Exclusivité/ Présidentielles maliennes 2013 - Soumaïla Cissé, candidat de l’URD: « J’appelle mes militants au calme mais à la vigilance »

Par Diaspo TV - Interview Exclusive de Soumaïla Cissé, candidat de l’URD.

Comme prévu, plus de 6 millions de maliens se sont rendus ce dimanche 28 juillet 2013 aux urnes pour élire leur président après plus d’un an de transition.
En lice pour succéder à Dioncounda Traoré au palais de kouliba, ils sont 27 prétendants au nombre desquels, l’ex fonctionnaire de l’UEMOA, Soumaïla Cissé, candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
Diaspo Tv qui suit ces élections censées doter le Mali d’institutions légales et démocratiques a rencontré l’un des favoris de ce scrutin. C’était ce dimanche 28 juillet à son domicile de Badalabougou à Bamako.

DIASPO TV : Est-ce qu’on peut déjà vous appeler président ?

Soumaïla CISSE : Oui, quand on a été président, on reste président. Mais j’espère que je le serai dans quelques jours.

DIASPO TV : Vous venez d’accomplir votre devoir de Citoyen. En votre qualité de citoyen malien, quelle signification donnez-vous ce geste de ce matin ?

Soumaïla CISSE : C’est d’abord un geste d’espoir et un geste de reconnaissance aussi. Vous savez, il faut rendre hommage à toutes les victimes de cette guerre et de cette crise. Il faut avoir une pensée émue pour et en espérant que leurs sacrifices ne sera pas vain, c’est vraiment le côté reconnaissance. L’espoir, c’est qu’après avoir parcouru tout ce pays, j’ai vu le sourire des enfants, j’ai vu des angoisses, j’ai vu les espoirs et l’espérance qui est née de cette campagne. Je crois que c’est le chemin de l’espoir qui est tracé aujourd’hui, et il faut absolument emprunter ce chemin.

DIASPO TV : justement, parlant du chemin, qu’est-ce que vous attendez de cette élection, pour les maliens dans leur ensemble ?

Soumaïla CISSE : J’attends d’abord une clarification et j’attends d’avoir un président légitime et un gouvernement légitime qui pourra régler les problèmes qui sont là, surtout engager le Mali sur le chemin de l’émergence. Les problèmes de développement, les difficultés que les populations ont au quotidien, tous les problèmes sociaux qui existent, en un mot faire en sorte que le Mali tourne définitivement la page.

DIASPO TV : En venant ici chez vous, nous avons lu sur les pancartes, que vous promettez 500.000 projets pour les femmes. Ce n’est pas trop exagéré ça ? Comment comptez-vous réaliser tout cela ?

Soumaïla CISSE : Vous savez, il faut avoir une ambition pour son pays.
500.000 projets, ce n’est pas trop, c’est même peu. Aujourd’hui, vu la demande sociale, comme je vous l’ai dit, j’ai traversé ce pays en long et en large, les gens attendent encore plus. J’ai eu la chance de diriger ce pays au niveau économique et financier, j’ai eu la chance de diriger au niveau sous régional, donc j’ai la chance de mettre en place un certain nombre de projets pour les femmes, donc je connais les mécanismes disponibles à travers les banques, les ONG, les Caisses d’épargnes et à travers aussi les secteurs privés. Je vous assure que ce n’est pas trop, les femmes demandent beaucoup plus, nous allons nous y atteler, et nous allons y parvenir, s’il plaise à DIEU.

DIASPO TV : On le sait, vous êtes un économiste, vous avez servi à l’UEMOA, est-ce que cela est suffisant pour résoudre les problèmes du citoyen malien ?

Soumaïla CISSE : D’abord la première chose à régler, il faut un climat de paix et de sérénité, sans cela, il n’y a pas de développement, sans cela il n’y a pas une affaire qui tourne. En suite, il faut un leadership affirmé et clairvoyant, donc il faut une bonne gestion des finances publiques et créer la confiance autour du nouveau gouvernement et créer la confiance pour le Mali. C’est là que les gens vont d’abord venir pour investir au Mali. Ensuite le gouvernement doit donner l’exemple. Le président de la République lui-même doit donner l’exemple par ce qu’il fait au quotidien, par les engagements qu’il tient, pour que les citoyens se mettent tous, de façon volontaire au travail. Voilà les clés qu’il faut donner pour pouvoir avancer. Ensuite, il y a des potentialités réelles dans ce pays, je ne peux pas tout énumérer ici. C’est un pays agricole, de l’élevage et de pêche, de minier avec de l’or. C’est un pays qui a l’industrie avec le coton ; le pays du tourisme et un pays du riz avec l’Office du Niger. Il y a des potentialités énormes dans ce pays. Mais il faut aussi reconnaître les potentialités autour, car le Mali n’est pas isolé. Tous les marchés sont là et c’est le Mali qui est concerné. Il y a seulement de la matière à faire avancer le Mali, il faut seulement créer le climat de sérénité pour que les affaires reprennent au Mali.

DIASPO TV : Justement pour que les affaires reprennent, il faut aussi un climat de sérénité, la transition malienne a engagé des discussions avec la rébellion Touareg du nord. On a vu, le 18 juin dernier, les discussions ont été engagées et 60 jours après ces élections, les vraies discussions reprendront. Si vous êtes élu, comment compter vous résoudre cette question ?

Soumaïla CISSE : D’abord, ce n’est pas un accord avec les rebelles Touaregs, c’est un accord avec un Mouvement qui s’appelle le MNLA. Il faut donc circonscrire les choses. Je viens de Kidal, je vous assure que tous les Touaregs ne sont pas du Mouvement MNLA. Ceci dit, il y a des accords pris par le gouvernement précédant, de façon à ce que nous puissions continuer les discussions. Ce qui est important, c’est ce qui est acquis. Ce qui est acquis, c’est un cessez-le-feu parce qu’on ne veut pas de violence. Ce qui est acquis, c’est l’unicité du pays parce que c’est fondamental. Ce qui est acquis, c’est la laïcité du pays. Donc à partir de là, on peut de façon volontaire avancer. On peut continuer les discussions au moment venu. Il faut peut être revoir la gouvernance, mais attendons d’abord les interlocuteurs en face.

DIASPO TV : Vous avez voté ce matin, bientôt ce sont les résultats. Et si les choses se passaient autrement, que diriez-vous à vos partisans ?

Soumaïla CISSE : D’abord les règles de la démocratie sont partout les mêmes. Elles doivent respecter la démocratie et tout ce qui la gouverne. Ceci dit, moi j’appelle au calme. J’ai fait toute ma campagne et je n’ai égratigné personne. Je crois que c’est par la force des arguments qu’on va gagner. Nous avons fait un programme chiffré, nous savons exactement ce qu’il faut faire les premiers jours que nous aurons le pouvoir. Nous sommes là pour ça et non pour d’autres détails. Ce que nous souhaitons, c’est que le gouvernement assure la transparence des élections, et les résultats ne soient pas contestables. Moi j’appelle mes militants à la vigilance, au professionnalisme. Dans des bureaux, ils ont un rôle, il faut qu’ils travaillent en fonction de leur rôle. C’est ça le plus important. On peut construire demain et bien construire ce pays si chacun joue le rôle qui est le sien. Je vous remercie et bonne chance à votre chaîne Diaspo tv dont nous attendons un traitement de l’information de façon professionnelle.

Réalisée par Philippe Kouhon, envoyé spécial à Bamako
Collaboration : Monoko Toaly, magazine Africa leaders et correspondant de Diaspo Tv à Bamako.