Transition politique - Dr Léandre Sahiri: "Alassane Ouattara sera bien déboulonné"

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - A propos de la transition - Léandre Sahiri: "Il y a ce que l'on dit dans la bouche, et puis, il y a la réalité de la vie". "En s’auto-proclamant « indéboulonnable », Alassane Dramane Ouattara se trompe et trompe ses supporters car il sera bien déboulonné".

Dr Léandre Sahiri.

"Il y a ce que l'on dit dans la bouche, et puis, il y a la réalité de la vie"

Le jeudi 23 Juillet 2015, à Séguéla, lors de son meeting clôturant sa visite d'Etat dans le Nord-ouest du pays, le président Alassane Ouattara a déclaré : « Il n’y aura pas de transition en Côte d’Ivoire ». Puis, comme pour, a la fois, insister et menacer, il a ajouté : « Arrêtez de bavarder. La Côte d’Ivoire n’a pas plus besoin de transition… évoquer une transition en Côte d’Ivoire s’assimile à une atteinte à la sureté de l’Etat… je veux mettre en garde les uns et les autres, il n’y aura pas de transition en Côte d’Ivoire, c’est terminé ».

Alassane Ouattara a ainsi réitéré sa déclaration faite à l’occasion du 14e sommet de la Francophonie, à Kinshasa, en RDC, le vendredi 12 octobre 2012. Alassane Dramane Ouattara, avait trouvé là une tribune idéale pour mettre en garde les opposants à son règne et s’auto-proclamer « indéboulonnable » : «La Côte d’Ivoire est en paix et nous devons tous œuvrer, y compris ceux qui ont une tentative malheureuse de déstabilisation… A toutes les personnes qui ont eu des tentatives malheureuses de déstabilisation, je rappelle qu’ils ont des parents en Côte d’Ivoire... je voudrais leur dire qu’il n’est pas possible de déboulonner ADO», avait-il dit.

En clair, Alassane Ouattara estime qu’il est « indéboulonnable » et qu’il ne partira du pouvoir que selon son seul bon vouloir. Et, pas autrement.

Certes, dans sa forme, cette déclaration du chef d’Etat ivoirien est claire, logique et sans ambigüités. Cependant, il s’agit d’une opinion qui ne colle pas vraiment avec les réalités de la vie. Alassane Ouattara se trompe et trompe ses supporters et ses suppôts. Pas nous. Car, Alassane Ouattara lui-même sait que, en 1999, Laurent Dona Fologo, à l’époque, collaborateur parfait d’Henri Konan Bédié, avait déclaré un jour : « Il n’y aura jamais de coup d’état en Cote d’Ivoire». Il sait aussi que, comme pour « désavouer » Fologo, Alassane Ouattara avait déclaré : « Quand je frapperai ce pouvoir moribond, il tombera ». De fil en aiguille, Henri Konan Bédié qui se déclarait « éléphant d’Afrique », donc « indéboulonnable », a été chassé du pouvoir, le 24 décembre 1999.

En s’auto-proclamant « indéboulonnable », Alassane Dramane Ouattara se trompe et trompe ses supporters et partisans. Pas nous. Parce que, nous savons tous comment nombre de chefs d’état ou de gouvernement et autres qui, bien avant lui, se déclaraient, eux aussi, « indéboulonnables », ont fini leur vie sur terre : ils ont été DÉBOULONNÉS, y compris leurs statues. Certains sont morts très CRUELLEMENT.

En effet, Slobodan Milosevic, le mollah Omar, Saddam Hussein, Kadhafi…, se disaient "INDÉBOULONNABLES". Et pourtant, ils ont été déboulonnés, respectivement à Belgrade, Kaboul, Bagdad, Tripoli… : leurs régimes ont été éliminés, bien souvent au prix de beaucoup de douleurs, de sang et de « dommages collatéraux ».

De même, les Mobutu, Idi Amin Dada, Ceausescu, Mao Tse Toung, Bokassa, Hitler, Franco, Ben Ali, Blaise Compaoré qui se croyaient et se déclaraient "INTOUCHABLES" ont été chassés du pouvoir au moment ou ils s’y attendaient le moins.

De même, l’autocrate soviétique, Staline, dit le « vojd » [guide], qui dirigea l’Union soviétique d’une main d’acier, de 1922 à 1953, et dont le nom est devenu le symbole du visage autoritaire du communisme, lui aussi, s’autoproclamait « indéboulonnable ». Non seulement, il a été déboulonné ; mais en plus, il n'a pas eu une mort banale : après cinq jours d'agonie sur un canapé, Staline gisait sur le tapis, en maillot de corps et en pantalon de pyjama, noyé dans sa propre urine et dans la solitude. Telle a été la rançon de la terreur qu'il inspirait. Plus d’un demi-siècle après sa mort, les autorités de Gori, sa ville natale en Géorgie, ont déboulonné sa statue de six mètres de hauteur. Sans cérémonie officielle, mais en catimini, sous quelques applaudissements, dans la nuit…

Par ailleurs, « son Excellence le Généralissime des armées dominicaines, Docteur Rafael Leonidas Trujillo y Molina, Honorable Président de la République dominicaine, Bienfaiteur de la Patrie, Reconstructeur de l'indépendance financière de la République »…, tels étaient les titres à clamer en présence de El Chivo ("le Bouc"), l’ancien dictateur dominicain que l'on devait saluer d'un claquement de talons la main sur le cœur. Après trente ans d'un règne sans partage qu’il croyait sans fin, il a quitté la scène politique comme il y est entré : par la violence. Il a trouvé la mort dans une embuscade préparée depuis plus d'un an par les Etats-Unis, bien décidés à refermer la parenthèse de l'exception Trujillo dans les Caraïbes. En effet, le 30 mai 1961, il a été transformé en passoire.

Y a-t-il des fins plus tragiques que celles de ces chefs qui, comme le président Alassane Ouattara, se croyaient ou s’autoproclamaient « indéboulonnables », voire immortels et qui ont fini comme ils ont fini ?... Est-ce plus terrible de mourir carbonisé (Hitler), pendu par les pieds (Mussolini) ou le cou (Saddam Hussein) ?... d'être assassiné par son peuple, ou de mourir seul, comme l'iranien Khomeini et le Nord-Coréen Kim Jong-il ?...

Ces quelques cas parmi tant d’autres montrent que c'est une loi de la nature a laquelle aucun dictateur, aucun tyran n'échappe, se fût-il cru ou proclamé « indéboulonnable », voire immortel.

Ainsi va la vie. Il y a ce que l'on dit dans la bouche, et puis, il y a la réalité de la vie.

La vie d’Alassane Dramane Ouattara ne tient qu’à un fil. Et, il le sait. Pour tout ce qu’il nous a fait de mal et, nous allons, à court ou moyen terme, couper ce fil, d’une manière ou d’une autre, par tous les moyens. N’en déplaise à ses supporters et à ses suppôts. Nous couperons ce fil. En vue de prendre notre destin en main. En vue de retrouver notre dignité bafouée, notre liberté et nos terres confisquées. En vue de restaurer la démocratie dans notre pays, ici et maintenant.

Une contribution de Dr Léandre Sahiri

(Docteur ès Lettres, Professeur, Écrivain, Editeur, Militant des Droits et Libertés).
NB: Le titre est de la rédaction.

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FIERS IVOIRIENS, LE PAYS NOUS APPELLE

Fiers ivoiriens,

Le pays nous appelle.

Et

A l’appel du pays

Nous ne saurions nous dérober.

Fiers ivoiriens

A l’appel du pays

Soyons tous présents

Pour relever

La dignité de notre patrie

Et le défi

A nous

Lancé.

Fiers ivoiriens,

A l’appel du pays

Notre devoir est

D’être un modèle
Un modèle de vaillance et de courage

Un modèle de l’espérance

L’espérance promise à l’humanité.

Fiers ivoiriens

A l’appel du pays

Marchons de l’avant

Avec honneur et dignité

Pleins d’amour et pleins de foi
Pour la grandeur de notre patrie

Notre riche et noble patrie à nous léguée

Par nos aïeux.

Fiers ivoiriens

A l’appel du pays

Soyons présents

Plus que jamais

Déterminés à agir

Agir pour prendre

De juste droit

Notre destin en mains

Agir pour que

Sur notre sol

Règne la paix

Agir pour vivre

Dorénavant

En peuple heureux.

Fiers ivoiriens

A l’appel du pays

Soyons présents

Pour bâtir

Dans le bonheur

Notre destinée

Pour forger

Unis et rassemblés

Dans la foi nouvelle
La patrie de la vraie fraternité.

Et vous,

Fière et noble jeunesse
Que ne règnent plus

Dans vos cœurs et dans vos corps

Ni le doute, ni la peur

Soyez debout
Remplis de vaillance

Animés de l’espérance
L’espérance en un avenir lumineux.

Fiers ivoiriens,

Le pays nous appelle.

Et

A l’appel du pays

Soyons tous prêts.

A mourir tous debout

Plutôt que

De continuer à vivre

A genoux.

Par Léandre Sahiri