Fronde sociale: la recette du Député de Bouna, Loukimane Camara, Par Dapa Donacien

Par Ivoirebusiness - Fronde sociale. La recette du Député de Bouna, Loukimane Camara, Par Dapa Donacien.

Dapa Donacien.

Fronde sociale: la recette du Député de Bouna,Loukimane Camara

Face à la fronde sociale actuelle, j'ai lu une contribution du Député de Bouna, Honorable Loukimane Camara, parue dans le quotidien gouvernemental Fraternité Matin. J'ai noté sa recette qui pourrait essentiellement se résumer à la nécessaire redistribution des cartes.

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S'il est vrai que le destinataire final, c'est-à-dire le premier des ivoiriens, sait de quoi parle l'auteur, pour le lecteur lambda, le contenu demeure encore voilé. Or, c'est en faveur de l'opinion publique que l’honorable député a fait sa proposition, même si par l'application de sa recette,le président de la république y gagne plus que le peuple, en ce sens qu'il parviendrait à stabiliser son régime qui tangue dangereusement sous la boite de pandore ouverte au bénéfice d'une frange de la population.

Citant Fouché, l'honorable député rappelle : « L’opinion publique, même silencieuse est la force du prince. Loin de la braver, il faut la satisfaire, la devancer si l’on peut et lui céder quand elle se prononce ».

Mais auparavant, il a pris soin de faire sa lecture des événements.

"L’insurrection qui se prépare a des origines politiques. C’est donc dans la sphère politique qu’il faut en trouver les antidotes et l’anticiper. "

Et pour ce cadre du RDR, dont le zèle pour Alassane Ouattara n'a point connu de tiédeur, malgré de longs mois de traversée du désert, après qu'il soit limogé par le Conseil d'Administration de la SICOGI dont le président cumule depuis lors et son poste de PCA et le poste de DG (sans pour autant être capable de révéler les conclusions de l'audit commandité, qui se sont révélées comme un véritable camouflet), la solution réside ni plus ni moins dans la re-dis-tribution des cartes, au delà des revendications pécuniaires qui ne sont que la face visible de l’iceberg.

Sans doute, sa période de descente aux enfers, lui a donné l'occasion de descendre de son piédestal en descendant davantage dans la vallée pour toucher de plus près les réalités que vit la base, loin de la litanie et de la rhétorique propagandiste de l'émergence à l'horizon 2020 et celle relative au taux de croissance à deux chiffres ou au classement de la Côte d'Ivoire dans le top 10 des pays les plus réformateurs dans le monde, et tutti quanti ...

Traitement de choc n'est-ce pas? Mais laissez-nous vous dire que votre serviteur qui était Directement de Campagne d'une liste RHDP, précisément des candidats MFA, nous en avons pris une bonne dose, en parcourant les 73 villages que compte notre circonscription. Pour quel intérêt des villageois vous attendraient-ils éveillés de pieds fermes, jusqu'à 3 heures du matin et au-delà, si ce n'est pour déverser sur vous leur mélancolie et leur colère en coagulation depuis belle lurette, à defaut d'avoir vu le président de la république? C'est alors que tu mesures le fossé qui s' est creusé entre la haut et la base. Ainsi s'explique aussi le succès des listes indépendantes dans des contrées , face à des candidats dont le malheur est d'avoir porté le brassard du RHDP. Tirant les leçons, j'ai entendu un candidat RHDP s'interroger s'il n'était pas préférable pour lui d'aller sous l'étiquette MFA ?

Et nul doute que le Député Loukimane Camara a dû être confronté aux mêmes difficultés, vue qu'il était candidat officiel du RHDP, dans une circonscription que je connais.

Pour quelqu'un qui vient de loin, il n'a plus intérêt à mentir ni à endormir le président de la république, s'il tient à revenir dans ses bonnes grâces.

Et cacher la vérité à ceux qui nous gouvernent et la tronquer en voulant leur plaire pour des postes, c'est creuser hypocritement leur tombe à l'image de ces conseillers chargés des renseignements généraux (RG) qui font semblant de n'avoir pas détecter les signes avant-coureurs du soulèvement de l'armée et des fonctionnaires.

C'est en cela que les propositions de l'honorable Loukimane Camara mériteraient d'être bien reçues au palais de la présidence et à la primature.

Dans les périodes comme celles-là,il y'a plus de personnes qui jouent aux intéressants en bernant le sommet de l'Etat que des personnes qui osent porter les souffrances de la base à la connaissance du chef de l'Etat ou du premier ministre.

Voyez-vous, ce n'est un secret pour personne que l'excès nuit. Quelque soit la valeur d'un ministre (peu importe son quotient intellectuel, professionnel et son leadership écrasant dans sa région), 15 ou 10 ans de ministère dans un gouvernement, c'est ennuyeux et pesant pour non seulement les collaborateurs d'un tel ministre, mais aussi et surtout pesant et ennuyeux pour les populations des régions dont sont issus ces ministres.

Nous en voulons pour preuve le ouf de soulagement poussé à Abobo lorsque le ministre Adaman Tounkara a été limogé du Gouvernement.

Idem pour les différentes régions dont sont issus ses collègues ministres qui ont été virés en même temps que lui. C'est un message très claire que la base envoie au président de la République d'aller dans ce sens.

En revanche, dans les régions des ministres carriéristes qui ont été reconduits dans ce présent gouvernement de la 3ème république (contre toute attente, alors que les bruits du palais laissaient penser que les ministres de plus de 10 ans d'ancienneté n'étaient pas les bienvenus), la frustration est énorme et la déception est insoupçonnée.

Excellence Monsieur le Président de la République, le peuple soupire sous le poids de certains ministres qu'il a fini par vomir à votre insu.Nous savons de qui nous parlons, en tant que membre actif de cette société civile.

Ne vous fiez surtout pas à leur récente "victoire" aux législatives, pour présumer qu'ils auraient encore la confiance de leurs parents. Par exemple, la "jurisprudence du Haut- Ogooué" importée du pays de Ali Bongo a permis que des ministres soient relus députés pour la 22ème année d’affilée sans que la contrée ne change qualitativement ni proportionnellement à leur expansion personnelle. Et croyez-nous, plus jamais, ces populations échaudées, désabusées qui grognent, ne permettront plus à de telles pratiques mafieuses d'avoir lieu à l'avenir.

Il n'ya pas longtemps, je recevais un responsable de jeunesse RHDP bien actif dans le zanzan, notamment à Bondoukou. A la question de savoir quels ont été les échos à la suite de la formation du premier gouvernement de la 3ème République, dans le Gontougo, il ne m'a pas fait mystère de la profonde et indescriptible déception dans tous les cercles à Bondoukou (PDCI, RDR,MFA,INDEPENDANTS ET SOCIETE CIVILE) suite à la reconduction d'un ministre carriériste que je ne citerai pas.

Cette lassitude confirme le contenu d'un sms que j'ai reçu au lendemain de la formation du Gouvernement Gon (1) ainsi libellé et traduisant le même état d'esprit dans la région.

" D'où viendra le secours du Gontougo ? Jusqu'à quand encore durera l'adjoumania ?". Ne me demandez pas de vous définir le terme adjoumania. Je n'en sais pas plus que vous.

Et à un autre à qui je demandais la patience, jusqu'à peut-être la formation du deuxième gouvernement du premier ministre Amadou Gon, il m'a pété au visage avec impatience: " A quand la formation du deuxième Gouvernement Gon (2) ?

Aussi, faut-il rappeler les propos révélateurs des mutins, rapportés par un journaliste du quotidien Soir Info à Bouaké ?

Le journaliste nous rapporte que le mutin qui félicitait tantôt le Chef de l'Etat pour avoir mis fins aux fonctions des responsables de commandement dans l'armée, la gendarmerie et la police est le même qui a éteint son poste téléviseur aussitôt après avoir écouté la composition du nouveau Gouvernement lue par le Secrétaire Général de la présidence de la république.

Et comme raison de sa réaction de colère, il haussera le ton " Ce sont encore et toujours les même ministres vomis que l'on reconduits ! On attend notre argent. C'est tout".

La suite on la connait. De 5 millions f cfa qu'ils exigeaient avant la formation du Gouvernement, la surenchère est passée à 12 milions de FCFA après le formation du Gouvernement.

Mon métier de "juge des soumissionnaires aux appels d'offres", a développé en moi le réflexe de toujours aller au delà des prétentions des chefs d'entreprises qui soumissionnent, pour chercher leur réelles intentions. Pourquoi, un mutin, à qui pourtant le chef de l'Etat venait de promettre de payer ses cinq millions de F peut-il subitement s'offusquer de la reconduction de tel ou tel ministre, allant même jusqu'à éteindre son poste téléviseur en signe de désapprobation?

En quoi la reconduction d'un ministre entrave-elle sa perception de son dû? Il n'ya pas de rapport . Pourtant, il serait naïf de penser que la reconduction des carriéristes n'a pas participé au raidissement et à la rigidité des positions des mutins dans la suite des événements.

Voilà donc des indices révélateurs d'une certaine lassitude, que la société ivoirienne commence à ressentir, et le sommet de l'Etat doit anticiper, sans plus attendre ni prétexter de ce que la composition du gouvernement est trop récente et qu'il ne serait pas dans ses habitudes d'y opérer des changements.

« L’opinion publique, même silencieuse est la force du prince. Loin de la braver, il faut la satisfaire, la devancer si l’on peut et lui céder quand elle se prononce ».

J'ai la profonde conviction et je parie que si le Président de la République et le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly virent courageusement tous les ministres carriéristes de plus de 6 ans d'ancienneté, les convulsions sociales s'estomperont et la Nation continuera sa marche. Car, en réalité, personne n'est indispensable, à part l'élu qui nomme.

Seul le président élu a la légitimité et personne d'autre, encore faut-il qu'il fasse la juste redistribution des cartes, en brisant la monotonie et la sclérose qui se sont emparées de son administration.

Et en notre qualité d'animateur du terrain de la société civile du zanzan, nous endossons la conclusion du député du Bounkani.

"À l’évidence l’argent n’est pas suffisant pour acheter la paix. Essayons donc une autre politique de redistribution des cartes du pouvoir pour éviter de compromettre la paix pour les générations futures. Le président de la république donnerait tout le trésor du pays aux soldats et aux fonctionnaires grévistes, qu’ils glisseraient sur d’autres revendications dont la solution n’est pas monétaire ".

Bien entendu,nous ne saurions être opposés à la résolution des doléances des fonctionnaires de notre pays. Mais nous disons qu'au delà de ses problèmes conjoncturels qui demandent à être solutionnés, la météo politique est brumeuse, et appelle des réajustements.

Ce qui est différent du Gouvernement de Transition que propose le président du FPI, Pascal Affi N'guessan.

A partir du moment où le président de la république est résolu fermement à ne plus rempiler après deux mandats en 2020, nous pensons que l'idée de transition est une mauvaise idée.

En revanche, ce qui est impérieux, c'est une juste péréquation des ressources quelles soient humaines, matérielles ou financières, suivant une géopolitique équilibrée.

Cette recette est bien sûr couteuse en inimitié à l'égard de ses promoteurs, mains bénéfique pour la survie de la Nation, actuellement en situation de braquage à haute intensité de violence par des mains invisibles et sans visage.

C'est en cela que le conseil avisé de Fouché à travers les fils du zanzan est d'actualité:

« L’opinion publique, même silencieuse est la force du prince. Loin de la braver, il faut la satisfaire, la devancer si l’on peut et lui céder quand elle se prononce ».

Une contribution de DAPA Donacien

Acteur de la société civile du Zanzan (Gontougo et Bounkani)