Exclusif - Après son kidnapping par la Licorne et l’Onuci : LA PREMIERE INTERVIEW DU PRESIDENT LAURENT GBAGBO
Le 01 mai 2011 par IvoireBusiness - Mis en ligne par Itto Edith Bolou samedi 30 avril 2011, 16:50
Le 01 mai 2011 par IvoireBusiness - Mis en ligne par Itto Edith Bolou samedi 30 avril 2011, 16:50
Nous vous proposons en exclusivité la première interview du président
LAURENT GBAGBO après son arrestation. Genève, 24 avril 2011 22h41, nous
recevons un sms d'un numéro de portable ivoirien qui nous est inconnu.
Il est écrit : "c'est Laurent Gbagbo. Appelez-moi si vous pouvez, c'est pas une blague". Après quelques minutes d'interrogation, nous appelons le numéro qui sonna finalement au bout d'une vingtaine de minutes. Ce qu'on croyait être une mauvaise blague s'avère être une heureuse surprise. Le président Laurent Gbagbo himself au bout du fil. Le scoop
était énorme pour le petit monsieur que nous sommes, devenu ainsi journaliste
pour la circonstance. Après un instant de conversation off, le président
accepte de nous accorder une interview. Celle-ci n'étant pas préparée, nous
lui avons posé les questions à mesure qu'elles nous passaient par la
tête.
NT : Comment allez-vous monsieur le président?
LG : Ça va... Et chez vous?
NT : Je vais bien, merci.
LG
: Je voudrais avant tout m'incliner devant les dépouilles des victimes
sans exclusive, et manifester ma compassion à tous ceux qui ont perdu
un être cher pendant cette guerre absurde qu'aucun démocrate n'aurait
permis. Que Dieu soit avec eux en ces moments difficiles. Soyons forts
dans cette autre épreuve à nous imposée par l'adversaire. Il n'y a rien
qui soit qui n'ait pas de fin ici bas.
NT
: Pouvez-vous, pour le besoin de l'interview, nous expliquer, comment
se fait-il que vous avez un téléphone alors que vous êtes sensés ne pas
en disposer?
LG
: Quelqu'un a du l'oublier ici. Je l'ai entendu sonner, je me suis
gardé de répondre. Et puis voilà, l'idée m'est venue de contacter
quelques personnes dont vous. (rires)
NT : Avez-vous une idée de votre lieu d'incarcération?
LG : Posez la question à ceux qui me tiennent prisonnier.
NT : Votre vie est-elle en danger?
LG
: On a beau appréhender le danger, c'est celui qui vous l'apporte qui
est déterminant dans son évaluation. Est-ce que celui qui me tient
prisonnier ici est un homme dangereux? Seule la réponse à cette
question vous situera.
NT : Vous a-t-on signifié le ou les chefs d'accusation justifiant de votre arrestation?
LG : Non. J'attends toujours de le savoir.
NT : Le premier ministre Soro dit que vous auriez pu éviter ce gâchis, j'emploie son propre terme, en acceptant l'exil doré.
LG
: C'est vrai que nous aurions pu. Mais en acceptant uniquement le
recomptage des voix. Au lieu de cela, ils ont malheureusement choisi la
voie des armes par laquelle ils sont venus en 2002. Je ne suis pas
rentré en politique pour le goût du luxe. Mais plutôt pour défendre mes
idées que je trouve justes et bonnes pour mes compatriotes. Mes origines
modestes font de moi quelqu'un de très peu attaché au confort royal. Si
je me suis refusé à m'offrir un seul petit appartement en occident, ce
n'est pas après mon exercice du pouvoir que l'envie me viendrait d'y
aller vivre ! Je me sens mieux dans mon pays. Évitons donc de réduire
l'africain au seul goût du luxe. La maison qu'ils ont aidée à détruire
est la propriété de l'état de Cote d'Ivoire, tout comme son contenu qui
aurait servi à tous ceux qui se succèderont à la tête de notre pays. Ce
n'est pas moi qui l'aie construite et encore moins meublée.
NT : Que dites-vous de ces images humiliantes de vous qui ont fait le tour du monde?
LG
: Vous savez, ce que vous appelez humiliation et moi avons peut-être en
commun un chemin (rires). Ce n'est pas la première fois que ma vie la
croise. C'est d'ailleurs la deuxième fois, pour ceux qui l'ignorent, que
Ouattara nous la sert, ma femme, mon fils et moi. Sauf que cette
fois-ci il y a ajouté d'autres membres de ma famille, mes collaborateurs
et mes partisans. Est-ce une manière pour lui de me remercier, moi, qui
n'ai jamais voulu toucher à un seul de ses cheveux? Je n'en sais rien (rire). C'est quand vous vous prenez pour mieux que tous que vous êtes
malheureux d'être humilié. Honnêtement, je n'ai pas de problème avec ça.
Personne ne me reprochera de n'avoir pas été moi-même au-delà de ma
fonction de président de la république. Certains m'en voulaient de ne
pas les regarder de haut. En avaient-ils besoin pour se sentir
inférieur? Être président n'est pas une fin en soi. Un président de la
république est un être humain comme vous et moi. Vouloir lui dénier
cette qualité, c'est l'aider à se prendre pour ce qu'il n'est pas. Voici
comment on construit un dictateur qui après vous terrorise.
NT : En face on vous accuse aussi d'avoir tué !
LG
: Oui, j'entends les gens le dire. Ils auraient peut-être aimé qu'on
ne se défende pas depuis 2002. Qui a introduit la violence en politique
dans notre pays ? Quand vous armez des marcheurs qui attaquent les
forces de l'ordre, il faut aussi accepter qu'il en meurent quelques uns
dans le maintien de l'ordre ! Les policiers, militaires et gendarmes
égorgés souvent lâchement, est-ce de mon fait? La présente chasse
ouverte à l'homme, les viols, les ivoiriens qui ont perdu leurs
biens... c'est peut-être aussi moi?! Soyons sérieux, et que les autres
ne me voient pas dans leur miroir. Dire de Gbagbo qu'il est un dictateur
n'empêchera pas nos compatriotes de nommer leur bourreau.
NT : Ne vous sentez-vous pas trahi par tous ces pasteurs qui vous entouraient?
LG
: Ce serait simpliste que de croire qu'un président ne sait pas
dissocier sa foi de sa fonction. Maintenant, si vous me demandez ai-je
honte de ma croyance en Dieu, je vous répondrais non. Elle, au moins,
m'a empêchée d'infliger ce que je subis à mes adversaires. Et j'en suis
très heureux. Vous saurez un jour pourquoi.
NT
: Pourquoi avoir acheté tant d'armes que vous n'avez pas utilisées
contre les hélicoptères français pendant les bombardements de votre
domicile?
LG
: Parce que je n'étais pas en guerre contre la France. C'est peut-être à
monsieur Sarkozy de nous expliquer pourquoi avons-nous eu droit à ce
déluge de feu sur nos têtes. Pour un contentieux électoral? Ou bien pour
tordre le coup à la démocratie? Dans mon entendement, l'armement ne
doit pas à servir à faire la guerre, mais à dissuader l'ennemi. Je ne me
reconnais pas comme un être violent, méchant, cruel, assassin. C'est
pourquoi j'ai plaidé pour le recomptage des voix qui aurait désigné
le vrai vainqueur de l'élection, et l'aurait mis à l'aise dans
l'exercice de son pouvoir. Mais à cela, ils ont préféré un coup d'état
en bonne et due forme. La guerre n'est pas une bonne chose. On sait
quand on la commence, mais on ignore quand elle prendra fin. Voyez ce
qui continue de se passer à Abidjan.
NT : Reconnaissez-vous Ouattara comme président?
LG : je ne crois pas que cela l'aiderait.
NT : Il parle de son investiture à la mi-mai
LG
: A sa place, j'aurais assumé mon coup d'état. Quelqu'un qui joue à
cache cache avec son ombre est dangereux pour lui-même. On est soit
putschiste soit démocrate. Mais jamais les deux à la fois.
NT : Le premier ministre français François Fillon soutient qu'aucun soldat français n'est rentré à votre domicile.
LG : Je ne lui en veux pas de soutenir le contraire, il n'y était pas avec nous.
NT : Pouvez-vous nous faire le film de votre arrestation ?
LG : Permettez que je n'en dise pas un mot pour l'instant.
NT : N'était-ce pas suicidaire de défier la communauté internationale?
LG
: Penser ainsi voudrait dire qu'on est pour ne pas que les choses
changent. J'ai plus peur de la population qui vous chasse par la rue,
parce que vous êtes un dictateur corrompu, que du diktat des puissances
impérialistes. J'ai certes perdu le pouvoir par le vœu de la France, une
chose qui, de toutes les façons, aurait été une réalité en fin de mon
mandat. Mais je suis très heureux de ne pas être celui par qui mon pays
sera pillé. Ceci est une des choses essentielles que je retiendrai de ma
présidence.
NT : Feriez-vous la même chose si c'était à refaire ?
LG
: Absolument. S'il y a une chose que je ne supporte pas c'est la
soumission. Surtout quand elle engage la vie de tout un peuple. Mes
convictions ne sont pas négociables. Tant pis si j'en paie le prix.
NT : Croyez-vous en la réconciliation prônée par Alassane Ouattara?
LG
: C'est vrai qu'on dit du menteur qu'il se ment toujours à lui-même en
premier. Mais il faut toujours faire l'effort de croire aux intentions
des uns et des autres jusqu'au jour où ils vous démontrent le contraire.
Ce que je constate par contre, c'est qu'il va falloir batailler pour y
parvenir vu la grandeur de ce désastre jamais observé dans notre pays.
De la barbarie des temps anciens. Les gens tués froidement, des
villages incendiés avec leurs populations réfugiées en brousse... C'est
une méchanceté gratuite qui ne grandit pas son commanditaire.
NT : Avez-vous les nouvelles de votre femme, votre fils et autres collaborateurs détenus au Golf?
LG
: En lieu et place d'une réponse à votre question, je demanderais à
Ouattara de les faire libérer immédiatement, tout comme je lui demande
de faire cesser ces graves exactions perpétrées sur les populations
partout dans le pays. Nous avons un régime présidentiel qui fait de moi
le premier responsable de ce qu'il pourrait leur reprocher. Qu'il fasse
honneur à la Côte d'Ivoire, pendant qu'il est encore temps en
rétablissant l'Etat de droit très rapidement. La terreur ne résout rien.
Le calme qu'elle procure est très souvent trompeur. Les gens sont
certes apeurés, c'est dans l'ordre des choses, parce que face à une
situation nouvelle. Mais qui ne les amène pas à s'y habituer et à
surmonter leur peur.
NT : Alassane Ouattara est-il un danger pour la démocratie?
LG
: Pour ce que nous voyons, il serait insensé de dire non. Arrêter Affi
pour avoir donné une interview et fait une déclaration qui dépeint la
situation socio-politique, c'est impensable après de longues années de
lutte pour l'instauration de la démocratie. Que Ouattara fasse
attention à son envie de tuer la démocratie, les ivoiriens sont très
jaloux de leur liberté devenue effective depuis une décennie. L'homme
politique qui ne met pas le peuple au centre de ses préoccupations
s'expose gravement.
NT : Ouattara peut-il gouverner la Côte d'Ivoire ?
LG
: Il lui faudra bien ! Puisqu'il en a rêvé avec obsession. Maintenant
qu'il l'a obtenu en cadeau à coup de canon de Sarkozy, il n'a pas le
choix ! Va-t-il y parvenir? Tout dépendra de son acceptation par le
peuple de Côte d'Ivoire durement éprouvé par sa passion pour les armes
et dont on peut imaginer le rejet pour sa personne.
NT : Le tout n'était donc pas de réussir son coup d'État ?
LG
: Absolument pas ! Renverser Gbagbo et se proclamer président était
peut-être l'étape la plus facile. Mais qu'en sera-t-il pour chaque
ivoirien ayant subi le courroux de ses hommes? La réconciliation entre
lui et le peuple sera laborieuse, peut-être même jamais une réalité. Le
problème de sa légitimité se posera à lui de façon récurrente.
NT : Comment faites-vous pour garder votre légendaire bonne humeur, malgré ce que vous traversez?
LG
: Que voulez-vous que je fasse, mon cher Navy? Il est souvent bon de
rire des choses tragiques. D'abord parce que les pleurs ne changeront
pas leur cours, mais, mieux leur avènement est porteur de plusieurs
enseignements. Pour certains c'est gagné et pour d'autres c'est perdu.
Et pourtant...
NT : Vous considérez-vous toujours comme président de la Côte d'Ivoire?
LG : Si tel était cas, je suis bien loin du palais présidentiel maintenant (rire).
NT : Votre chute n'a pas été saluée par une liesse populaire.
LG : C'est à Ouattara qu'il faut porter ce message.
NT
: Le mot de la fin aux internautes pour qui vous êtes un héros
africain et à vos électeurs qui sont traqués par les rebelles de
Ouattara.
LG
: Merci à nos amis internautes qui se mobilisent pour la Côte d'Ivoire,
mes partisans, mes collaborateurs, ma famille et moi. Cela me va droit
au cœur de savoir qu'ils existent. Au delà de mes électeurs, je
recommande à tous mes compatriotes et africains de rester dignes.
NT : Au revoir Monsieur le président en espérant qu'il ne vous arrivera rien.
LG : Si tel était le cas, il aura prouvé à tous ce qu'il est (rire).
Que Dieu bénisse la Cote d'Ivoire.
SOURCE: eburniaplus-wohi.blogspot.com
http://eburniaplus-wohi.blogspot.com/2011/04/exclusivite-apres-son-kidnapping-par-la.html?spref=tw
NOTE DE LA REDACTION: AUCUNE INFORMATION N’ETANT A NEGLIGER, NOUS LAISSONS A CHACUN LE SOIN D’APPRECIER L’AUTHENTICITE DE CETTE INTERVIEW DU PRESIDENT GBAGBO.