Présidentielle 2015/ Deux candidats « irréductibles », deux stratégies différentes, mais un objectif final complice : faire barrage à un deuxième mandat pour Ouattara
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Présidentielle 2015/ Deux candidats « irréductibles », deux stratégies différentes, mais un objectif final complice, faire barrage à un deuxième mandat pour Ouattara.
A peine monté sur le cheval CNC (sans être le candidat unique de la cnc), Charles Konan Banny, l’un des postulants qui n’a pas encore renoncé se présenter sous l’étiquette PDCI-RDA « dégaine et mitraille » en règle démocratique l’éligibilité d’Alassane Ouattara dont il fut un ami, mais un ami déçu. L’homme se sent désabusé à la fois par Ouattara et Henri Konan Bédié. L’homme entend le faire payer cash à ses deux ex-ami, mais comment ? Par le biais de l’article 35 de la constitution ivoirienne.
En langage juridique, on dira que la CNC soulève une « exception d’irrecevabilité » pour signifier que « Ouattara n’est pas éligible au regard de l’article 35 de la constitution».
Pour sa part, Essy Amara, porté par des groupes socio-professionnels et des partis politiques insoupçonnés, se déclare candidat de la réconciliation nationale. Position qui impose des contraintes dont le devoir de réserve sur certaines questions.
Se gardant « d’attaquer » Ouattara sous l’angle de l’l’inéligibilité (ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas une idée de la question), Essy Amara ouvre plutôt un autre angle d’attaque démocratique plus percutant et plus déroutant contre le régime RHDP.
Si la CNC semble se focaliser pour l’instant, aux questions de forme (l’éligibilité), Essy Amara, semble en avoir gros sur le cœur sur les questions de fond (la gouvernance).
Mais il serait assez réducteur et simpliste de déduire qu’Essy Amara ne serait pas intéressé par le débat de forme. Tout comme il serait également précipité de soutenir que Charles Konan Banny ne serait pas intéressé par le débat de fond. Les deux stratégies ne sont pas antinomiques et ne s’excluent pas l’une de l’autre.
Ces deux stratégies sont les deux faces d’une même médaille. Pour ainsi dire, le débat, en droit, pour être entier, il doit impérativement porter à la fois sur la forme et sur le fond. Et les deux gros poids lourds des candidats irréductibles semblent tactiquement et compte du temps limité, s’être partagés les rôles.
Les deux angles d’attaque sont en définitive complémentaires.
Tandis que les compagnons de Konan Banny collectent l’arsenal juridique capable de neutraliser voir paralyser l’acte de candidature de l’adversaire politique Ouattara, aux fins d’éviter que la candidature passe haut les mains à travers les mailles du conseil constitutionnel, Essy Amara a commis un commando d’experts en infrastructures et travaux publics, dont le rapport vise à délégitimer le bilan de la politique infrastructurelle et des travaux publics de Ouattara (sur la base des faits), au cas où le conseil constitutionnel n’arrivait pas à stopper (en première instance) l’appétit de monsieur Ouattara pour un deuxième mandat.
En tant qu’analyste de l’action politique de l’un et l’autre, nous pensons que c’est dans cette optique qu’Essy Amara, trois jours, seulement après avoir reçu le quitus permissif de ses parents à Koumassi datékro, le 9 juillet 2015, déclarait lors du meeting de Koun-Fao en date du 12 juillet 2015 : « En terme de développement infrastructurel, aujourd’hui, je ne vois rien qui n’ait été conçu avant. On ne fait qu’exécuter ce qui a été déjà conçu. Le pont HKB a été conçu sous Bédié et Gbagbo a trouvé le financement. L’autoroute, c’est Houphouët qui l’a fait… ».
Le fouineur intrépide www.connectionivoirienne.net , en investigateur averti et qui sait trouver, publia moins d’une semaine plus tard des extraits du rapport de la commission d’experts en infrastructures et travaux publics commise de mains de maître par Essy Amara lui-même, un admirateur féru des méthodes de rigueur d’Antoine Césaréo.
Enfin, parce que la vérité rougit les yeux sans les casser, avec l’avantage de guérir les sociétés humaines dans le sens de leur perfectionnement continu, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, prenez connaissance de l’état des lieux des infrastructures et travaux publics, carte joker du Président Alassane Ouattara.
Un document pris sur : www. Connectionivoirienne.net
Sans présumer les motivations et les critères à la base du choix des porte-parole des actions gouvernementales, l’on peut aisément comprendre que la toute récente jonction de monsieur Patrick Achi, ministre des infrastructures Economiques au duo préexistant constitué par Les ministres Bruno Koné et Affoussiata,Bamba-Lamine, répond au besoin de répliquer aux roquettes ravageuses du commando d’experts en infrastructures et travaux publics commis par Essy Amara.
Vu l’urgence et peut-être la pertinence de l’état des lieux fait par Essy Amara, le président Ouattara ne s’est pas contenté de joindre M. Patrick Achi, mais en plus, le ministre des infrastructures économiques supplante dorénavant les deux autres (Koné Bruno et Affoussiata Bamba) et devient ainsi le porte-parole principal des actions gouvernementales, et ce, dans le cadre de l’organigramme de la campagne du candidat Ouattara. Qui l’eut cru ?
Essy Amara a-t-il touché là où ça fait mal sans même avoir besoin d’évoquer la question d’inéligibilité ? En langage footballistique, cela s’appelle « un tacle à la régulière », ou tacle d’anthologie (mémorable, historique, qui restera dans les annales..).
Autant dire que la campagne s’annonce alléchante, entre Alassane Ouattara et Essy Amara, à moins que le conseil constitutionnel (titillé par la CNC sur la question de l’éligibilité de M. Ouattara) coupe l’herbe sous les pieds du roi Pelé, autre surnom d’Essy Amara en raison de sa ressemblance avec la légende inégalée du foot-ball.
Toute une litanie pour rappeler l’impérieuse nécessité que la politique redevienne un jeu fairplay, quel que soit la teneur pimentée des arguments de campagne.
Cela dit, le document ci-dessous relevé sur le célèbre site d’informations www.connectionivoirienne.net n’est pas le programme d’Essy Amara, mais plutôt un rapport sur l’état des lieux. C’est notre impression.
Venance Konan, DG du quotidien gouvernemental qui semble avoir bien compris la nuance, résume le document en ceci : « (…) exposé de ce que Houphouët-Boigny avait réalisé et ce que le président actuel n’a pas réalisé » au bout de ses 5 ans sollicités.
Une contribution de New MENTAL.