Prétendu soutien des pro-Gbagbo à Ouattara le 11 avril 2011: Koné Katinan déshabille Mamadou Koulibaly
Par IvoireBusiness - Koné Katinan fait de graves révélations sur Mamadou Koulibaly.
Communiqué du ministre Koné Katinan relatif aux propos de Mamadou Koulibaly sur la chaîne camerounaise STV2
Le jeudi 12 septembre 2013, le professeur Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, ancien troisième Vice-président du Front populaire ivoirien (FPI), et actuel président-fondateur du parti politique Lider, était l’invité de la chaine de télévision camerounaise STV2, dans une émission intitulée, « Entretien avec » Au cours de cet entretien, le professeur Mamadou Koulibaly a tenu les propos suivants :
« J’ai fait lire ma déclaration de reconnaissance de Monsieur Ouattara comme président de la République par un Conseiller spécial du président Laurent Gbagbo, Kadet Bertin et par Koné Katinan à Accra et par Miaka Ouretto à Abidjan ».
Pour ma part, je juge très graves et tendancieux ces propos, parce qu’ils sont de nature à jeter un discrédit sur le sérieux avec lequel, j’entends mener la mission que le président Laurent Gbagbo m’a fait l’insigne honneur de me confier. C’est pourquoi, usant de mon droit de réponse, j’adresse en guise de démenti, à la chaine de télévision qui a diffusé les propos du professeur Mamadou Koulibaly, la présente qui s’organise autour d’une relation rigoureuse des faits (I), suivie de quelques commentaires (II).
I/ Relation des faits
Lorsque le 11 avril 2011, l’armée française arrête illégalement le président Laurent Gbagbo, pour parachever le coup d’Etat entamé depuis le 19 septembre 2002, deux solutions s’offraient à moi. Me mettre sous la protection de l’Onuci, ou aller en exil pour sauver ma vie et celle de ma famille. C’est finalement cette dernière option que j’ai prise en raison du rôle inadmissible qu’a joué l’Onu dans le coup d’Etat perpétré contre le président Laurent Gbagbo, et les tueries qui l’ont aussi bien précédé que suivi. Cette option me donne en outre, l’opportunité de continuer la lutte politique pour le retour de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire. Lorsque le 13 Avril 2011, je traverse la frontière ghanéenne, je ne suis animé que d’une seule volonté. Rencontrer immédiatement le professeur Mamadou, encore président de l’Assemblée nationale qui vit pratiquement dans ce pays. Il est constitutionnellement investi pour tirer profit de la vacance forcée du pouvoir générée par le coup de force opéré contre le président de la République. Pour moi, il constitue le seul acteur sur lequel nous pouvions légitimement bâtir une action légale pour revendiquer le retour de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire, provisoirement avec lui, afin de préparer le retour immédiat du président de la République illégalement enlevé. J’en ai même la ferme conviction malgré le fait que dès l’arrestation du président Laurent Gbagbo, le professeur Mamadou Koulibaly, en sa qualité de président de l’Assemblée nationale, se fût précipitamment rendu à l’Hôtel du Golf, pour rencontrer Monsieur Ouattara. C’est donc en toute hâte, le lendemain de mon arrivée à Accra, que je cherche à rejoindre le professeur Mamadou Koulibaly au téléphone, pour lui signifier mon arrivée et également lui exprimer toute ma volonté de me mettre à sa disposition pour la suite du combat, tel que je l’imaginais. Le lendemain 14 avril, j’appelle le Professeur sur son numéro GSM. Le téléphone est décroché par le docteur Brissy Claude également député à l’Assemblée nationale, qui m’informe que le président Mamadou Koulibaly n’est pas disponible, mais qu’il me rappellerait dès que possible. Une semaine après, impatient d’attendre le coup de fil du président Mamadou Koulibaly, et compte tenu des rumeurs persistantes qui faisaient état de la volonté manifestée par le professeur Yao Ndré, président du Conseil constitutionnel, de recevoir le serment de Monsieur Ouattara comme président de la République de Côte d’Ivoire, je rappelle le président Koulibaly. J’ai la chance de l’avoir finalement, ce jour-là. J’en suis à la fois heureux et très enthousiaste. Après les civilités d’usage, je lui pose frontalement la question :
« Président, qu’est-ce qu’on fait devant l’imposture en Côte d’Ivoire ?».
Voici ce que me répond le président Mamadou Koulibaly :
« Il n’y a rien à faire, Gbagbo est fini, le Fpi est mort, il n’y a plus de Fpi, Ouattara nous a laminés. Les Ivoiriens n’ont pas dit que jamais un Burkinabé ne les gouvernerait, et bien Ouattara va les gouverner. Il est plus fort que nous. Il ne nous reste plus qu’à aller lui faire allégeance. C’est la seule chose qui nous reste. Sinon il va nous écraser définitivement. »
A cette réponse du président Koulibaly, mes bras m’en tombent. Je m’effondre quasiment. Mais je reprends mes esprits et je reviens à la charge en ces termes :
« Mais président tu ne peux pas faire ça. Dieu a voulu que dans la hiérarchie à la fois de l’Etat et du parti, tu sois celui qui aies échappé aux arrestations, il faut réorganiser immédiatement ce qui reste du parti et de La Majorité Présidentielle, pour poursuivre le combat jusqu’au retour du président Laurent Gbagbo. Mon problème n’est pas la nationalité de celui qui va gouverner les Ivoiriens. Qu’il soit un extra-terrestre ou un des dieux de la mythologie grecque, cela est moins grave que le viol de la Constitution et la méprise du vote des Ivoiriens opérés par les promoteurs et les artisans du coup d’Etat perpétré contre le président Laurent Gbagbo, et de sa conséquence sur la cohésion nationale. N’oublie surtout pas que dans la conscience populaire, le président Laurent Gbagbo a été évincé du pouvoir par une coalition des gens du Nord de la Côte d’Ivoire. La position que tu avances pourrait bien renforcer cette opinion. Ne fais pas ça, sinon, ce sera très mal vu ».
Le professeur Mamadou Koulibaly me rétorqua :
« La seule chose qui nous reste c’est d’aider Ouattara à entrer dans la légalité, afin que nous-mêmes, nous puissions exercer librement notre rôle d’opposition. ».
Je lui réponds :
« Mais président, quelle garantie Ouattara te donne-t-il quant à la libération du président Laurent Gbagbo et au respect du jeu démocratique ? A mon avis, nous devons nous battre pour imposer le respect de la Constitution de notre pays. Elle est notre meilleure arme. »
Ce à quoi le président Mamadou me répond :
« Je n’ai aucune garantie, et d’ailleurs, nous ne sommes pas en situation de d’exiger quoi que ce soit. Nous sommes laminés. Parler maintenant de la libération de Gbagbo est une question qui fâche, il faut laisser ces questions au temps. Je vais aux USA dès le lundi prochain (lundi 18 avril) , à mon retour on se verra ».
Notre conversation a duré ce jour-là au moins 45 minutes. Mon insistance n’a pas infléchi la position du président Mamadou Koulibaly. Cette nuit a été l’une des plus difficiles de ma vie. Je suis sorti totalement démobilisé par le discours de celui qui constituait pour moi, le dernier recours. Ma peine sera d’autant plus grande que juste quelques jours après, le président Affi Nguessan sera arrêté. Je ne recevrai plus de nouvelles du président Mamadou Koulibaly, jusqu’à ce qu’une réunion soit convoquée par lui, deux semaines après, à laquelle je suis convié. La réunion qui se tient dans une salle non loin de la nouvelle présidence de la République du Ghana enregistre la présence des personnes suivantes.
Madame Akissi Dodo
MM.
• Mamadou Koulibaly,
• Brissy Claude
• Assoa Adou
• Kadet Bertin
• Djédjé Benjamin
• Hubert Oulaye
• Koné Katinan Justin
• Secré Richard
• Koffi Aka
A cette réunion, le président Mamadou Koulibaly réaffirme sa position qui consiste à reconnaître Monsieur Ouattara comme président de la République, avec pour souci selon ses propres dires, de le faire rentrer dans la légalité. Ce jour-là encore, j’ai réaffirmé de façon claire et nette, mon opposition à cette démarche. J’ai dit que je trouvais une telle démarche de notre parti indécente au moment où le président Laurent Gbagbo et les principaux dirigeants du Fpi étaient en prison. J’ai même, demandé que Mamadou Koulibaly nous explique, qu’est-ce que le président Affi avait dit de mauvais dans sa conférence de presse, qui du reste a été empêchée, pour qu’il fût arrêté et jeté en prison ? L’opinion majoritaire qui s’était dégagée de cette réunion s’opposait à l’entreprise de Mamadou Koulibaly. Malgré cela, il s’est rendu en Côte d’Ivoire, il y a rencontré certains des responsables de l’Etat et du parti aussi bien détenus à la Pergola que dans les instances du parti, pour affirmer que nous avons convenu avec lui de ce qu’il devait faire. Il a présenté la liste de présence que certaines personnes présentes à la réunion avaient refusé de signer, comme pièce à conviction de notre agrément à sa démarche. La relation des fait ci-dessus faite, ramenée aux propos de Mamadou Koulibaly appelle de ma part les commentaires suivants :
II/ Commentaires
Depuis mon arrivée à Accra, je n’ai eu contact avec le président Koulibaly qu’à deux reprises seulement. Une fois au téléphone et une seconde fois à la réunion publique que je viens de relater ci-avant. J’ai mentionné le nom de tous les participants à cette réunion pour les prendre publiquement à témoin de mes propos. En dehors de ces deux occasions, je n’ai plus jamais eu de contact avec lui. Donc quand le président Mamadou Koulibaly affirme m’avoir lu sa déclaration de reconnaissance de Ouattara comme président de la République, il dit une contrevérité pour ne pas dire, par respect pour lui, autre chose. Il est constant qu’au moment où je m’oppose à sa démarche, je ne suis pas encore nommé par le président Laurent Gbagbo comme son porte-parole. Nous sommes en avril et ma nomination en tant que porte-parole intervient seulement le 26 mai 2011. La position que je prends ce jour-là est l’expression de mon refus quasi-obsessionnelle de l’injustice faite au président Laurent Gbagbo et au peuple ivoirien. Ce n’est donc pas une position circonstanciée qu’aurait spontanément générée ma mission de porte-parole. En effet, je ne me suis jamais départi de l’idée, qu’il est indécent pour chacun de nous (ses collaborateurs) de vouloir profiter de l’absence du président Laurent Gbagbo dans les conditions que l’on sait, pour élaborer des stratégies de conquête du pouvoir. Au contraire, une telle approche nous écarte de la victoire finale. Hier comme aujourd’hui, je reste solidement établi dans mes convictions que seul, le combat pour la libération immédiate du président Laurent Gbagbo nous conduira dans un bref délai à la victoire finale. La mémoire des nombreuses victimes civiles et militaires, notamment ces nombreux jeunes, que l’Histoire écrite par les vainqueurs de la guerre livrée à notre peuple, tente de faire passer en pertes et profits, nous impose cette démarche. Le peuple ivoirien nous le réclame. Tous ceux qui, en Afrique comme partout ailleurs, nous assistent dans ce combat, nous observent. Mon opposition à l’approche préconisée par Mamadou Koulibaly ne procédait d’aucune motivation personnelle. Loin s’en faut. C’est d’ailleurs par respect envers sa personne que je n’avais jamais rendu public les échanges que j’avais eus avec lui. Il l’en aurait été ainsi, aussi longtemps, que le président Koulibaly n’avait pas tenté, dans son entretien télévisé, de m’associer à une aventure que j’ai combattue et que je continue de combattre. Qu’il assume seul les conséquences de son aventure et qu’il m’en tienne très éloigné. S’il avait écouté mes supplications, il aurait connu meilleure fortune au sein du Fpi. En tout état de cause, le président Sangaré Abou Drahamane a rappelé il y a peu, que le Fpi n’a jamais chassé personne. Notre parti reste ouvert à tous ceux qui, ayant emprunté un chemin sans destination, expriment le désir sincère d’y revenir. C’est une sagesse que je conseille à mon aîné. Assumer ses choix, garder fermes ses convictions, sont les caractéristiques vertueuses de qui veut bâtir solide. Que nos oui soient oui et nos non soient non, au risque de devenir très vite, victimes de nos propres contradictions. Non je n’ai jamais ni entendu, ni vu la déclaration écrite par le président Mamadou Koulibaly pour reconnaître la qualité de président de la République à l’actuel chef de l’Etat ivoirien. Mon centre d’intérêt s’en trouve encore très loin actuellement.
Je prie la chaine de télévision STV2 de rendre publique ce présent démenti.
Le Ministre Justin KONE Katinan
Porte-parole du Président Laurent Gbagbo