Présidentielle: la Côte d`Ivoire fait un grand pas en adoptant une liste électorale
Le 12 septembre 2010 par AFP - ABIDJAN — Après l'adoption d'une liste électorale objet
de tensions depuis des mois, la Côte d'Ivoire fait un grand pas vers la présidentielle, prévue le 31 octobre après des reports en série depuis 2005, même si de lourdes tâches restent à accomplir.
Signé jeudi par le président Laurent Gbagbo, un décret autorise la délivrance de cartes d'identité et d'électeur aux 5.725.720 Ivoiriens inscrits sur la liste validée par la Commission électorale indépendante (CEI).
Le 12 septembre 2010 par AFP - ABIDJAN — Après l'adoption d'une liste électorale objet
de tensions depuis des mois, la Côte d'Ivoire fait un grand pas vers la présidentielle, prévue le 31 octobre après des reports en série depuis 2005, même si de lourdes tâches restent à accomplir.
Signé jeudi par le président Laurent Gbagbo, un décret autorise la délivrance de cartes d'identité et d'électeur aux 5.725.720 Ivoiriens inscrits sur la liste validée par la Commission électorale indépendante (CEI).
A l'unisson, l'exécutif, la médiation burkinabè et le représentant de l'ONU Youn-jin Choi l'assurent: à un peu plus de sept semaines du jour "J", l'élection est à portée de main.
Avec la liste, c'est en effet un obstacle de taille qui a été levé en vue du scrutin sans cesse repoussé depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, et censé clore la crise née du putsch manqué de 2002, qui a coupé le pays en deux. Un "acquis très important", a salué vendredi la France.
"Epine dorsale" de l'élection selon Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) et Premier ministre depuis l'accord de paix de 2007, le fichier électoral a provoqué pendant de longs mois tensions, polémiques et même une crise sanglante en février après la dissolution de la précédente CEI.
Le camp Gbagbo exigeait de "nettoyer" la liste des "fraudeurs" étrangers. La question de la nationalité divise depuis une quinzaine d'années ce pays de forte et ancienne immigration autour de la querelle de "l'ivoirité". Au final, seules quelque 50.000 inscriptions ont été retirées.
Cependant, "il reste du travail" d'ici au 31 octobre, a reconnu le chef de l'Etat.
Alors qu'un proche de M. Soro explique que la CEI a tardé à élaborer "l'architecture technique" du vote, d'importantes tâches techniques et logistiques sont encore à accomplir. Par le passé, le processus électoral a été abonné aux retards.
Les bulletins de vote, notamment, doivent rapidement être édités. L'Imprimerie nationale doit réaliser ce travail en coopération avec la CEI.
Mais la méfiance demeure: "nous serons très vigilants", affirme à l'AFP un cadre de l'opposition, craignant une "multiplication" de bulletins au bénéfice du président, candidat face à l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara.
Liste, bulletins et cartes d'identité et d'électeur (produites par la société française Sagem) devront être distribués à travers le pays. Il faut aussi recruter et former 66.000 agents électoraux.
Plus préoccupant, au plan sécuritaire, "on est loin du compte", souligne un expert.
Officiellement bouclé ces dernières semaines, le cantonnement, le désarmement et la démobilisation de milliers d'éléments ex-rebelles au nord tenu par les FN restent pour l'essentiel "symboliques", estime-t-il.
Le camp présidentiel, qui depuis des années en faisait une exigence absolue, se dit pourtant satisfait. De leur côté, les opposants remettent sur le tapis la question du démantèlement des milices pro-Gbagbo.
Enfin, le Centre de commandement intégré (CCI), structure mixte loyaliste/FN chargée de sécuriser l'élection, manque toujours d'hommes.
Dans ce contexte, un nouveau "glissement" du scrutin de quelques semaines n'est pas à écarter, juge un diplomate en poste à Abidjan tout en croyant à sa tenue en 2010, sauf "coup de théâtre".
La semaine dernière, Laurent Gbagbo avait soulevé des interrogations en évoquant, sans précision, "certains individus" qui prépareraient de "petits coups". Il avait promis de "mater tous ceux qui veulent créer des troubles" pour empêcher le vote.
De Thomas MORFIN