France : Sarko fait voler la médiation de Raila Odinga en éclats

Le 19 janvier 2011 par IvoireBusiness – Il aura fallu en tout et pour tout deux visites en Côte d’Ivoire à Raila Odinga, Premier ministre

Raila Odinga, médiateur de l'UA, et Alassane Ouattara, le 17 janvier 2011 à Abidjan.

Le 19 janvier 2011 par IvoireBusiness – Il aura fallu en tout et pour tout deux visites en Côte d’Ivoire à Raila Odinga, Premier ministre

kényan et médiateur de l’Union africaine, pour qu’il jette l’éponge dans le dossier ivoirien. Il avait pourtant commencé sa médiation en étant le chouchou de la Communauté internationale, qui reconnait Alassane Ouattara comme Président de la Côte d’Ivoire et non le Président Laurent Gbagbo. Le 17 décembre 2010 à Nairobi, il avait ouvertement appelé à l’usage de la force pour faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir. Comment en est-on arrivé à l’échec de la médiation du Premier ministre kényan?
Ayant été confronté au dossier ivoirien lors de sa première visite le 03 janvier dernier à Abidjan, Raila Odinga s’est vite rendu compte qu’en réalité, Laurent Gbagbo ne s’accrochait pas au pouvoir comme cela se disait dans les instances internationales. Mieux, c’est lui le réel vainqueur de la présidentielle du 28 novembre 2010, documents et preuves irréfutables à l’appui.
C’est alors que Raila Odinga décida que seule une solution négociée, avec à la clé, une rencontre au sommet entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo était la seule voie de sortie de crise. Séance tenante, il annonça ses vues dans une conférence de presse diffusée par tous les médias internationaux, mais immédiatement démenties par le camp Ouattara, par la voix de sa porte-parole Anne Oulotto.
Dès cet instant, les jours de Raila Odinga dans le dossier ivoirien étaient comptés. En effet, arrivé pour la seconde fois à Abidjan lundi, il a été reçu chaleureusement par le Président Laurent Gbagbo, sur qui il n’exerce plus désormais de pression mais dont il approuve l’idée de négocier sans conditions, mais sèchement par Alassane Ouattara, qui se montra irascible et intraitable, se contentant de dire que la seule chose qui vaille est le départ de Laurent Gbagbo ou l’usage de la force contre lui.
C’est en ce moment que le Président Nicolas Sarkozy entra en scène, pour lui porter l’estocade finale et faire virer la médiation. En effet, profitant de ses vœux aux ambassadeurs accrédités en France mardi, le Président français, qui avait fait venir à Paris d’urgence le Président Blaise Compaoré, annonça que toute médiation qui voudrait entamer des négociations entre Ouattara et Gbagbo n’était pas opportune, et que l’usage de la force contre Laurent Gbagbo serait envisagée si Laurent Gbagbo continuait à se maintenir du pouvoir contre la volonté de la communauté internationale.
Au même moment, une réunion des chefs d’état-major des armées de la Cedeao se tenait à Bamako pour plancher sur les détails d’une éventuelle opération militaire.
Odinga, se sentant pris au piège de sa propre médiation car ayant dévié de ce qu’on attendait de lui, jeta purement et simplement l’éponge.
Dans un communiqué laconique publié mardi et aussitôt repris par les médias du monde entier, il mettait fin à sa médiation qu’il conduisait pour le compte de l’Union africaine.

Patrice Lecomte