de la République, Simplice Kouadio, avait convié les avocats de Simone, la semaine dernière. Après une valse hésitation des autorités judiciaires, l`audience a finalement été annulée. Purement et simplement. De bonne source, les autorités ivoiriennes ont choisi en définitive, de stopper la procédure devant initialement conduire au transfèrement de l`ex-première dame, à la demande de la Cpi. Selon certains analystes, l`extradition de Simone Gbagbo à La Haye aurait ouvert le boulevard pour la traduction d`éventuels pro-Ouattara devant cette juridiction. Certains chefs de guerre notamment seraient dans l`oeil du cyclone. Une éventualité qui donne du souci aux tenants du pouvoir, qui ont pris la mesure du danger et entrepris de gripper la machine judiciaire lancée par la Cpi. D`où la confusion autour de l`audience d`Odienné, qui a finalement tourné court. Comme si quelqu`un avait intérêt à ne pas voir aboutir la procédure devant déboucher sur cette audience. A entendre la dernière position du chef de l`Etat sur l`intervention de la Cpi dans le dossier ivoirien, on observe que son discours sur la question a beaucoup évolué. Il y a un an, il s`en remettait à cette juridiction pour juger tous ceux qui se seraient rendus coupables de violations graves des droits de l`homme pendant les violences post-électorales, craignant d`être accusé d`appliquer une justice des vainqueurs. Mais aujourd`hui, il est, curieusement, pour que tout le monde, à l`exception de Gbagbo, soit jugé sur le territoire ivoirien. « Je veux que les Ivoiriens soient jugés en Côte d`Ivoire(...) Ma préférence, c`est de juger nos compatriotes ici (…) Moi, j`ai préféré les juger ici. Peut-être que eux voudront aller à La Haye. Je veux protéger les Ivoiriens, même ceux qui ne le « méritent » pas », a répété Ouattara pendant l`interview radiotélévisée qu`il a accordée vendredi 30 mars dernier. C`est clair, les certitudes du chef de l`Etat ont pris l`eau. Pourquoi lui qui craignait hier d`être accusé de faire une justice des vainqueurs, consent-il à faire juger désormais tout le monde à Abidjan ? La réponse, c`est le ministre des Droits de l`homme, Coulibaly Gnenema, qui la donne : « La subsidiarité de la Cpi fait qu`il faut une absence de poursuite nationale. La Cpi n`est compétente que lorsqu`il y a une absence de volonté de l`Etat ou qu`il y a une incapacité de l`Etat c`est-à-dire que les structures compétentes n`existaient pas. Au moment où le premier transfèrement se faisait, il y avait une incapacité de l`Etat puisque le pays était déstructuré. Mais aujourd`hui, les juridictions sont opérationnelles et l`enquête est en train d`être achevée. Donc, l`intention existe. La capacité également existe. ». Au fond, les motivations du régime Ouattara sont ailleurs. D`où ce revirement, qui vise à couper les herbes sous les pieds de la Cpi. C`est sans doute pour déjouer ce coup que la procureure Fatou Bensouda a débarqué à Abidjan.
Assane NIADA
A Abidjan depuis hier : Les dessous du tête-à-tête de la Procureure de la Cpi avec Ouattara
Publié le mardi 3 avril 2012 | Soir Info
La Procureure de la Cour pénale internationale (Cpi), Fatou Bensouda est arrivée à Abidjan, le lundi 2 avril 2012. Elle échange aujourd’hui mardi 3 avril 2012 au Palais présidentiel au Plateau, avec le président de la République, Alassane Ouattara. Le tête-à-tête entre les deux personnalités va essentiellement porter sur les questions judiciaires liées à la crise en Côte d’Ivoire. Selon des sources concordantes, la Procureure de la Cpi, qui prend officiellement fonction dans deux mois, est arrivée sur les bords de la lagune Ebrié avec trois préoccupations. Premièrement, Fatou Bensouda va chercher à savoir la position exacte du chef de l’Etat ivoirien sur le cas de l’ex-première Dame de Côte d’Ivoire détenue à Odienné, et contre qui un mandat international de la Cpi serait bouclé. Des langues soutiennent même que le mandat en question a été signifié à son destinataire. Alassane Ouattara, ne manquera certainement pas de réitérer à son hôte, sa volonté de voir l’ex-première Dame, comme tous ceux qui seront visés par les mandats de la Cpi, jugés en Côte d’Ivoire. Pour lui, la justice ivoirienne est suffisamment prête pour les juger. Cette position, le numéro un ivoirien l’avait fait savoir en janvier lors de sa visite d’Etat en France. Il l’a réaffirmée dans son interview télévisée avec la Rti et Fraternité Matin, le vendredi 30 mars 2012. ‘’Je préfère les juger ici en Côte d’Ivoire mais peut-être, ils voudront aller à La Haye’’, avait-il soutenu concernant Simone Gbagbo et Blé Goudé Charles, l’ex leader de la galaxie patriotique, soutenant l’ancien président Laurent Gbagbo. Deuxièmement, la Procureur de la Cpi, dans le cadre de l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo, le 18 juin prochain à La Haye, pourrait demander au chef de l’Etat de l’éclairer sur certaines questions précises relatives à la crise post-électorale, pour avoir vécu cette période au cours de laquelle, officiellement, 3000 personnes ont été massacrées. Alassane Ouattara nul doute, s’emploiera à donner des éléments en sa possession. Enfin, troisièmement, Fatou Bensouda, va informer le président ivoirien, de ce qu’elle est venue plaider auprès du Procureur de la République, l’autorisation d’exhumer des corps dans la région de Duékoué en vue de procéder à des analyses dans le cadre des tueries qui y ont eu lieu lors de la crise post-électorale. Par ailleurs, la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire sera inéluctablement abordée par les deux personnalités.
BAMBA Idrissa