Les Frci attaquent le village de la mère d’Aké N’Gbo: 1 mort, des maisons mitraillées, de fortes sommes d’argent emportées

Par Notre Voie - Les Frci attaquent le village de la mère d’Aké N’Gbo.

Jeudi 27 Juin 2013. 9h03. M’Brago 2, un village de la sous-préfecture d’Anyama. Le corps sans vie du jeune Tchoungbé Moïse Djacla, né le 27 Janvier 1976 à Bakassou, dans la sous-préfecture de Bouaflé, gît dans une mare de sang devant la porte de sa chambre. A la vue du sang qui a inondé tout l’espace, des dames pleurent à chaudes larmes. Tout M’Brago, village maternel du dernier Premier ministre du président Laurent Gbagbo, le professeur Aké N’Gbo, situé dans la sous-préfecture d’Anyama, plonge dans une tristesse en cette matinée. Selon les témoignages des villageois, des éléments des Frci, environ une quinzaine, ont abattu le jeune Tchoungbé Moïse Djacla, étudiant en fin de cycle de pharmacie. Il vivait en concubinage avec Maho Koutchouan Juliette, institutrice à Kossandji, un village de la sous-préfecture d’Alépé, mais native de M’Brago 2. Celle-ci, en vacances dans son village, a invité son homme à suivre les travaux de leur plantation d’hévéa. Moïse devait retourner à Abidjan samedi prochain.
Comment en est-on arrivé à cette tragédie ? Selon le chef du village, Yapo N’Cho, les éléments des Frci, armés de kalachnikov et de Rpg, des armes de combat, ont fait irruption dans cette bourgade hier, aux environs de 1h du matin. «Ces hommes armés se sont mis à tirer dans tous les sens à l’entrée du village. Tous les villageois étaient traumatisés. Ils se sont terrés. Ces hommes se sont séparés en divers groupes. Certains ont investi le centre du village, d’autres se sont dirigés vers le domicile de mon jeune frère, M’Bo Akré Lucien». La suite. «Ces individus encagoulés ont demandé à mon gendre d’ouvrir la porte de leur chambre. Ce dernier et sa femme se sont opposés, vu la situation d’insécurité. Les bandits ont fracturé la porte d’entrée, et se sont retrouvés nez à nez avec eux. Après avoir tiré des coups de feu dans la maison, ils ont demandé où se trouve la maison de la riche commerçante Yorouba du village. Lorsque le couple a dit qu’il ne connaissait pas sa maison, les soldats ont menacé d’abattre le jeune étudiant. Lequel, pris de peur, a saisi la kalachnikov. Le malfaiteur dans la lutte a tiré une rafale sur sa jambe gauche. Blessé grièvement, le jeune homme a lâché prise et s’est traîné jusque devant la porte de la chambre pour demander de l’aide. Il a rendu l’âme aux environs de 3h du matin. Il avait perdu beaucoup de sang et personne ne pouvait sortir de chez lui, vu les violents coups de feu. Sa femme a été prise en otage par les malfaiteurs qui l’ont contrainte à aller me réveiller», a révélé M’Bo Akré Lucien. Qui lui-même s’étant aperçu que sa maison était encerclée par d’autres hommes armés jusqu’aux dents, s’est rendu à ses sinistres visiteurs qui lui ont arraché 354000F et ses 5 portables. Blessé au crâne et au nez à coups de crosse de kalachnikov, il a conduit les soldats dans la cour de la commerçante Yorouba en question. Mais il a été incapable de préciser le logement de celle-ci, puisqu’elle vit dans une cour commune. D’ailleurs, elle était absente puisqu’en voyage.
Profitant d’un moment d’inattention du gang, M’Bo Akré Lucien s’est fondu dans la brousse voisine non sans essuyer des coups de feu. N’ayant pu mettre la main sur ladite commerçante Yorouba, les éléments des Frci ont jeté leur dévolu sur le trésorier de la chefferie villageoise. Les malfaiteurs n’ont pu localiser son domicile. Ils se sont donc rendus chez Ahoua Djoman Samson, un planteur. «De la place publique du village où je me suis caché, j’ai vu des militaires autour de la pompe du village qui parlaient en malinké et qui cherchaient la maison du trésorier et ceux qui ont reçu l’argent de la pesée du latex la veille», raconte Ahoua Djoman. Il a ajouté que les éléments des Frci tentaient en vain, depuis quelques jours, d’établir une base militaire dans le village. Les sinistres visiteurs ont assiégé son domicile qu’ils ont attaqué à la kalachnikov et au marteau. Les rafales tirées dans les chambres, où les Frci cherchaient de l’argent et des téléphones portables qu’ils ont réussi à arracher, ont manqué de peu d’atteindre mortellement un nouveau-né. Puis, les soldats du pouvoir se sont enfuis dans la brousse environnante. Petit détail, les soldats ont laissé des tee-shirts et des sandalettes après leur forfait.
Les victimes ont porté plainte contre inconnu pour meurtre, vol de numéraires et de téléphones portables, et coups et blessures volontaires. Hier, au cours de notre passage, des éléments des Frci, basés à Adattié, un village situé à 3Km de M’Brago 2, se sont présentés brièvement aux gendarmes enquêteurs de la brigade d’Anyama avant de disparaître dans la nature. Le chef de village Yapo N’Cho s’est étonné que ces soldats n’aient pas entendu de coups de feu pendant les 3h de calvaire que ses administrés et lui ont vécu. «Je suis déçu. Tout le village a la peur au ventre. Car les hommes armés ont menacé de revenir ici dans les prochains jours parce qu’ils n’ont pas trouvé le trésorier du village. C’est la troisième fois que notre village et celui de M’Brago1 sont attaqués par des hommes en treillis armés jusqu’aux dents», a pesté le chef de village. La dépouille mortelle de Moïse Djacla a été enlevée aux environs de 13h par les services des pompes funèbres sous les pleurs d’une foule compacte et inconsolable.

Didier Kéi