Signature du nouvel Accord de défense et de sécurité entre la Côte d’Ivoire et la France : Les déclarations de Sarkozy et de Ouattara à la presse

Publié le vendredi 27 janvier 2012 | IVOIREBUSINESS - Nicolas Sarkozy :

‘’Nous avons été heureux, sous mandat des Nations Unies d’aider à rétablir la paix civile en Côte d’Ivoire’’

«C’était une grande souffrance que de ne pas pouvoir entretenir avec la Côte d’Ivoire pendant toutes ces années, ces liens historiques, culturels, économiques que nous avions depuis tant d’années avec la patrie du président Houphouët-Boigny. Pendant dix ans, les Ivoiriens ont été privés d’élections et nous avons été heureux, sous mandat des Nations Unies d’aider à rétablir la paix civile en Côte d’Ivoire. Et nous sommes conscients d’avoir évité une guerre civile. Depuis l’élection, le président Ouattara n’a eu de cesse que de témoigner par des gestes, sa volonté de réconcilier le peuple ivoirien. Le président Ouattara peut compter sur la solidarité de la France. Nous avons signé un nouvel Accord de défense qui sera publié, un Accord qui montre que la France est aux côtés de la Côte d’Ivoire pour sa sécurité. Il faut savoir que l’armée française n’a pas pour vocation à s’ingérer ni de près ni de loin dans les affaires de la Côte d’Ivoire (…). La France n’a pas de candidat, la France ne soutient pas un candidat. La France est intervenue aux côtés du président Ouattara parce que les Nations Unies avaient reconnu l’élection du président Ouattara, la validité des élections, la régularité de la campagne. Et maintenant, la France va mettre tout son effort pour aider les Ivoiriens à reconstruire leur pays, à assurer la sécurité pour chacun et à donner un avenir à tous les jeunes ivoiriens. C’est donc en ami que Alassane Ouattara est reçu ici. Je voudrais lui dire à titre personnel, mon admiration pour son parcours, pour son courage, pour sa ténacité, pour la façon dont il continue de tendre la main à chacun en Côte d’Ivoire. Il n’y a que les gens forts qui tendent la main. Ce sont les gents forts qui réconcilient. Et cette jeunesse ivoirienne après tant de débat qui n’avait aucun sens sur ‘’l’Ivoirité’’, après tant de divisions, a la chance d’avoir un président qui tient ses promesses et qui a une obsession à asseoir durablement la démocratie et le progrès dans son pays. La France, M. le président Ouattara, sera à vos côtés».

Alassane Ouattara :

‘’Nous avons été comblés par tous les efforts faits par la communauté internationale’’
«Monsieur le président, à mon tour, je voudrais vous saluer et vous remercier et vous dire que la démocratie, c’est le choix du peuple et le peuple ivoirien a choisi dans sa grande majorité de me porter à la tête de la Côte d’Ivoire le 28 novembre 2010. Nous connaissons la suite des évènements douloureux pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. D’un moment, la crise postélectorale a été particulièrement pénible pour mes concitoyens. Nombreux ont été assassinés, plus de trois mille, mais nous avons tenu bon et nous avons été comblés par tous les efforts faits par la communauté internationale. En particulier par la France, qui a su mobiliser la communauté internationale pour soutenir le choix du peuple ivoirien. Bien entendu, la situation a duré des mois et grâce à votre courage (ndlr : Nicolas Sarkozy), la majorité des Ivoiriens a connu un dénouement heureux dans cette situation, par le mandat des Nations Unies pour protéger les Ivoiriens qui faisaient l’objet de massacres par centaines tous les soirs. Je voudrais donc au nom du gouvernement et au nom de tous les Ivoiriens, vous dire un grand merci. Et dire que nous admirons votre courage. Permettez-moi M. le président en tant qu’ami, de dire à quel point nous sommes convergents sur nos convictions. Nous croyons en la démocratie, le choix du peuple, nous croyons également qu’en période de difficulté, il faut tenir bon, il faut convaincre, il faut aller de l’avant. Cela est essentiel pour une grande nation comme la France. La Côte d’Ivoire est maintenant en paix, la Côte d’Ivoire poursuit son chemin sur le développement et une accélération de ce développement. En 2012, nous aurons un taux de croissance de 8 à 9% après une chute de la production en 2011. Nous avons de nombreux investisseurs qui viennent et bien entendu, j’en appelle aux opérateurs privés français de revenir en Côte d’Ivoire. Nous connaissons des difficultés qui ont été les leurs en novembre 2004, quand de nombreux Français ont dû être expatriés. Mais grâce à votre courage, nous avons pu éviter cela en avril 2011. C’est un élément important que je voudrais souligner, parce que si les choses avaient été faites dans la précipitation, ce sont des milliers de Français qui seraient revenus par avions ou par bateaux dans des conditions de détresse totale. Maintenant que nous sommes de retour sur le chemin de la paix et que la relance économique est totalement engagée, je voudrais saluer tous les efforts de la France. Que ce soit au plan diplomatique, au plan financier, car grâce à la France, dès la fin de la crise, les fonctionnaires ont pu être payés de leurs arriérés de salaires et la situation a pu être normalisée. Et surtout nous avons pu engager des efforts de reprise, de normalisation de la situation en Afrique de l’Ouest. Maintenant que la diplomatie ivoirienne a pu reprendre, je peux vous dire que la France a une place particulière dans notre cœur. Je n’ai jamais rencontré une famille française où tel ou tel n’a pas connu la Côte d’Ivoire dans son enfance. Et je rappelle souvent à certains de nos partenaires que notre premier président (ndlr : Houphouët-Boigny) a été membre du gouvernement français sous la quatrième République. C’est dire l’étroitesse des liens, des liens historiques, des liens d’amitié, des liens de coopération. Je terminerai en saluant tous les Français pour le soutien que nous avons eu. Monsieur le président, Dominique et moi même voudrions vous dire, vous et Carla Bruni Sarkozy, toute notre amitié et vous dire que cette amitié qui est très forte entre la Côte d’Ivoire et la France, continuera de se renforcer davantage. Merci M. le président!»

Catherine Balineau, envoyé spéciale d’IvoireBusiness à l’Elysée