Regrets chez les soutiens Ouattara : L’Union européenne désavoue le pouvoir

Le 01 juillet 2011 par le Temps - Le temps du soutien aveugle passé, c’est actuellement le temps des regrets chez les alliés de Ouattara qui reconnaissent à chaque

Sarkozy recevant Ouattara à l'Elysée.

Le 01 juillet 2011 par le Temps - Le temps du soutien aveugle passé, c’est actuellement le temps des regrets chez les alliés de Ouattara qui reconnaissent à chaque

occasion qu’ils «se sont trompés sur son compte» et qui ne manquent plus de l’exprimer ouvertement.
Ce n’est plus un secret pour personne. Les relations ne sont plus au beau fixe entre Ouattara et ses soutiens extérieurs, après le coup d’Etat de l’armée française qui a renversé Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Dans les milieux diplomatiques et les chancelleries européennes, des sources crédibles reviennent chaque jour sur la désillusion de Paris et des capitales européennes quant aux capacités à gouverner efficacement la Côte d’Ivoire pour relever les défis nées de l’anéantissement de économie du pays par la «coalition alliée» contre le président Gbagbo. Déjà, un diplomate français, notant les atermoiements, les tâtonnements, les ratés et le manque de lisibilité qui entourent les actions approximatifs de Ouattara, ne cachait pas que la France s’est mépris sur les aptitudes réelles de son pion à diriger et la popularité dont il était censé
jouir dans le pays. «Certes Paris fait un constat bien tardif mais qui n’est pas moins vrai. Mais les parrains du mentor du Rdr ont sans doute de mérite de reconnaître leur erreur et il n’y a pas de honte à le faire. Le drame est que trop d’innocents sont morts pour rien, trop de choses ont été détruites inutilement», regrette un observateur proche des troupes françaises qui ont perpétré le dernier coup d’Etat de la France en Afrique. «Un coup pour rien», semblent dire les personnalités françaises désabusées qui rejoignent aujourd’hui ceux qui avaient déconseillé ce coup de force au président français qui «…est allé trop loin dans la crise ivoirienne, il n’aurait pas dû en arriver là». Mais le mal est fait. Et la triste réalité est que «Ouattara n’est pas à la hauteur de la tâche», murmurent beaucoup de conseillers dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, à en croire certaines indiscrétions.
Les capitales européennes excédées…
A l’Elysée, c’est le profil bas pour les comploteurs. Dans la mesure où la crise ivoirienne risque de peser lourd pour le candidat Sarkozy lors de la prochaine campagne de l’élection présidentielle 2012 en France. Surtout après l’affaire Strauss Kahn, ex-Dg du Fmi. Un homme qui inquiète Sarkozy et qui pourrait en savoir beaucoup sur certaines choses...
Pis, «le Trésor français qui éprouve lui-même des difficultés n’est pas prêt à débourser un rond pour les nouveaux maîtres d’Abidjan», confient des diplomates français, sous cape. Surtout tant que leurs gens en armes circuleront à travers le pays. Mais le malaise créé par le nouveau pouvoir ivoirien ne s’arrête pas qu’à Paris. Dans les capitales européennes où le pouvoir en place a effectué des démarches pour demander des aides et des prêts, «les milieux financiers sont excédés par la propension du régime actuel à tendre la main à tout bout de champ». Même si ceux-ci restent courtois dans le ton de leurs vagues promesses à Ouattara, une autorité européenne «irritée par le harcèlement» des demandeurs, leur aurait, selon nos sources, répondu ce qui suit de façon cinglante: «Laurent Gbagbo a dirigé la Côte d’Ivoire pendant que le pays était occupé en partie par les ex-rebelles en mettant en place un budget basé sur les ressources de son pays. Jamais il n’a demandé un centime à qui que ce soit». En fait, celui-ci n’a fait que dire tout haut ce que les Européens pensent tout bas de leurs alliés ivoiriens. La réalité est que l ’Union européenne, confrontée elle-même à une crise économique et budgétaire accrue, n’a pas d’argent à donner à un chef d’Etat africain actuellement. Pour s’en convaincre, il suffit de comprendre que des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande pour ne citer que les plus malades sont au bord de la faillite. Chaque jour, ces pays en difficulté pleurent et sollicitent l’aide financière de l’Ue qui, jusque-là, n’a pas encore trouvé un sou pour les sauver de ce naufrage collectif imminent. Une situation qui menace dangereusement l’union au plan économique et «qui risque d’ébranler financièrement l’Europe et même les Etats-Unis», ont averti les hautes autorités grecques qui sont aujourd’hui confrontées à des vagues de manifestations syndicales et populaires. Nul n’est donc besoin de sortir de la plus grande université du monde pour comprendre que les soutiens de Ouattara se cherchent eux-mêmes. Et on ne voit pas comment ils trouveraient à l’heure où nous parlons, 13.000 milliards de F pour Ouattara, alors qu’ils n’ont pas encore résolu les problèmes de pays européens, membres de l’Ue. En clair, ce n’est pas à un pays africain que l’Ue donnera de l’argent au moment où elle a du mal à sortir ses propres membres des problèmes financiers qui les secouent actuellement. Les rêves du nouveau pouvoir quant au déluge de milliards promis par Ouattara lors de sa campagne électorale et attendus par ses électeurs, si elle repose sur une aide de l’Europe et du Fmi, relèverait tout simplement de la chimère. La désillusion est donc grande pour «les preneurs de crédité» qui essuient actuellement un cinglant revers de la part des leurs alliées qui, comble du désamour, les renvoient à l’école de Laurent Gbagbo
Les bailleurs de fonds renvoient Ouattara à l’école de Gbagbo
En effet, les partenaires de Ouattara lui auraient poliment demandé de s’inspirer de l’exemple de Laurent Gbagbo qui, au moment où il était au pouvoir, a su réaliser une prouesse économique dans une situation difficile. En d’autres termes, «les Blancs ont conseillé au nouveau pouvoir d’aller demander à Laurent Gbagbo comment il a fait pour diriger un pays en guerre pendant 10 sans prendre crédit», a dit, pour ironiser, un observateur de la scène économique ivoirienne. Avant de rappeler que le président Gbagbo était même sur le point de sortir la Côte d’Ivoire de l’endettement car il a réussi, par sa bonne gestion, à atteindre le «Point d’achèvement de l’initiative Pays pauvre très endetté». Et il aurait réussi si Ouattara et ses alliés ne lui avaient pas mis les bâtons dans les roues. Ce qui aurait permis à la Côte d’Ivoire d’économiser au moins 500 milliards de F par an. Car, avec Laurent Gbagbo, c’était du concret, sur la base des ressources propres et du travail des fils et filles de la Côte d’Ivoire. Et non d’hypothétiques pluies de milliards, sur la base de l’aide qu’on attend des autres. «Cette remarque sur la bonne gestion de l’économie ivoirienne par Laurent Gbagbo, l’on s’en doute, n’aurait pas été du goût du nouveau pouvoir qui en aurait été vexé et frustré», selon nos sources. Car l’ombre de Gbagbo, dont les Ivoiriens attendent la libération, plane, plus épaisse que jamais sur le pays, au fur et à mesure que les nouvelles autorités montrent leurs limites.
K. Kouassi Maurice

Tueries massives en Côte d’Ivoire : La Cpi évite les crimes de la France en Côte d’Ivoire

Dans le dossier ivoirien, la Cpi a déjà rendu son verdict ; c’est Gbagbo qui a commis des crimes et pas quelqu’un d’autre .Et pourtant… Ils sont bien heureux, à l’arrivée à Abidjan de Fatou Bensouda, la Procureure adjointe de la Cpi, car pour eux, c’est le moment idéal pour pendre à jamais Laurent Gbagbo l’ennemi commun .Tout le monde sait que la Cour pénale est en Côte d’Ivoire à la demande expresse de Ouattara à travers qui Sarkozy veut avoir la peau du président Gbagbo. En dépit du fait que la Côte d’Ivoire n’a pas ratifié le traité de la Cpi et donc pas membre, Alassane s’est empressé de l’appeler à sa rescousse, sûr du soutien de la France .La juridiction internationale qui est plus au service des puissances occidentales débarque donc à Abidjan avec des idées orientées. Par exemple quand elle évoque en substance des femmes massacrées dans la commune d’Abobo, ça sent du déjà entendu dans les rangs du pouvoir du temps de l’opposition .On se rappelle que le Rdr a outrageusement grossi cette affaire à l’échelle internationale pour dépeindre le Président Gbagbo sous des traits d’un horrible dictateur. Depuis l’arrivée de cette dame, le camp présidentiel avec ses médias tentent de donner un seul son de cloche en ne trouvant les victimes que dans le camp du Rhdp. L’objectif est bien connu : il s’agit d’émouvoir la procureure adjointe de la Cpi. Ce qui donnerait un sens unique à son enquête. Surtout qu’elle leur a apporté de l’eau au moulin avec ses déclarations. Pourtant dans cette crise, les crimes ne sont même pas là ou on les croit. Si la Cour pénale internationale veut appliquer le Droit en Côte d’Ivoire, elle pourra faire jaillir la vérité qui continue d’être masquée à l’échelle mondiale. La France qui se fait donneuse de leçon est entièrement partie prenante dans le dossier ivoirien. Elle n’est pas neutre. Elle est la principale force opposée à Gbagbo. Le Rhdp n’a été qu’un instrument utilisé en Côte d’Ivoire. La preuve, durant toute la crise postélectorale, la Force française Licorne a été en première ligne dans les combats .Dans les bombardements du palais présidentiel, il y a eu plusieurs civiles tués à la résidence de Cocody. Pour le moment, il n’y a pas de chiffre exact des victimes mais ce sont plusieurs milliers de jeunes qui ont été massacrés par la Licorne, loin des caméras et des objectifs des médias internationaux. Jusque-là, personne n’en parle. Ailleurs dans des pays véritablement démocratiques ,de tels crimes ne passeraient pas inaperçus. Mais en Afrique , la France peut au nom de ses intérêts, commettre les pires crimes, personne ne lèvera le petit doigt car il s’agit de l’empire .Et chose pire, pendant cette même crise postélectorale, c’est encore l’armée française soutenue par l’Onuci qui a organisé et équipé la rébellion d’Abobo qui a commis de graves exactions sur la population .On se rappelle bien, le fameux Commando invisible qui a brûlé nuitamment le village de Anonkoi-Kouté dans la commune d’Abobo. C’était l’horreur à son comble avec plusieurs personnes brûlées vives. Bien d’autres atrocités ont été commises par des chefs de guerre nommément cités. La Cpi doit ouvrir ce dossier. Par exemple à Yopougon, Chérif Ousmane et Ousmane Coulibaly sont accusés par Amnesty International et Human Rights Watch d’être les auteurs de ces massacres. A l’Ouest, Duékoué a connu des massacres à grande échelle. Il y a l’autre chef de guerre, Eddy Meddy, qui est cité comme auteur de ces crimes. Les rapports des organisations internationales comme Human Rights Watch, Amnesty International et la Commission d’enquête de l’Onu décrivent largement l’ampleur de ces crimes. A ce sujet, voici un extrait du constat de Navi Pillay, Haut commissaire aux Droit de l’Homme aux Nation unies : «Des témoignages accusent ces soldats d’implication dans des violations des Droits de l’Homme à Abidjan comme dans le reste du pays, incluant des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture, des viols, des pillages et des extorsions». Voila qui est clair. La procureure adjointe de la Cpi a de quoi à récolter. Elle ne doit pas biaiser le travail en Côte d’Ivoire.
Guéhi Brence