Le festival de témoins à la CPI révèle une seule vérité : Aucun régime politique en Côte d'Ivoire n'est à l’abri de la trahison de ses généraux, Par Dapa Donacien

Le festival de témoins à la CPI révèle une seule vérité. Aucun régime politique en Côte d'Ivoire n'est à l’abri de "l'achat" de ses généraux, des moins gradés jusqu'aux chefs d'état major.

- Guéi Robert fait un putsch et fait semblant de n'avoir pas été acheté pour le faire; La suite fut mortelle pour lui;
- Ibrahim Coulibaly alias IB, lieutenant de Guei Robert se retourne contre lui et se retrouve dans la nature, avant d'élire domicile au Burkina Faso, avant de faire les frais d'une longe guerre qu'il déclencha en 2002; Il a été assassiné par ses anciens chouchous.
- Doué Mathias, fidèle parmi les plus fidèles de Guei Robert dans son aventure de confiscation du pouvoir contre Gbagbo déclarait " si je suis engagé derrière le Général Guei, c'est pour lui remporter la victoire".
- Mais dès que les choses tournent mal pour son patron, voilà Doué faisant la fine bouche puis flanqué Chef d'Etat Major de Laurent Gbagbo, l'adversaire qu'il combattait.
- Detoh Letto, commandant des forces terrestres sous Laurent Gbagbo, apparaît contre toute attente au Golf Hôtel. Ne mangez pas votre piment dans ma bouche pour penser à l'achat de l'homme. Je n'ai pas l'intention de dire des choses sans preuves.
- Kassaraté Tiapet Edouard se verra collé une étiquette d'avoir trahi Laurent Gbagbo, chose qu'il a démenti face à ses parents qui voulaient s'assurer de la loyauté de leur fils.
- Brindou M'Biah, les journaux bleus avaient fait état d'une rumeur de trahison, chose à laquelle Laurent Gbagbo n'avait pas accordé de crédit;
- Mangou Philippe, le flamboyant et éphémère porte-parole du CNSP (Comité National de Salut Public), est présumé avoir trahi ses troupes. Rumeur qu'il avait magistralement réussi à démentir en affichant une certaine bonne foi, mettant en avant son statut de "fils de pasteur " et en composant un cantique louangeur défiant toute concurrence sur l'échelle de la flatterie à l'égard de Laurent Gbagbo. Même Légré Philppe (ah, les Philippe !) ne peut réussir une telle prouesse de flatterie à l'égard d' Alassane Ouattara, son idole, qu'il a tenté d’intéresser vainement pour un 3ème mandat.

On en était là, quand les journaux nous apprenaient la rumeur selon laquelle l'homme aurait tenté une demande d'asile à l'Ambassade d'Afrique du Sud avant de basculer aux côtés de Soro Guillaume.

Tandis que tous les généraux de Laurent Gbagbo manœuvraient pour cacher avec la main le soleil de leur basculement, Tiéni Gbanani (Soro Guillaume) crève l’abcès et les balance afin d'ouvrir les yeux de l'ex LMP: "Tous les principaux généraux de Laurent Gbagbo sont avec nous au RHDP et nous appellent pour nous exprimer leur allégeance".

En vérité en vérité, les affirmations de Soro Guillaume sonnaient comme de la fanfaronnade dans les oreilles du militant lamda du FPI, à l'exception des concernés eux-même.

Il aurait fallut que le mécanisme de témoignage à visage et à voix masqué leur soit proposé pour que, comme des poussins, appâtés par des grains de mais, accourent pour témoigner à charge.

Mais, en plein vol, la CPI est obligée de céder devant le tollé général à travers le monde. Conséquence, tous ceux qui se sont inscrits doivent témoigner à visage découvert.

Dans ces conditions, faut-il renoncer ou le faire. Mais trop tard. Renoncer équivaudrait à renoncer à un juteux poste d'Ambassadeur au Sénégal ou au Gabon. Témoigner véritablement à charge est la garantie de jouir de ce privilège d'ambassadeur durablement.
Pris dans ce tourbillon, Kassaraté n'a pas le temps d'opiner longuement; Il choisit de témoigner au dernier moment comme un témoin hostile tout en étant un témoin à charge. Exercice difficile au bout du compte qui aurait coûté son juteux poste à Kassaraté devant l'imminence du témoignage de Philppe Mangou, déduisent les mauvaises langues.

Mais on n'est pas présumé "fis de pasteur" par hasard. Et un Philippe s'en sort toujours, quitte à ravir le poste à un plus doué que lui.
Un pasteur tel qu'on en connait en Côte d'Ivoire, c'est quelqu'un qui sait toucher la côte sensible des crédules crétins (à l’exception des chrétiens matures), pour les intimider afin que personnes d'entre eux n'ose poser des questions ni sur l'embonpoint des fils du pasteur, ni sur la destination des offrandes et des dîmes.

Attendu pour être cuisiné sur la férule de questions des avocats de la défense, Mangou, sachant que la meilleure défense c'est d'attaquer, dès l'entame du tour de parole de Maître Altit, sort sa carte joker: " Laurent Gbagbo a financé accidentellement le Commando Invisible à travres Koné Zakaria".
Mangou sait bien que la fausse atténuation traduite par " accidentellement" s'effacera très vite dans la conscience de la doxa qui ne retiendra quatre mot " Gbagbo a financé le Commando Invisible".

Bingo. Qui est fou pour laisser un poste d'ambassadeur au Gabon filer entre ses doigts et ceux de son épouse, synonyme de perte et de flétrissure de sa splendeur.

Sacré Mangou, sauf que le Président Alassane Ouattara est loin d'être naïf. Il sait que son jeune frère Ali Bongo, le président de la République du Gabon, qui suit attentivement ce procès, aura besoin d'une passerelle crédible et fiable pour la transmission de messages confidentiels à son ainé Alassane Ouattara, et qui ne se retrouveront pas sur la place publique du jour au lendemain, au moindre interrogatoire de l'Ambassadeur de la Côte d'Ivoire au Gabon.

Et Philippe Mangou, ne semble plus incarné ce profil. Car, celui qui n'as pas hésité à tenter de noyer et coffrer son bienfaiteur et auquel il a dédié une chanson laudatrice, trahirait celui qui l'a nommé ambassadeur et auquel il n'a pas encore dédié de chanson.

En un mot, celui qui a trahi les usages diplomatiques synonymes de simple sourire et de silence pour s'adonner à des diarrhées verbales fut-il devant un tribunal, pourra certes garder son titre d'ambassadeur, mais pas dans un pays qui compte comme le Gabon, plaque tournante des réseaux d'affaires en Afrique centrale.

En outre, l'observateur le plus niais et le plus naïf aura tout compris son deal avec Soro Guillaume, lorsque Mangou affirme que le seul et unique patron des forces nouvelles qu'il connaît est Soumaila Bakayoko.

Soit il redoute Soro Guillaume qui en sait trop sur lui, soit il serait dans "un plan commun" avec Soro Guillaume qu'il doit blanchir comme neige, peut être dans la perspective de 2020. Simple hypothèse.

Au total, le festival de témoins à la CPI révèle une seule vérité: aucun régime politique en Côte d'Ivoire n'est à l’abri de la trahison de ses généraux.

Et le RDR serait assez naïf de se laisser séduire par les yeux doux de Mangou Philippe, à la manière du FPI qui s'était laisser séduire par le volt-face à 90 degré de feu Doué Mathias.

Celui qui a trahi son papa sans remords, n'éprouvera aucune limite pour trahir ses amis si les conditions ambiantes changent.
Et ce n'est pas au RDR que l'on apprendra cette maxime, ce parti très remonté contre Soro Guillaume qu'il suspecte de renier son mentor Alassane Ouattara.

Une contribution de K. Dapa Donacien