Rumeurs d’attaque et d’évasion: La prison des militaires (Mama) bouclée

Le 14 mai 2012 par Soir Info - Les mesures sécuritaires prises visent à tuer dans l’œuf toute velléité d’évasion, selon Ange Kessi.

Ange Kessi Kouamé, procureur militaire.

Le 14 mai 2012 par Soir Info - Les mesures sécuritaires prises visent à tuer dans l’œuf toute velléité d’évasion, selon Ange Kessi.

La météo, au plan militaire, ces derniers jours, n’est pas bonne et inspire inquiétudes au plus haut niveau de l’Etat et de la hiérarchie des Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire).
Les récentes évasions à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) et à la prison civile d’Agboville sont interprétées comme de dangereux signaux. A la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (Mama), soufflée par un vent d’attaque et d’évasion, le Commissaire du gouvernement, le procureur miliaire Ange Kessi Kouamé vient de renforcer le dispositif sécuritaire. Le samedi 12 mai 2012, le contrôle des installations, des différentes cellules, les salles de réception lui a permis de se faire une opinion précise de l’état de faillibilité de cette maison d’arrêt militaire qui abrite, en ce moment, des pensionnaires de poids dont certains sont dans la ligne de mire de la Cour pénale internationale ( Cpi). Un état des lieux qui l’a amené à durcir les conditions à l’intérieur et aux alentours de la Mama. « J’ai renforcé le dispositif de sécurité. Rien ne sera plus comme avant. Les conditions carcérales restent les mêmes, mais nous avons pris des mesures rigoureuses de sécurité pour faire échec à toute éventualité », nous a dit le procureur militaire en charge des dossiers de certains officiers en détention à la Mama. La Mama compte à ce jour 126 prisonniers (condamnés, inculpés et les détenus nouvellement arrêtés). Le nombre de soldats affectés à la surveillance de cette prison militaire est passé du simple au triple depuis samedi dernier. Les visites seront dorénavant passées à la loupe et très strictes. Pas de visites de parents, jusqu’à nouvel ordre, aux détenus inculpés qui sont dans l’attente de leur procès. Une unité para-commando du Gim (Groupe d’intervention mobile) de la gendarmerie nationale, une autre de l’état-major ont été réquisitionnées pour appuyer les gardes présents sur place à la Mama. Ce sont des « gaillards », aux visages impénétrables, les doigts posés sur la détente de leurs kalachs… Mais le procureur militaire ne s’est pas simplement contenté de durcir les conditions carcérales des pensionnaires de la Mama. Il a aussi longuement échangé avec eux pour se faire une idée sur leur état d’esprit. Ils sont quelques-uns, dont le commissaire de police Atsin Vivianne, qui lui ont fait cas de « leur état de santé », quand d’autres pensionnaires ont évoqué « la lenteur de leur procédure devant le Tribunal militaire ». Le commissaire du gouvernement qui les a écoutés a promis d’apporter, dans la mesure de ses possibilités, des réponses à leurs requêtes. Nos échanges ont porté aussi sur le colonel Katé Gnatoa Paulin, que l’on présente au Tribunal militaire d’Abidjan, comme le mentor du commandant déserteur Abehi et qui serait le cerveau de la cellule dormante à Abidjan qui a été mis aux arrêts. « Sans ce colonel, Abehi n’est rien. Il est la tête pensante du réseau d’Abidjan. On ne peut pas avoir à la Mama un homme aussi dangereux sans prendre des mesures exceptionnelles», nous a confié un juge militaire en charge de son dossier qui accompagnait Ange Kessi dans cette inspection. Sur les motifs de l’arrestation de ce colonel, Ange Kessi n’en souffle pas mot. « Oui, il a été mis aux arrêts et interné à la Mama. Souffrez que je n’en dise pas davantage. L’enquête est en cours, vous serez informez sur son évolution » a-t-il esquivé notre question. Signalons que le colonel Katé Gnatoa Paulin, était de la garde républicaine sous le régime de Laurent Gbagbo déchu le 11 avril 2011. La rumeur l’avait donné pour mort en avril dernier alors qu’il était interné à la Polyclinique Sainte-Anne-Marie d’Abidjan (Pisam).

Armand B. DEPEYLA