L'opposant André Mba Obame persiste et signe comme "président bis" du Gabon

LIBREVILLE (AFP) le 27.01.2011 - L'opposant et député André Mba Obame, qui s'est autoproclamé président du Gabon mardi, persiste et signe: depuis son

Ali Bongo Ondimba, Président du Gabon.

LIBREVILLE (AFP) le 27.01.2011 - L'opposant et député André Mba Obame, qui s'est autoproclamé président du Gabon mardi, persiste et signe: depuis son

refuge dans l'enceinte d'une agence de l'ONU, il a fait appel au secrétaire général de l'ONU pour le reconnaître, malgré la dissolution de son parti par le gouvernement.
"Je suis le président élu du Gabon", a déclaré à l'AFP M. Mba Obame de derrière les grilles du bâtiment du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Libreville, où il se trouve depuis qu'il a déposé mardi soir une lettre demandant au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de reconnaître cette "nouvelle donne" dans le pays.
L'ex-ministre de l'Intérieur et ex-baron du pouvoir gabonais, qui a fait sa "prestation de serment" mardi à Libreville au siège de l'Union nationale (UN), a toujours revendiqué la victoire à l'élection présidentielle à tour unique d'août 2009 remportée par Ali Bongo, son ex-"frère", au pouvoir depuis 15 mois.
Ali Bongo "va partir. Il va partir comme Ben Ali", le président tunisien déchu par une révolte populaire, qui a fui son pays mi-janvier. "La révolution gabonaise est en marche", a soutenu M. Mba Obame, retranché dans le bâtiment avec une trentaine de proches dont son "Premier ministre" Raphaël Bandega Lendoye, ses 18 "ministres" et des cadres de l'UN. Tous prévoyaient de dormir sur place.
A l'extérieur, des gendarmes surveillaient les abords. Aucune arrestation n'a eu lieu.
Dans un communiqué, M. Bandega a demandé aux Gabonais "de se détourner" du régime "illégitime" d'Ali Bongo et estimé que ce "pouvoir illégitime" devait "cesser toute fonction à la tête de l'Etat".
Mercredi, l'activité économique était normale à Libreville, où l'homme de la rue voyait plus dans ce développement une nouveau "sketch" politique. Pour Paul Mba Abessole, ex-vice-Premier ministre qui avait soutenu M. Mba Obame à la dernière présidentielle mais rejoint depuis la majorité d'Ali Bongo, c'est "de la gaminerie politique".
Un avis non partagé par le géopoliticien et analyste Jonathan Ndoutoume Ngome, de l'Université Omar Bongo de Libreville: "Il ne faut pas avoir une lecture simpliste de ce qui vient de se passer en pensant que ce n'est qu'un simulacre politique. Cela peut être révélateur d'une certaine crise profonde" mais latente.
"On n'a peut-être pas totalement réglé le problème du contentieux électoral né du scrutin du 30 août 2009", organisé deux mois après le décès du président Omar Bongo, explique-t-il.
Ali Bongo a été proclamé définitivement élu en octobre 2009 avec 41,79% des voix devant Pierre Mamboundou (25,66%) et M. Mba Obame (25,33%).
Dès mardi soir, le ministre de l'Intérieur Jean-François Ndongou avait estimé que M. Mba Obame, son "équipe gouvernementale insurrectionnelle" et leurs soutiens avaient "violé gravement la Constitution" et commis "un crime de haute trahison puni par la loi".
"De ce fait, ils encourent les sanctions et peines prévues par la loi": poursuites judiciaires, levée de l'immunité parlementaire, dissolution de l'UN et radiation de la Fonction publique de ses acolytes, avait-il indiqué. Son ministère a précisé mercredi que l'UN était dissoute "avec effet immédiat".
Ce parti a pris acte des sanctions, tout en affirmant que le gouvernement n'avait "plus autorité" sur lui et rappelé que la levée de l'immunité ne pouvait venir que de l'Assemblée nationale.
Le Conseil national de la Communication a suspendu pour trois mois la télévision de M. Mba Obame pour avoir diffusé en direct mardi la cérémonie de son "auto-investiture", ce qui a été parçu par le régulateur comme un "acte de nature à porter atteinte à l'ordre public". Mercredi vers 21H30 locales (20H30 GMT), les programmes de TV+ n'étaient plus visibles.
L'Union africaine (UA) s'est dite "préoccupée" après l'autoproclamation de M. Mba Obame, qui, pour elle, "est de nature à porter préjudice à l'intégrité des institutions légitimes ainsi qu'à menacer la paix, la sécurité et la stabilité du Gabon". Le ministre Français de la Coopération Henri de Raincourt a soutenu que "personne ne se hasarde à contester l'élection" d'Ali Bongo.
AFP.