Monde: La France, le Burkina et l’Onu attendus au confessionnal de Banny

Le 06 mai 2011 par IvoireBusiness - Quelle va être véritablement la feuille de route de cette Commission ? Qui va prendre part au « dialogue, vérité et réconciliation » ? Comment cela va-t-il se passer ? Quelles seront

Charles Konan Banny et Kofi Annan, le 02 mai 2011 à Abidjan.

Le 06 mai 2011 par IvoireBusiness - Quelle va être véritablement la feuille de route de cette Commission ? Qui va prendre part au « dialogue, vérité et réconciliation » ? Comment cela va-t-il se passer ? Quelles seront

les limites de la parole attendue ? Quelle sera la forme de la participation de la France à ce confessionnal ? Paris aura-t-il le courage de venir dire aux Ivoiriens sa part de vérité ? Ce qu’il reproche aux différents régimes passés, ce qu’il regrette dans son ingérence dans la vie de la Côte d’Ivoire, ce qu’il attend des dirigeants ivoiriens ? Si Paris y consent, comment cela va-t-il se passer ? Nicolas Sarkozy va-t-il venir en personne à cet autre Forum ? Va-t-il envoyer son ministre des Affaires étrangères ? En effet, il ne sert à rien aujourd’hui d’aller seuls (entre Ivoiriens) à une telle rencontre de réconciliation et espérer son succès, si la France n’a pas pris la grosse part qui est la sienne. Car, après le coup d’Etat qui a fait tomber Gbagbo, il est entré dans la conscience de bien d’Ivoiriens que si ce n’est pour une raison de publicité, aucun homme politique sérieux ne pourra aller à une élection présidentielle pour la gagner s’il n’a le soutien ferme de la France. La volonté populaire ne suffit plus pour gagner une présidentielle en Côte d’Ivoire. Réalité plus effarante encore quand on apprend que la France a fait ce putsch parce qu’elle a exigé en vain de Laurent Gbagbo 80% du revenu du pétrole ivoirien ou des ressources du bassin pétrolier du Golf de Guinée pour elle seule ; 10% pour le Burkina Faso de Blaise Compaoré et seulement 10% pour la Côte d’Ivoire. En termes clairs, tout Président ivoirien qui refusera cette part du lion à la France, connaîtra une Côte d’Ivoire ingouvernable, donc jamais réconciliée.
De même, en plus de la France, quelle sera la part du Burkina Faso dans cette rencontre de confession et de vérité ? Ce pays qui a été la base arrière de la rébellion, qui est devenu exportateur du cacao produit par la Côte d’Ivoire, ce pays que la France impose dans la répartition des ressources de notre Etat, sera-t-il convoqué à ce confessionnal ? Il le faudra vivement, si l’on veut être sérieux. Enfin, l’Onu, instrumentalisée à souhait par la France pour atteindre ses objectifs impérialistes, qui a également bombardé l’armée ivoirienne, des populations civiles et la résidence du Président de la République avec ses hélicos de combat Mi-24, passera-t-elle aussi devant la Commission dialogue, vérité et réconciliation ? Son représentant Young Jin Choi sera-t-il invité à confesser la part de mensonge et de théâtralité dans sa certification du scrutin présidentiel de novembre 2011 ? Et que va dire Ouattara lui-même, de convainquant, sur sa responsabilité dans la crise ivoirienne depuis qu’il a fait son entrée dans la classe politique de la Côte d’Ivoire ? Que va-t-il dire qui ressemblerait à la réalité, sans lui dénier la légitimité et la légalité du poste qu’il occupe ? Quel aveu serait-il capable de faire devant l’histoire ? Mais déjà, quelles sont les conditions d’une telle réconciliation qu’il a créées depuis sa présence à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire ? Quels pas fraternels a-t-il faits vers ceux dont il attend le pardon ? Comment veut-il à la fois poursuivre et torturer quelqu’un et attendre de lui ou de ses proches un pardon ? Il y a donc des questions et beaucoup de questions.
Mais on peut dire que seule une réconciliation au moment où Alassane Ouattara est au pouvoir, a de la valeur à ses yeux, et non celle prônée par un Forum auquel il arrive comme opposant. Parce que la capacité de déstabiliser dont il s’est montré maître, n’est pas toujours celle de stabiliser, qui elle, s’avère ardue. Et cette réconciliation lui permettra de gouverner tranquillement. Chose qu’il avait brutalement refusé à ses adversaires ainsi empêchés d’achever leurs mandats.
Germain Séhoué

(Journaliste-écrivain)
germainsehoue@yahoo.com