Interview exclusive / Général Lassana Palenfo (Président de l’ACNOA) :« ADO a hérité d »une situation sécuritaire difficile »

Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Patriote - Profitant du trentenaire de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA), nous avons retrouvé le Général Lassana Palenfo qui dirige cette institution né en juin 1981 à Lomé. Dans cet

Lassana Palenfo.

Publié le mercredi 29 juin 2011 | Le Patriote - Profitant du trentenaire de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA), nous avons retrouvé le Général Lassana Palenfo qui dirige cette institution né en juin 1981 à Lomé. Dans cet

entretien, il dresse le bilan, énumère les espoirs et surtout lance un appel à ceux des Ivoiriens qui ont pris le chemin de l’exil comme lui il y a neuf ans.
Le Patriote : Cela fait 30 ans que l’ACNOA a été porté sur les fonds baptismaux, quel bilan pouvez vous dresser en regardant dans le rétroviseur ?
LP : Je peux vous dire que le bilan est positif même si trente ans dans une association ? C’est peu de chose. Cette date est celle de l’anniversaire de l’ACNOA qui est née ici et qui a eu pour premier président, Mattia Anani. C’est donc un trentenaire pour rendre hommage à ce grand serviteur de l’olympisme. Nous sommes également ici pour d’autres raisons. Dans quelques jours, nous irons à Durban pour élire la ville qui abritera les jeux d’hiver de 2018. Il y a trois pays en lice, la France avec Annecy, la Corée avec Pyeongchang et Munich qui représente l’Allemagne. Avant, les villes candidates allaient sur tous les continents pour présenter leur projet. Et nous les invitons ici à venir développer leur projet devant les comités olympiques africains avant que nous nous rendions à Durban le mois prochain pour l’élection. Il faut noter également que Londres sera là, comme cela se fait à la veille de chaque compétition, pour exposer sur les prochains jeux. Il y aura également au menu les Jeux du Commonwealth. Tout ceci pour avoir une meilleure idée et pour permettre à tout un chacun de faire un choix libre.

LP : Et les Jeux Africains ?
Gl LP : La préparation des Jeux Africains qui se déroulent en septembre prochain à Maputo est en cours. Nous allons aborder la question de ces Jeux dans le cadre de nos travaux mais il faut dire que pour les Jeux Africains, tout est déjà réglé. Nous allons au cours de ces travaux, revoir les statuts de l’ACNOA qui ont quand même trente ans pour essayer de les adapter au monde moderne. Il y a des structures qui existaient il y a plus de vingt ans et qui sont aujourd’hui dépassées. Avoir un genre de conseil d’administration et des techniciens de valeur. Aujourd’hui, on ne peut pas gérer le sport comme on le faisait autrefois. Il faut un directeur général qui va gérer l’ACNOA au quotidien, un directeur financier avec des objectifs clairs. Il faut moderniser tout cela. Ce n’est plus du bénévolat. Si aujourd’hui, je gère au quotidien l’ACNOA, c’est parce que je suis à la retraite sinon ça serait difficile de le faire en étant en activité professionnelle ailleurs. Le sport aujourd’hui demande une gestion quotidienne.

LP : Trente ans après sa création, qu’est ce l’ACNOA a apporté concrètement aux pays membres ?
Gl LP : L’ACNOA a aidé beaucoup de pays mais ses actions restent souvent peu connues des populations. Toutes les fédérations nationales sont aidées par le comité national olympique. Nous donnons des bourses collectives et en Côte d’Ivoire, nous avons donné des bourses pour l’athlétisme, pour le judo, le karaté, le taekwondo, la boxe, la natation. Chaque comité olympique national a en principe la capacité de donner cinq bourses pour chaque olympiade pour les sports les mieux placés dans le pays, et qui ont des chances d’avoir des médailles. Nous avons envoyé des gens aux Etats Unis, il y en a en Afrique du Sud pour la natation etc. En dehors des bourses, nous donnons la possibilité aux CNO d’organiser des stages pour les différentes fédérations. Et c’est l’ACNOA qui paie, à travers les CNO, les billets d’avion et l’hébergement des experts ou formateurs. Nous faisons régulièrement des conférences sur l’environnement, le sport, la culture, la santé etc. Naturellement, le public n’est toujours pas informé de toutes ces actions.

LP : Dans le programme, il y a la pause de la première pierre du centre olympique de Lomé. Cette action va-t-elle s’étendre à d’autres pays ?
Gl LP : Ce centre existe déjà chez nous en Côte d’Ivoire, à Soubré, il y a une quinzaine d’années. Nous allons en créer d’autres qu’on appelle les centres Olympes Africa et les centres de Proximité qui seront dans les villes, dans les villages pour permettre l’éclosion et l’évolution du sport. Ces centres sont multisports dans une petite salle d’animation comme nous avons un stade à Soubré. Pour faire ces centres, l’Etat donne le terrain et 20 mille Dollars et nous apportons 130000 Dollars pour faire un total de 150000 Dollars.

LP : Après neuf ans d’exil, dans quel état avez vous retrouvé le CNO Côte d’Ivoire ?
Gl LP : Il est vrai que je ne suis pas physiquement présent mais je vis le CNO au quotidien avec mon premier vice président qui est Alain Ekra et mon secrétaire général. Nous nous battons ensemble pour améliorer les conditions des fédérations ivoiriennes. Quand je suis entré, j’ai retrouvé le CNO qui travaille sans problème. C’est malheureusement l’état de la Côte d’Ivoire qui m’a attristé. Tout est dégradé. Ça a vraiment été un choc pour moi de voir l’état dans lequel est la Côte d’Ivoire. Aussi bien à Abidjan qu’en campagne. Nous avons donc du pain sur la planche et tous les Ivoiriens doivent se donner la main pour sortir de cet état.

LP : Vous êtes général d’armée et l’une des questions cruciales est d’ordre sécuritaire. Qu’est ce que vous attendez des nouvelles autorités ?
Gl LP : Vous savez les nouvelles autorités héritent d’une situation pas facile. Ce n’est vraiment pas aisé avec toutes les armes qui sont dehors. Des civils qui ont pris les armes, parce que pour la plupart, ils ne travaillent pas, doivent désarmer. Le pays est dans une situation économique défavorable et je pense que chaque Ivoirien doit s’impliquer pour remettre le pays sur les rails. Le développement est la vraie sécurité du pays et chacun de nous doit faire en sorte que la sécurité soit respectée.

LP : Vous avez passé neuf années en exil, aujourd’hui une bonne partie des ex dirigeants sont dehors, quel appel pouvez-vous leur lancer ?
Gl LP : Il n’est jamais intéressant de vivre hors de son pays. Vous pouvez avoir tout les biens possibles, tous les honneurs mais vous ne serez jamais heureux. On ne vit bien que chez soi. Le président Alassane Ouattara a tendu la main à tout le monde en disant « venez on va se réconcilier et on va travailler ». En rentrant, leurs expériences, leurs capacités peuvent apporter à la Côte d’Ivoire. Mais en restant à l’extérieur, c’est vraiment difficile. Je souhaite qu’ils rentrent pour se mettre à la disposition de la Côte d’Ivoire.

Par Koné Lassiné à Lomé