MIAKA OURETTO SYLVAIN: JE DIRAI TON NOM......(Par Ambroise Gnahoua)

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MIAKA OURETTO SYLVAIN.

MIAKA,
Lorsque, à l'annonce de ta mort, j'ai publié ici même un post que j'ai intitulé "Ahizé A wa wi ba?" c'est-à-dire "pourquoi sommes nous les seuls à toujours pleurer", certains commentateurs m'ont reproché de pleurer....au lieu de te rendre hommage...

Or, OURETTO,
Tu sais que chez nous, au pays bhété, lorsque l'un des nôtres, surtout parmi les plus honorables et les plus chers, nous quitte pour répondre à l'appel de Zibotéti a Gazoa, nous pleurons, naturellement. Je continue donc de te pleurer, même si les circonstances font que je ne serai pas physiquement présent à tes obsèques.
Oui, Sylvain, je pleure le grand-frère, le camarade et l'ami que tu étais pour moi; Je pleure celui qui, avec beaucoup d'humilité, malgré ses hautes fonctions dans le parti, m'appelait "le Grand GNAHOUA"!!!, moi qui n'était que Représentant au Sénégal....

Oui, MIAKA OURETTO SYLVAIN, JE DIRAI TON NOM.....

MIAKA;
C'est au désormais doublement historique congrès extraordinaire du FPI de juillet 2001 que j'ai entendu parler de toi pour la première fois. Ce congrès, auquel j'ai pris part au nom de la Représentation du FPI au Sénégal, est historique d'abord parce que c'est en ce moment que les pères fondateurs du Parti ont décidé que l'heure était venu, alors qu'ils étaient encore vivants, alors que Laurent GBAGBO était encore vivant, de transmettre le pouvoir à la génération suivante, mettant ainsi en œuvre, le pouvoir d'état conquis, la politique de la refondation de notre pays à travers la modernisation de ses institutions. Ce congrès était ensuite historique parce que, pour la première fois dans notre pays, une telle transmission se faisait en dehors de la sphère tribale et régionale du père fondateur...Le choix de la direction du parti s'était en effet porté sur Pascal AFFI NGUESSAN... C'est donc à lui qu'était revenu la tâche d'annoncer au congrès la composition du nouveau Secrétariat Général. Et là, contre toute attente de beaucoup d'entre nous, il nous annonce que le nouveau Secrétaire Général s'appelait "MIAKA Ouretto Sylvain". Je ne te connaissais pas. Dans les coulisses du Congrès, il nous fût expliqué par certains que tu représentais ainsi l'Ouest....dans un nécessaire dosage "géopolitique". Je n'ai jamais pu vérifier l'exactitude de cette explication.....

OURETTO;
Par la suite, tu as, en cette qualité de SG, joué un rôle déclencheur, bien malgré toi, dans ma confirmation, en avril 2003, en tant que Représentant du FPI au Sénégal. C'est à partir de ce moment que nous avons commencé à nous connaître et à nous apprécier. Par la suite, en décembre 2004, tu as conduis à Dakar une délégation du parti au Congrès de l'URD, le parti de Monsieur Djibo KA. C'est à cette occasion où tu étais accompagné de la Camarade Marie Odette Lorougnon Gnabry (voir photos) que nous avons approfondi cette camaraderie et cette estime réciproques qui nous liaient.....

SYLVAIN;
Nous nous sommes revus à ton bureau de l'assemblée nationale à chaque fois que je venais au pays. En décembre 2012, j'ai eu l'honneur de te recevoir à Dakar où, en qualité de président intérimaire du parti, tu conduisais une forte délégation à l'invitation du président Macky SALL.
C'est que depuis le 11 avril 2011, l'ouragan de l'impérialisme et de ses suppôts s'était abattu sur notre pays et notre régime; le président GBAGBO arrêté et déporté à la Haye, le président et les vice-présidents du FPI étaient soit morts, soit en prison, soit démissionnaires. Il t'était donc revenu de recevoir le flambeau de la lutte dans des circonstances terribles, inédites et exceptionnelles...Je ne parlerai pas du contenu de cette mission où tu étais accompagné notamment des camarades Assoa Adou, Odette Sauyet, Ahoua Donmello et Gnaoulé Oupoh, mais aussi de Stéphane KIPRE (UNG) et Richard DAKOURY (COJEP)...
Je garderai cependant éternellement en mémoire cette image, la tienne, d'un corps fatigué et déjà sérieusement atteint par la maladie, mais tenu par un esprit vif, alerte et conscient des enjeux et de sa mission historiques. Je me souviens encore de cet entretien en tête à tête que tu m'as accordé dans ta chambre de l'hôtel KING FAHD ou vous étiez logés. En tenue largement décontractée, après m'avoir donné la peur de ma vie, tu m'as fait l'amitié et l'honneur de me faire, pendant plus de deux heures, beaucoup de confidences aussi bien au plan de la gestion du parti en ces moments de braise, mais aussi et surtout au plan individuel et humain, notamment en rapport avec ton état de santé.... C'est là que j'ai pu revérifier la pertinence de cette idée populaire qui dit que "le FPI est un esprit". Comment un corps aussi atteint a-t-il pu tenir le coup jusqu'au bout? D'autres que toi auraient abandonné la tâche et vendu la lutte pour se soigner, "se faire ou se laisser soigner", notamment par le pouvoir...qui ne demandait que ça....

Mais non, toi, MIAKA OURETTO SYLVAIN, tu as tenu, dans la dignité et comme porté par une force surnaturelle, à maintenir le FPI debout et, avec lui, la Côte d'Ivoire......
Nous nous sommes revus en juillet 2013 en tête-à-tête (pour la dernière fois) lorsque tu m'as reçu à ton domicile de Cocody (voir photo). Ta santé ne s'était visiblement guère améliorée. Mais tu restais toujours aussi déterminé et engagé pour le FPI.
Oui,MIAKA, c'est grâce à toi que les prisonniers politiques ont été libérés notamment en août 2013 et que nous pouvons encore parlé du FPI aujourd'hui.
Tu as fait notre fierté jusqu'à l'étranger, en particulier au Sénégal, lorsque, alors que beaucoup craignaient que tu ne veuilles confisquer le pouvoir après la sortie de prison de Pascal Affi Nguessan, tu as mis fin à ton intérim en lui laissant la place comme il se devait, conformément aux textes du parti.

C'est pour tout ce qui précède que JE DIRAI TON NOM, MIAKA OURETTO SYLVAIN,

Je continuerai de te pleurer en disant: AHIZE A WA WIBA...

TU AS MERITE LA GLOIRE ETERNELLE ET LA RECONNAISSANCE INFINIE DE LA PART DU FRONT POPULAIRE IVOIRIEN,
Celui pour lequel tu as gardé la flamme et la foi jusqu'au bout, celui que tu as aimé jusqu'au sacrifice suprême, sachant que, selon la parole biblique, "il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" (Jean, 15:13).

ADIEU MIAKA OURETTO SYLVAIN, ADIEU CAMARADE, ADIEU GRAND FRERE,
QUE LA TERRE DE TES ANCETRES TE SOIT LEGERE...
Ambroise GNAHOUA