Salon de l’épargne 2022: Adama Coulibaly invite les banques à trouver des mécanismes de résilience

Par Ivoirebusiness- Salon de l’épargne 2022. Adama Coulibaly invite les banques à trouver des mécanismes de résilience.

« L’environnement économique est devenu incertain, nos économies doivent s’adapter pour résister aux chocs. Il ne s’agît plus de trouver des solutions pour des crises ponctuelles ou passagères mais de mettre en place des mécanismes de résilience, pouvant contenir l’effet des crises successifs et superposés’, a déclaré Adama Coulibaly, ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, représentant le Vice-Président de la République, Koné Tiemoko Meyliet. C’était à l’ouverture de la 5ème édition du Salon de l’épargne, de l'investissement et du patrimoine (SEIP) qui se tient du 10 au 11 novembre 2022, au Sofitel Hôtel Ivoire, à Abidjan.

Justifiant sa position, Adama Coulibaly explique que les économies nationales sont fortement dépendantes de l’extérieur. Pourtant, ces dernières années ont été marquées par de nombreux évènements qui ont affecté l’économie nationale, notamment la Covid-19 qui a entraîné une récession de l’économie mondiale de l’ordre de 3,1 % et la crise en Ukraine qui a exacerbé les conséquences de la Covid-19 sur les populations à travers la perturbation des chaînes d’approvisionnement.

Selon lui, cette crise a également entraîné le durcissement de conditions de financement, que les politiques adoptées par les principales banques pour atténuer les craintes sont restées insuffisantes, à cela s’ajoutent les multiples facteurs de risques des économies locales qui connaissent déjà des difficultés, du fait du changement climatique et la crise sécuritaire dans la sous-région.

« Selon l’Agence Uemoa, la dette extérieure des pays de l’Uemoa, en 2021, représentait 33,7% du Pib régional, contre 22,4% pour la dette intérieure. Au niveau des ménages la demande de crédits est loin d’être comblée, quand le secteur privé manque de financement pour réaliser son plein potentiel, ce qui l’empêche de contribuer efficacement à la création d’emploi et au développement économique. Cette faiblesse des financements pour combler les besoins en investissement trouve sa source dans la mobilisation de l’épargne intérieure. Selon la Banque mondiale, la dette intérieure de l’épargne brute des pays de l’Uemoa est estimée à 3,9%, en 2021, contre 36,7% en Asie orientale et des pays du pacifique. En Côte d’Ivoire ce taux représente 22% du PIB », a-t-il dit.

Selon le ministre Adama Coulibaly, la faiblesse de ces taux est due principalement à 3 facteurs, un accès difficile au service bancaire (1) caractérisé par des conditions trop sévères, ne favorisant pas la bancarisation des ménages, en particulier ceux à faible revenu, un faible taux de pénétration des institutions bancaires (2) et des produits d’épargnes peu attractifs (3).

Autre élément évoqué par le ministre est le caractère informel de l’économie ivoirienne (soit 80% de l’épargne nationale), la faible part accordée aux Très petites entreprises (TPE) dans l’économie formelle.

Pour lui, une meilleure efficacité de l’épargne locale pourrait permettre de réduire la dépendance de l’épargne extérieure, en ce qui concerne les besoins en financement, en vue de l’émergence de l’économie nationale par un financement plus accru.

« il vous appartient de trouver le modèle idoine pour redynamiser l’épargne interne pour renforcer sa mobilisation, alléger et rendre plus flexible les procédures bancaires pour attirer les acteurs du secteur informel et les populations rurales vers le système bancaire, mettre en place sur la base d’étude des produits adaptés à notre économie nationale, assouplir les conditions de financements des PME à travers une meilleure augmentation et segmentation de la clientèle et poursuivre les développement pour la digitalisation des services banquiers », a-t-il recommandé.

Aussi-at-il rappelé les réformes entreprises par le gouvernement ivoirien pour rendre attractif le secteur financier (la Caisse d’épargne et de crédit, la mobilisation de l’épargne de la diaspora, l’observatoire de la qualité des services et la création de l’agence de promotion de l’inclusion financière, l’assainissement du cadre macro-économique, la garanti des prix rémunérateurs aux producteurs et l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), qui a s’est passé de 36 000 à 60 000 F CFA, la revalorisation des salaires des fonctionnaires

Malgré ces actions pour atténuer cette crise sur le niveau de vie des populations et permettre aux acteurs privés de poursuivre leur plan d’investissement et de rendre le système national productif, des efforts restent à faire. C’est pourquoi, il s’est félicité de l’engouement suscité par cet événement qui traduit l’engagement de tous à la recherche de solutions à l’économie nationale. Aussi, a-t-il invité les parties prenantes à mutualiser leurs efforts pour une meilleure inclusion financière et une mobilisation accrue de l’épargne intérieure au profit du développement de la Côte d’Ivoire.

Ce salon prend fin le vendredi 10 novembre 2022.

Eugène YAO (via Opera News )