Syrie: des "preuves flagrantes" de l'utilisation de gaz chimique

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | des "preuves flagrantes" de l'utilisation de gaz chimique en Syrie.

Photo: Afp par Jm Lopez.

Les experts de l'ONU, qui ont enquêté en Syrie sur le massacre du 21 août, affirment disposer de "preuves flagrantes et convaincantes" de l'utilisation de gaz sarin, dans le rapport remis dimanche 15 septembre au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. "Des armes chimiques ont été utilisées à relativement grande échelle" au cours du conflit syrien, "contre des civils, y compris des enfants", affirme le texte.
Le document précise que l'attaque du 21 août, qui a fait plus de 1 400 morts selon Washington, a été perpétrée à l'aide de "roquettes sol-sol contenant du gaz sarin". Mais cette attaque n'est pas un cas isolé : à Genève, la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie a annoncé des investigations sur quatorze autres attaques chimiques présumées depuis septembre 2011.
Un usage qualifié de "crime de guerre" par Ban Ki-moon, qui a réclamé que les responsables "rendent des comptes". Comme lui, le rapport ne désigne toutefois pas directement les responsables des tirs, le mandat des enquêteurs de l'ONU ne leur permettant pas de se prononcer sur ce point.
"AUCUN DOUTE" SUR LA CULPABILITÉ DE DAMAS
"Quand on regarde précisément les données, les quantités de gaz toxique utlisées, la complexité des mélanges, la nature et les trajectoires des vecteurs, cela ne laisse aucun doute sur l'origine de l'attaque", a toutefois estimé le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, jugeant le rapport accablant pour le régime de Damas.
Un constat partagé par Washington et Londres. "D'après la profusion de détails techniques (...), il est extrêmement clair que le régime syrien est le seul à avoir pu en être responsable", estime ainsi William Hague, le responsable de la diplomatie britannique.
La Maison Blanche a aussi annoncé lundi avoir accordé des exemptions à l'embargo sur l'exportation de matériels de défense vers la Syrie, afin de livrer, à destination des personnels d'organisations internationales mais aussi "des membres de l'opposition syrienne approuvés au préalable", des équipements de protection et de soin contre les armes chimiques.
POUR UNE "RÉSOLUTION FORTE" ET "UN CALENDRIER PRÉCIS"
Avant même la publication des premiers éléments de l'enquête, les ministres des affaires étrangères de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, réunis à Paris lundi, ont annoncé qu'ils souhaitaient obtenir "du Conseil de sécurité des Nations unies une résolution forte" concernant le conflit syrien, "qui prévoira, bien sûr, des conséquences sérieuses si elle n'était pas appliquée". Les trois alliés estiment que le rapport des inspecteurs des Nations unies présente "une occasion favorable d'avancer sur ce sujet".
La résolution, qui doit être soumise au vote "dans les prochains jours", doit traduirel'accord sur la destruction de l'arsenal chimique de Damas auquel les Russes et les Américains sont parvenus au cours du week-end. Selon l'Elysée, les trois pays ont souhaité "un calendrier précis" pour le contrôle et le démantèlement de cet imposant arsenal.
Laurent Fabius, qui a insisté sur le fait qu'il fallait "faire comprendre au régime qu'il n'y a pas d'autres perspectives que la table de négociations", a aussi annoncé l'organisation la semaine prochaine à New York d'une "grande réunion internationale autour de la coalition nationale syrienne".
"PRÉVOIR LA POSSIBILITÉ DE SANCTIONS"
L'accord russo-américain donne une semaine à Damas pour présenter une liste de ses armes chimiques, qui devront être détruites d'ici à la fin du premier semestre 2014. La résolution qui s'ensuit pourrait mentionner le chapitre VII de la charte des Nations unies, qui rend possible un recours à la force en cas de manquement du régime syrien à ses engagements.
Lundi, la Russie toutefois a mis en garde contre toute résolution prévoyant des menaces explicites contre Damas. "Je suis certain que malgré toutes les déclarations émanant de certaines capitales européennes, la partie américaine s'en tiendra strictement à ce qui a été convenu", a souligné le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a évoqué un "manque de compréhension" de l'accord conclu.
Lors d'une interview au JT de TF1 dimanche soir, François Hollande avait déjà estimé qu'il fallait "prévoir la possibilité de sanctions en cas de non-application de l'accord". Selon lui, cet accord sur le désarmement représente une "étape importante", mais pas "le point d'arrivée", la solution politique restant la seule perspective, à long terme, de résolution de la crise syrienne.

Le Monde.fr avec AFP et Reuters