France : La Francafrique a de beaux jours. Nicolas Sarkozy, chef de guerre en Côte d’Ivoire !

Le 14 avril 2011 par IvoireBusiness – Quand nous parlions de la françafrique et de ses réseaux mafieux, on nous demandait de ne pas nous inquiéter. Quand nous disions que la France avait un faible pour

Le Président français Nicolas Sarkozy.

Le 14 avril 2011 par IvoireBusiness – Quand nous parlions de la françafrique et de ses réseaux mafieux, on nous demandait de ne pas nous inquiéter. Quand nous disions que la France avait un faible pour

les empires en carton et les républiques bananières, on nous disait stop.
Quand nous disions que la françafrique était toujours d’actualité en ce 21e siècle, on nous regardait comme des pestiférés, des gens venus d’une autre planète, qui n’étaient pas en phase avec la réalité et le fonctionnement normal des Etats modernes.
On nous ressassait que les Etats modernes avaient entre eux des relations diplomatiques et les chefs d’Etat de France et d’Afrique traitaient désormais à égalité.
Quand nous disions de la France organisait encore le pillage des ressources de l’Afrique, raison pour laquelle l’Afrique peinait à décoller, on nous répondait inéluctablement que le retard de l’Afrique était dû à l’incompétence de ses dirigeants, à la mauvaise gouvernance.
Quand nous disions que beaucoup d’africains vivaient hors d’Afrique en raison de l’instabilité orchestrée dans leur pays par la France, on nous répondait que ces derniers n’avaient tout simplement pas envie de se mettre au service de leurs pays.
Aujourd’hui, avec la déstabilisation sanglante de la Côte d’Ivoire et la capture de Laurent Gbagbo et de son épouse par la Force française Licorne, sur ordre de l’Elysée et en direct sur les chaînes de télévision du monde, après deux semaines assidues de pilonnage de la résidence de Gbagbo, tout le monde est ébahi, tombe des nues et nous donne afin raison.
La Françafrique n’a jamais disparu, elle est toujours présente et régente encore les relations entre la France et l’Afrique, 50 ans après les indépendances.
Quand nous disions que les discours de Nicolas Sarkozy sur la rupture en Afrique étaient creux et du « pipeau », on nous traitait de pessimiste.
Aujourd’hui, on nous donne encore raison.

A PARIS, la polémique enfle sur le rôle joué par la France dans la capture de Laurent Gbagbo.
La France a beau se défend d'être intervenue directement pour faire capituler le président Laurent Gbagbo,
doit à nouveau gérer son éternelle image de gendarme de l'Afrique avec laquelle le président Nicolas Sarkozy avait pourtant promis de rompre.
La presse estimait mardi que les conditions de la chute de Laurent Gbagbo affaiblissent Alassane Ouattara, président internationalement reconnu mais qui doit finalement son accession au pouvoir à l'intervention militaire de l'ex-puissance coloniale.
Le Président Ouattara apparaît aujourd’hui comme une marionnette, un sous-préfet aux mains de la France.

"Même encadrée par une résolution de l'ONU et soutenue par les pays de la région, cette mission de la France s'apparente aux interventions d'antan et risque d'être vue comme telle par les jeunes Africains", estimait ainsi le quotidien français Libération.
Cinquante ans après les indépendances africaines, Paris s'est à nouveau retrouvé en première ligne sur un continent auquel Nicolas Sarkozy avait pourtant promis une relation "rénovée", la fin des anciens passe-droits et un désengagement militaire.
Pour le député socialiste François Loncle, "l'intervention militaire française constitue un nouvel épisode caricatural de la Françafrique", ce
système mêlant cooptation des dirigeants des ex-colonies, réseaux occultes et chasses gardées commerciales ayant perduré pendant la guerre froide.
Mardi, le gouvernement a à nouveau affirmé la légalité de son intervention, à la demande de l'ONU, mais aussi sa légitimité, en appui aux processus démocratiques africains.
Cette position est "totalement hypocrite" pour Odile Biyidi-Awala, présidente de l'ONG Survie, qui milite depuis des années pour "en finir avec la Françafrique".
"La France continue à soutenir des dictatures au Gabon, au Togo, où on a vu des successions dynastiques entachées de fraudes, et vient de valider l'élection au Tchad, où sévit un dictateur responsable de la disparition d'opposants", a-t-elle dénoncé.
Au Cameroun, pays tenu depuis près de 30 ans d'une main de fer par Paul Biya, "il y a eu des manifestations réprimées dans le sang en 2008 sans que la France ne dise rien, et pire, Paris a continué à lui livrer des hélicoptères", a-t-elle affirmé.
Pour plusieurs spécialistes de l'Afrique francophone, Paris peine à sortir de cette relation particulière avec son ancien pré carré. "Tant que la France aura des soldats déployés sur le sol africain, l'ambiguïté demeurera", estime notamment Antoine Glaser, auteur de "Sarko en Afrique".
Autrement dit, la françafrique n’est pas une vue de l’esprit, c’est bel et bien une réalité prouvée par l’arrestation de Laurent Gbagbo par la France et sa livraison aux rebelles des forces nouvelles, qui sont en réalité l’arbre qui voulait cacher la forêt. Celle de la françafrique.

Christian Vabé