Tribune: LA PRÉTENDUE MALÉDICTION DES NOIRS DESCENDANTS DE CHAM
Par Correspondance particulière - LA PRÉTENDUE MALÉDICTION DES NOIRS DESCENDANTS DE CHAM.
Les Noirs, selon certaines personnes, auraient été maudits par Dieu parce que Cham leur
père vit la nudité de son géniteur Noé. Le livre de la Genèse rapporte en effet que Noé, le
cultivateur, planta la vigne, s'enivra et se dénuda à l'intérieur de sa tente. Cham, père de Canaan,
découvrit inopinément sa nudité, avertit ses deux frères à l'extérieur de la tente, qui prirent un
manteau, le mirent sur leur épaule, marchèrent à reculons pour ne pas voir sa nudité et le couvrirent.
Quand il se réveilla de son ivresse, il apprit que Cham avait vu sa nudité et Noé dit: «Maudit soit
Canaan! Qu'il soit pour ses frères l'esclave des esclaves!» Il dit aussi: «Béni soit Yahvé le Dieu de
Sem et que Canaan soit son esclave! Que Dieu mette Japhet au large, qu'il habite dans les tentes de
Sem et que Canaan soit son esclave!» (Gn 9, 20-27). Les prophéties de Noé ne se limitèrent pas à
Cham. Il annonça par la même occasion le destin de Sem et de Japhet. Les grandes figures
bibliques, pionnières d'un nouvel ordre, ont toujours annoncé d'avance, à l'instar de Noé, le destin
de chacune de leur progéniture, et nous constatons, tout au long de l'Histoire sainte, qu'il a plu à
Dieu de concéder la royauté à certains, aux cadets, en général, et la condition de servitude aux
aînés, conformément à ce principe divin, qui invite les grands, les plus forts, à servir les plus petits,
les plus faibles. D'Abraham, le père des trois religions révélées, naquirent Ismaël son aîné et Isaac,
le cadet, appelé fils de la promesse, parce qu'il est né du vouloir de Dieu et non de la chair: Sara, sa
mère était stérile, et âgée. L'Ange de Dieu annonça à Agar le destin de son fils Ismaël alors qu'il
était encore dans ses entrailles. Il lui dit : «Tu es enceinte et tu enfanteras un fils et tu lui donneras le
nom d'Ismaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre d'homme, sa main contre
tous, la main de tous contre lui, il s'établira à la face de tous ses frères!» A Rebecca, épouse d'Isaac,
Dieu dit: «Il y a deux nations en ton sein, deux peuples issus de toi, se sépareront, un peuple
dominera un peuple, l'aîné servira le cadet.» (Gn 25, 23). Les descendants de l'aîné Ismaël sont,
selon la chair et le sang, les Arabes, dominés, effectivement, pendant des siècles par les Hébreux,
descendants d'Isaac et de Jacob, jusqu'au jour où Mahomet (béni soit son nom) fit d'eux une nation,
en introduisant la Loi islamique. Cette libération du joug de leurs frères cadet fut annoncé par le
patriarche Isaac à Esaü qui prit, contrairement à Jacob, des épouses parmi les filles d'Ismaël.
Lorsqu'Esaü se lamenta et accusa, à tort, Jacob de lui avoir dérobé son droit d'ainesse, leur père lui
dit: «Loin des gras terroirs sera ta demeure, loin de la rosée qui tombe du ciel. Tu vivras de ton épée
(comme Ismaël), tu serviras ton frère, Mais quand tu t'affranchiras, tu secoueras son joug de
dessus ton cou» (Gn 27, 39-40). Les Arabes vécurent jusqu'à ce jour dans le désert, loin des gras
terroirs, selon cette prophétie. La lutte entre les descendants de Jacob et d'Esaü (entre Israéliens et
Palestiniens, entre Juifs et Arabes) fut annoncée, bien avant la naissance de leurs géniteurs. Cette
pédagogie divine qui daigne concéder la domination au cadet et la condition de servitude à l'aîné
nous permet de mieux appréhender le mystère de Canaan, fils de Cham, condamné à être l'esclave
des esclaves, l'esclave de ses frères. La condition de servitude des Noirs tout au long des siècles
s'inscrit en effet dans un plan divin, dans le mystère de la triade formée par Sem, Cham et Japhet,
ou par Abraham, Isaac et Jacob. Cette triade dévoile, en réalité, les vocations complémentaires des
descendants des fils de Noé invités à adorer le Dieu unique. Après la naissance de Jésus, trois mages
représentant, d'un point de vue spirituel, Sem, Cham et Japhet, sont venus l'adorer et lui offrir de
l'or, de l'encens et de la myrrhe. L'Or symbolise la Royauté, l'Encens, la Divinité, et la Myrrhe, la
Passion du Christ. Chacun de ces éléments symbolise la vocation, l'identité culturelle des trois
grands peuples issus de Noé appelés tous à hériter du Royaume des Cieux; voilà pourquoi il est
opportun de souligner que la malédiction de Canaan n'est pas identique à celle que le Dieu
unique proféra à l'encontre du Serpent, de Satan privé à jamais du Ciel. Dieu s'adressa en ces
termes au Serpent: «Parce que tu as fais cela, maudit sois-tu entre tous les bestiaux et toutes les
bêtes sauvages. Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours [...]» (Gn 3,
14). Canaan, fils de Cham fut, quant à lui, maudit parce que son père vit, contre son gré, la nudité de
son géniteur Noé qui représente pour lui la figure divine, celle du Père céleste. Il est, à juste titre,
écrit d'honorer son père et sa mère afin d'être béni par le Très-Haut. La nudité de Noé a trait à la
nudité biblique, spirituelle et non physique; elle fait allusion à celle d'Adam et Ève qui, après avoir
mangé le fruit interdit, se rendirent compte qu'ils étaient nus (Gn 3, 7) Ils avaient cru que la
connaissance des mystères du monde, du bien et du mal, aurait fait d'eux des dieux, mais ils
s'aperçurent que la créature humaine est fragile, nue, sans la puissance divine. Cham, amené parmi
les trois fils de Noé à voir la nudité de son père venait, en fait, de signer son destin, à l'image de
Simon-Pierre qui confessa que Jésus était le Sanctuaire de chair du Dieu Vivant. Sa réponse
signifiait que l'Esprit de Dieu l'appelait à connaître un destin particulier. Éprouvé par le diable, il
renia son maître, puis se repentit, parce qu'il crut à la Miséricorde divine et aida ensuite les chrétiens
à adorer désormais Dieu, en esprit et en vérité, et non en comptant sur leurs propres forces car tout
est grâce (Mt 16, 15-18). Quand Esaü, inconsciemment, mangea le plat de son frère cadet Jacob et
lui vendit son droit d'ainesse, il venait lui aussi de signer son destin. Voir la nudité de son père
c'était pour la descendance de Cham être condamnée à porter la croix du monde, à adorer Dieu, en
lui offrant la myrrhe, en partageant sa Passion, en devenant l'esclave des esclaves, le serviteur de ses
serviteurs. Jésus disait, à ce sujet, je suis venu pour servir et non pour être servi. Le mage qui offrit
à l'Enfant Jésus la myrrhe représentait donc Cham, et nous introduit dans la vocation spirituelle des
Noirs, compagnons de Jésus, homme de la souffrance. Celui qui porta à l'Enfant Jésus l'or
représente le peuple à qui Dieu a remis la royauté. De la descendance de Sem est issu Terah, père
d'Abraham dont les fils, esclaves en Égypte y furent invités à naître de nouveau, ils résidèrent
ensuite sur la terre promise où ils ne manquaient de rien. Jésus de Nazareth, ce Oint du Dieu unique
qui a reçu le sceptre de la royauté est issu de la descendance de Sem et d'Abraham. A leur
descendance ont été remis richesses, or, royauté, pour attester que toute royauté établie dans la
justice, le droit, vient du Dieu unique. Le mage qui porta à l'Enfant Jésus l'encens représente ces
peuples d'Orient, les descendants de Japhet mêlés à ceux de Sem qui ont toujours cultivé le sens de
la Divinité, et dont la vocation est de témoigner l'unicité de Dieu. Sur Canaan, fils de Cham ne
repose donc pas la malédiction qui fait de lui une créature noire, sans espérance. L'apôtre Paul écrit
justement au sujet de la Passion du Christ Jésus intimement liée à la vocation de la descendance de
Cham: «Le Christ nous a rachetés de cette malédiction de la Loi, devenu lui-même malédiction
pour nous, car il est écrit: Maudit quiconque pend au gibet, afin qu'aux païens passe dans le
Christ Jésus la bénédiction d'Abraham et que par la Loi nous recevons l'esprit de la promesse»
(Galates 3,13-14). Maudit est Canaan, maudite est sa descendance, parce que voir «la nudité de son
père», d'un point de vue spirituel, c'est être introduit dans le mystère de la faiblesse de la chair, afin
de mieux découvrir la puissance de l'esprit, de la grâce divine, car Jésus a vaincu les forces du mal
sur la Croix. Cette longue condition de servitude des Noirs, des peuples opprimés du monde, leur
permet de mieux accueillir le discours de cet homme souffrant, Jésus, et des prophètes, adressé aux
personnes humbles, pauvres de coeur. Aveuglés par l'or et la royauté, de nombreux descendants de
Sem ou de Japhet qui vivent dans les tentes de leurs aînés (fils de Sem) sont devenus des dieux à
leurs propres yeux, et oppriment les descendants de Cham, esclaves des esclaves, chargés de porter,
à la suite d'Isaac et de Jésus, le bois de l'holocauste, le fardeau du monde, pour le bonheur et le Salut
de tous. Cette condition de servitude n'est pas heureusement perpétuelle, voilà pourquoi d'une
créature opprimée, faible, une Femme choisie parmi toutes les femmes, l'Esprit de Dieu annonça un
message d'espérance pour les humbles et les pauvres du monde, qu'ils soient noirs, blancs, jaunes,
rouges: «Dieu a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au coeur superbe. Il a
renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles. Il a comblé de biens les affamés et
renvoyé les riches les mains vides [...]» (Lc 1, 46-55). A Jacob Dieu avait annoncé la condition de
servitude de son frère aîné et la fin de sa propre domination, et cela advint: les Arabes, les
musulmans forment désormais, tant bien que mal, un peuple. La Mère de Jésus a elle-aussi annoncé
une ère où tous les peuples opprimés de la terre se libéreront de leur joug, contre vents et marées, et
aucun Nouvel Ordre mondial ne pourra s'y opposer jusqu'à ce que tout soit accompli, et cela
adviendra. Du continent africain, à l'Amérique latine, en passant par l'Orient et l'Occident les
peuples opprimés s'opposeront à toute condition de servitude, car Dieu ne permettra pas que les
fausses doctrines introduites par ceux qui sont devenus des dieux à leurs propres yeux prévalent sur
la Vérité. La malédiction de la descendance de Cham a introduit le monde dans un monde où
régnait l'injustice, sa libération annonce la victoire de l'humilité sur l'orgueil, de la foi sur la science,
du bien sur le mal, de la justice sur l'injustice. La religion des fils de Jacob confessera la royauté du
Dieu unique, celle des fils d'Ismaël, la Divinité, et celle des peuples opprimés, et des fils de Cham la
grâce divine, car la Passion du Christ à laquelle ils furent associés, durant des siècles, les introduit
dans la grâce et la vérité. Ainsi seront rassemblés devant le Dieu unique l'or, l'encens et la myrrhe.
Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)