Sahel: Paris rejette le "diktat des terroristes" après la mort de 2 otages

PARIS (AFP) - 10 janvier 2011 - La France a rejeté dimanche "le diktat des terroristes" et mis en garde ses ressortissants au Sahel au lendemain de l'échec d'une opération militaire franco-nigérienne pour tenter de sauver deux

De Afp. Le restaurant le Toulousain où ont été enlevés les deux français.

PARIS (AFP) - 10 janvier 2011 - La France a rejeté dimanche "le diktat des terroristes" et mis en garde ses ressortissants au Sahel au lendemain de l'échec d'une opération militaire franco-nigérienne pour tenter de sauver deux

otages, probablement exécutés par leurs ravisseurs à la frontière malienne.
"Les démocraties, c'est leur honneur, c'est leur noblesse, doivent lutter pied à pied contre ces barbares venus d'un autre âge qui veulent terroriser le monde entier. Nous n'accepterons jamais le diktat des terroristes et du terrorisme", a déclaré dimanche le président français Nicolas Sarkozy, en visite dans les Antilles.
Le rapt n'a pas été revendiqué, mais tous les soupçons se portaient dimanche sur la branche maghrébine d'Al-Qaïda, Aqmi, déjà responsable de plusieurs enlèvements de Français au Sahel.
Interrogé sur une éventuelle responsabilité d'Al-Qaïda dans cet enlèvement, le ministre français de la Défense Alain Juppé a déclaré dimanche soir sur la chaîne de télévision TFI qu'il n'y avait pas encore de revendication, mais que "compte tenu des circonstances dans lesquelles s'est déroulé cet enlèvement, il y a peu de doutes".
Le porte-parole de l'état-major des armées, Thierry Burkhard, avait fait état auparavant d'"un faisceau de présomptions" pour imputer la mort des deux otages français à Aqmi, en soulignant toutefois qu'il n'y a "pas de certitudes pour l'instant".
Antoine de Léocour et Vincent Delory, deux Français de 25 ans, ont été enlevés vendredi soir dans un restaurant de Niamey par des hommes armés qui les ont emmenés vers la frontière malienne, au nord.
Antoine avait vécu au Niger et travaillait depuis six mois pour l'organisation humanitaire Aide médicale internationale (AMI) en Centrafrique. Il était en congés à Niamey où il devait épouser une jeune Nigérienne. Son ami d'enfance, Vincent, l'avait rejoint et devait être son témoin.
Ils ont péri samedi au cours d'une opération réalisée par la garde nationale nigérienne et coordonnée par des militaires français, au nord de la localité de Tiola, à la frontière du Mali. Leurs corps ont été rapatriés dimanche à Niamey, selon une source sécuritaire nigérienne.
"La décision, grave, a été prise par le chef de l'Etat, chef des armées, en étroite coordination avec le Premier ministre et moi-même", a ajouté M. Juppé.
"Ne rien faire, c'était prendre un double risque. D'abord le risque de voir nos otages emmenés par les ravisseurs dans l'une de leurs bases refuge au Sahel, et l'on sait ensuite comment ils sont traités (...) Ensuite un deuxième risque, plus global : Ne rien faire c'est donner un signal que la France ne se bat plus contre le terrorisme", a poursuivi le ministre de la défense.
Evoquant un "drame épouvantable dans sa brutalité, dans son absurdité", le ministre a indiqué que "tout donne à penser aujourd'hui" que les deux otages "ont été exécutés par les ravisseurs".
"Pour en avoir la preuve formelle, il faut que l'enquête judiciaire, de médecine légale, qui va être en cours, avec les autorités nigériennes, mais aussi sous la responsabilité de la France, puisse aboutir à des conclusions définitives", a-t-il précisé.
Interrogé sur le stratégie française vis-à-vis du terrorisme, M. Juppé a souligné que "le terrorisme nous menace tous, la France, beaucoup de pays européens", "bien sûr les Etats-Unis, mais d'autres pays".
"Il faut se battre contre ce véritable fléau et c'est le sens de l'engagement de la France (...) Comme le Président de la République l'a dit, nous sommes déterminés à mener ce combat", a-t-il dit.
A Niamey où M. Juppé est atttendu lundi, une source sécuritaire nigérienne a affirmé à l'AFP que quatre ravisseurs avaient été tués et évoqué plusieurs morts du côté des forces de sécurité nigériennes.
A Niamey, jusque là réputée comme sûre, l'inquiétude était palpable dimanche, même si aucun dispositif de sécurité particulier n'était déployé aux abords de l'ambassade de France ou du restaurant où le rapt a eu lieu.
Pour Moussa Aksar, directeur de publication de journal privé l'Evénement, "les enlèvements à Niamey prouvent qu'Aqmi et ses sous-traitants peuvent frapper n'importe où et n'importe quand. C'est donc l'alerte générale".