Football : l'équipe de France réussit l'impossible

Par Le Monde - l'équipe de France de football réussit l'impossible en battant l'Ukraine 3-0.

Photo: Crédits AFP/LIONEL BONAVENTURE.

Malmenés dans l'opinion depuis la claque reçue à l'aller en Ukraine, moqués par la presse, les Bleus ont renversé, mardi 19 novembre au Stade de France, une situation compromise en dominant, 3-0, l'Ukraine. Jamais auparavant, une équipe européenne n'avait surmonté un tel handicap. Portée par un public fervent, à l'image des drapeaux tricolores qui ont fleuri dans les tribunes et d'un petit film qui a galvanisé le public, l'équipe de France disputera au Brésil une cinquième Coupe du monde consécutive. Deux buts ont été inscrits par le défenseur Mamadou Sakho, et un par l'attaquant Karim Benzema.
Désireux de ne pas manquer pour la septième fois une phase finale de Coupe du monde, la dernière fois en 1994, les joueurs du sélectionneur Didier Deschamps entament pleins d'envie et d'agressivité la rencontre. A l'image du défenseur Mamadou Sakho, sur le banc à Kiev vendredi, l'équipe de France impose un pressing étouffant à des Ukrainiens, qui n'ont pas encaissé de but depuis huit rencontres.
SAKHO SURVOLE LA RENCONTRE
Disposé en 4-3-3 avec les entrées déterminantes de Yohan Cabaye au milieu de terrain, ainsi que celles de Mathieu Valbuena et Karim Benzema sur la ligne d'attaque, les Français se montrent dangereux dès l'entame. Un centre-tir de Benzema menace une première fois la défense ukrainienne (2e). Bien aidé par la justesse sur coup de pied arrêté du Marseillais Valbuena, l'équipe de France domine le jeu aérien. Des têtes de Paul Pogba et de Karim Benzema passent de peu au-dessus (8e et 9e).
L'Ukraine, équipe invaincue depuis onze rencontres, celle qui a commis le plus de fautes dans les éliminatoires européens (174), se montre complètement inoffensive. Ses talents offensifs – Zozulya, Yarmolenko, Konopyanka –, si virevoltants à l'aller, ne parviennent pas à déstabiliser la jeune défense centrale tricolore (Varane 20 ans et Sakho 23 ans). A la 22e minute de jeu, sur un mauvais renvoi ukrainien, la frappe tendue de Franck Ribéry n'est que repoussée par le gardien Pyatov. Modèle d'engagement, l'ancien Parisien Sakho rôde et propulse avec rage le ballon dans les buts adverses (1-0).

Au milieu de terrain, Cabaye règne en maître, assisté par les deux marathoniens Matuidi et Pogba. Sur l'aile gauche, neutralisé il y a quatre jours, Ribéry multiplie les courses. Sur l'un de ses centres, Benzema, démarqué au deuxième poteau, croit inscrire le deuxième but mais l'arbitre de touche signale à tort un hors-jeu (29e). Concentré, sans protester, l'attaquant madrilène ne manque pas une nouvelle opportunité une minute plus tard. En position illégale, non signalée, il profite d'une déviation subtile de Valbuena pour tromper Pyatov (30e, 2-0).
UN PUBLIC AU RENDEZ-VOUS
Après une demi-heure de jeu, les Français ont tiré neuf fois au but et cadré à huit reprise. Les Marseillaise se succèdent dans les gorges des supporteurs du Stade de France. Et pendant ce temps, l'air de la Mersey, fleuve de Liverpool, semble avoir transcendé Sakho, nouveau Red, jusqu'à présent fébrile sous le maillot bleu. Son sauvetage acrobatique éloigne le danger à une minute de la mi-temps avant que Debuchy ne l'imite en stoppant de la poitrine une tentative ukrainienne.
Le scénario parfait se précise dès la reprise. Là où, à Kiev, Laurent Koscielny avait perdu ses nerfs en étant expulsé, c'est le défenseur au physique de poids lourd, Khachedi, qui récolte un deuxième carton jaune (46e). Appliqués, les hommes de Deschamps ne se précipitent pas pour inscrire le troisième but décisif. L'Ukraine n'est dangereuse que sur coup franc. Heureusement, Hugo Lloris s'interpose suite à un cafouillage consécutif à des fautes répétitives des Bleus (69e).
Les mouvements offensifs français sont fluides. Les défenseurs n'hésitent pas à amener le surnombre. Un corner de Cabaye permet à Patrice Evra de réussir une belle demi-volée, repoussée. Ribéry reprend et c'est finalement Sakho, de nouveau, qui marque le troisième but (72e, 3-0). Dans une fin de match tendue par l'enjeu, les joueurs français tiennent le choc. Mamadou Sakho n'en finit plus de s'interposer sur les rares incursions ukrainiennes. Deschamps fait entrer Bacary Sagna à la place de Debuchy et Olivier Giroud pour remplacer Benzema. L'attaquant d'Arsenal est tout proche d'inscrire de la tête le quatrième but libérateur (86e).
Le fantôme bulgare de 1993 est définitivement exorcisé. Didier Deschamp, présent au Parc des Princes il y a vingt ans, mènera l'équipe de France l'an prochain au Brésil avec l'ambition de faire mieux qu'en 2010. Pour cela, il faudra franchir le premier tour.
Au troisième but, les Bleus laissent éclater leur joie devant un public du Stade de France conquis par la prestation de son équipe.

• Anthony Hernandez
Journaliste au Monde