Mon épître à El Hadj Alassane Ouattara : la CEI doit être réformée ici et maintenant, Par Prof. BALOU BI Toto Jérôme

Monsieur le Président et cher frère,

Assalamu alaykum,

C’est de mon exil, que j’ai suivi, comme de nombreux ivoiriens en Côte d’Ivoire que j’ai écouté votre message à la nation, adressé la veille de la célébration du 58ème anniversaire de l’accession à l’indépendance de notre cher pays, le 6 août dernier. C’est avec beaucoup de soulagement et même de joie que j’ai accueilli l’annonce de la mesure d’amnistie en faveur de 800 prisonniers de la crise post-électorale, ainsi que de milliers de réfugiés, qui n’attendaient que cela. Dans la foulée, vous avez annoncé la réforme de la CEI de Monsieur Youssouf Bakayoko, qui a été l’un des vecteurs essentiels de la grave crise qui a coûté la vie à des milliers de nos compatriotes, endeuillé de nombreuses familles et laissé des stigmates indélébiles dans la chair de notre nation.
Oui, lorsque j’ai écouté votre déclaration du 6 août, je me suis écrié, pour dire comme la 1ère dame Simonne Ehivet GBAGBO, que vous avez été véritablement touché par la grâce de Dieu.
Et comme la grâce de Dieu ne ment pas, vous confirmerez quelques jours plus tard, en effectuant le pèlerinage à la Mecque, connu sous le nom de Hajj, l’un des cinq piliers de l’Islam, religion que vous avez décidé d’embrasser désormais au grand jour. C’est d’ailleurs sous cette grâce, que vous transmettrez un message de paix aux ivoiriens par l’entremise du Ministre Sidiki Diakité, de l'Intérieur et de la Sécurité, qui a pris part à la célébration de la fête de la Tabaski avec les fidèles de la mosquée de la Riviera Golf, le 21 août, pour dire « Je suis venu en pèlerinage, je vais prier pour la paix en Côte d’Ivoire. Je vais prier pour les Ivoiriens ».
C’est fort de cet espoir nouveau que des milliers de réfugiés ivoiriens disséminés à travers le monde se préparent activement pour leur prochain retour sur la terre natale, le temps de connaître les contours précis de l’ordonnance d’amnistie, notamment les conditions du retour et surtout de réintégration sur le sol de leurs ancêtres qu’ils n’auraient jamais dû quitter.
Mais, que s’est-il donc passé à votre retour du Sommet Chine-Afrique, pour que vous nous jetiez cette douche froide, dans votre autre déclaration du 05 septembre dernier, où vous nous laissiez entendre que la CEI de Youssouf Bakayoko par qui le scandale et le drame ivoirien sont survenus, ne sera finalement réformée qu’à l’occasion de l’élection présidentielle de 2020 ; vous poussez l’ironie pour dire que de toutes les façons, vous ne serez pas candidat en 2020.
Monsieur le Président et cher frère, ce dont il s’agit ici, ce n’est guère votre personne, mais la Côte d’Ivoire, oui la Côte d’Ivoire de ces milliers de morts, la Côte d’Ivoire de ces villages disparus de la carte, de ces nombreux ivoiriens morts en prison ou en exil, la Côte d’Ivoire de ces milliers d’exilés, du fait de la déclaration de Monsieur Youssouf Bakayoko, qui en toute illégalité et hors délai, pire ,au siège d’un candidat ,a annoncé un jour de décembre 2010, les résultats tout aussi illégaux de l’élection présidentielle, à l’origine des pires atrocités dans mon pays.
Il est vrai que c’est cette même CEI qui avalisera votre élection de 2015 ; si cela vous gêne, sachez que nous sommes tous des humains, chacun peut se tromper ; et il n’y a pas de honte à reconnaître ses fautes et erreurs, cela ne fait d’ailleurs que nous grandir plus.
Monsieur le président, n’effacez pas avec la queue de la CEI, les buttes de la paix que vous venez de faire, pour y planter les pousses de la réconciliation. Si vous persistez dans cette grave erreur, alors vous donnerez raison définitivement à ceux qui proclament que c’est sous la contrainte de l’extérieur que vous aurez finalement pris cette ordonnance d’amnistie.
Quant à moi j’ose croire que c’est vraiment la grâce de Dieu qui vous a touché ; et si c’est le Dieu que je sers, le Dieu du Patriarche Abraham, père d’Isaac et d’Ismaël aussi dont vous vous réclamez, il achève toujours ce qu’il a commencé. J’ai cru comprendre que le Hajj se veut avant toute chose, un pèlerinage spirituel, un acte d’adoration envers Dieu ; or les vrais adorateurs de Dieu doivent l’adorer en esprit et en vérité.
Monsieur le Président si vous voulez que votre pèlerinage soit spirituel et un acte d’adoration, si voulez être dans la vérité divine, vous devez dissoudre ici et maintenant la CEI de Youssouf Bakayoko, par qui le scandale est arrivé.
Car la bible dit dans l’évangile de Matthieu chap 18 : 7-9 : « 7 Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive !
8 Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi ; mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot, que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel.
9 Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; mieux vaut pour toi entrer dans la vie, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans le feu de la géhenne. »

Par ailleurs, un sage disait et je cite : « Il n’y a rien de si régalien que la bonté et rien de si royal que la vérité. »
Monsieur le Président, restez dans la vision divine, celle de la paix et de la réconciliation, oui donnez une chance à la paix en Côte d’Ivoire et la réconciliation des enfants de ce pays, car « Etre juste une heure de temps, lorsqu’on possède le pouvoir suprême, vaut mieux qu’adorer Dieu durant soixante années consécutives ».

Que le Dieu d’Isaac et d’Ismaël soit votre seul inspirateur et qu’il bénisse la Côte d’Ivoire.

Assalamu alaykum !!!!!

Par Prof. BALOU BI Toto Jérôme
Ton frère exilé
Ex-prisonnier de Bouna

BALOU BI Toto Jérôme ,
Enseignant-Chercheur au Laboratoire de Chimie des Matériaux (UFR-SSMT)-Université de Cocody-Abidjan/Laboratoire d'Etudes des Matériaux Polymères-Matériaux Avancés Organiques, Université Montpellier 2, Sciences et Techniques du Languedoc(France)
Ancien Secrétaire Général, Univ. d'Abidjan-Cocody( Côte d'Ivoire )-
Ancien Président du Réseau Africain des Secrétaires Généraux des Universités Francophones (RASGUF)
Membre associé du Conseil d'Administration du Groupement International des Secrétaires Généraux des Universités Francophones (GISGUF)
Vice-Président du Mouvement International Pour le Progrès Ecologique et Social (MIPPES).
Expert-Consultant, Institut IROKO, Paris