En visite à Gagnoa: Soro marche sur Gnaliepa et Mama avec armée et loubards saouls, et affirme "Je ne suis pas venu ici pour provoquer quelqu'un"
Par IVOIREBUSINESS - Les villageois de Gnaliepa « Nous refusons d'accueillir Soro''.
Guillaume Soro, à Gagnoa depuis le 15 août, a foulé le sol des villages de Gnaliepa et de Mama, à la tête d'une armée et de jeunes partisans visiblement sous l'emprise de l'alcool.
A Gnaliepa, village natal de la mère du Président Laurent Gbagbo situé à 1km de Ouragahio, les villageois ont maintenu leur opposition à recevoir le président de l'assemblée nationale: "Nous refusons d'accueillir Soro'' ont affirmé les habitants. Puis, alliant l'acte à la parole, ils ont boycotté la visite de ce dernier.
En effet, à part les chefs de villages et leurs notables, nul trace de villageois de visible sur la place publique du village, lieu de la réception officielle. Ces derniers ont préféré prendre la clé des champs ou aller dans leurs villages maternels car pour eux, Guillaume Soro est l'incarnation de tout le mal qui s'est abattu sur leur région.
Qu'à cela ne tienne, Soro s'est fendu d'un dithyrambe à l'endroit de Laurent Gbagbo, des chefs de village de la région et de Gnaliépa que sont Gbizié Lambert et Dalli Monoko André, sans oublier les villageois: "Ce village, je le connais très bien. Quand j'étais étudiant, je venais ici avec Gbagbo pour saluer sa maman. Et puis, c'est le village de mon camarade de lutte à la Fesci, Séri Jean Bosco.", a déclaré le président de l'Assemblée nationale.
Qui a aussi fait du retour de la maman de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire, sa priorité: " C'est vrai, il y a une de nos mamans, notre grand maman qui n'est pas dans le village aujourd'hui, qui est en exil. Mais je voudrais saluer ici le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko qui a été dire au président Alassane Ouattara qu'il faut qu'on réhabilite la maison de Maman Gbagbo. Et le président a donné son accord. C'est ainsi que les travaux, sous la supervision du préfet et madame le sous-préfet, ont démarré...Si ces travaux-là finissent, je vais dire au chef et à la population de Gnaliépa de dire à Maman Gbagbo qu'ils ont envie de la voir. Il faut qu'elle revienne. Elle n'aura pas faim. Qu'elle revienne s'installer et vivre paisiblement et tranquillement ici. Parce que personne d'entre nous ne souhaite qu'elle soit en exil".
Guillaume Soro a également réfuté les allégations de visite forcée à Gagnoa: "Je remercie les chefs parce que les gens croient que j'ai forcé pour venir à Gagnoa. C'est la chefferie traditionnelle de Gagnoa qui, à trois reprises, est allée à Abidjan me demander de venir. Je veux les remercier, parce qu'un chef de village n'a pas de parti politique. Un chef est au-dessus des partis politiques, car son rôle est de pouvoir parler à tous ses administrés. Donc un chef ne doit jamais afficher sa coloration politique".
Puis il s'est érigé en défenseur de la paix et de la réconciliation nationale et non en provocateur: "Chers frères de Gnaliépa, je suis venu vous dire qu'il n'existe pas de problème auxquels on ne peut trouver de solution. Mais pour régler les problèmes, il faut qu'on se parle. Si on ne se parle pas, comment peut-on se comprendre? Je suis venu vous dire que la première des choses que je vais vous recommander c'est d'avoir dans vos cœurs la place du pardon. Ne restez pas sur la douleur. Ne restez pas sur les pleurs. Un garçon ne pleure pas tous les jours. Il faut regarder l'avenir. Je ne suis pas venu ici pour provoquer quelqu'un. J'ai déjà trop de problèmes pour venir en ajouter d'autres sur moi-même. Je suis ici pour qu'on se parle et essayer de régler les problèmes. Aider les chefs pour que je sois leur ambassadeur auprès du président de la république et du gouvernement".
A Mama, ce fut tout autre chose. En effet, des échauffourées ont éclaté entre jeunes pro-Soro ivres d’alcool et convoyés par cars, et villageois. Car face à la défection des villageois qui ont préféré déserter le village à l’arrivée de Guillaume Soro, des dizaines de jeunes pro-Soro, ivres d’alcool ont été transportés par cars pour faire croire à un accueil massif des populations en faveur du président de l’assemblée nationale. Ces nouveaux venus, ivres, ont dès leur arrivée, nargué les villageois regroupés dans un lieu précis, les couvrant des noms d’oiseaux comme « Gbagbo babieh, « Gbagbo va mourir à la CPI », « Gbagbo idjou », etc… Les jeunes du village, excédés, ont riposté à ces injures d’un autre âge, laquelle riposte a débouché sur des accrochages et échauffourées entre les deux groupes. Mais les FRCI massivement présents, ont vite maîtrisé la situation.
Malgré cela, Soro s'est encore présenté de façon cynique en défenseur de Gbagbo et en partisan de la réconciliation, sous le regard médusé des parents de Gbagbo à qui il a demandé de pardonner.
Au point qu'il affirme avoir de la peine de voir Laurent Gbagbo en prison à la Haye et d'apporter des rectificatifs concernant son arrestation le 11 avril 2011: « Quand il a été arrêté, j’ai donné des instructions à Wattao, pour qu’on ne touche pas à ses cheveux, et à l’hôtel du Golf, je lui ai cédé ma chambre au quatrième étage ».
Puis de les narguer en osant affirmer, pince sans rire, n'avoir jamais trahi Gbagbo, et que ce dernier n'a d'ailleurs pas remporté l'élection présidentielle de 2010: "Ceux qui l’ont trahi, ce sont ceux qui ont l’ont blagué, en disant qu’il a gagné les élections, et qu’ils vont donner leur poitrine...Gbagbo n’a pas gagné les élections, celui qui a gagné, c’est Alassane Ouattara".
Sacré Soro, visiblement heureux d'avoir marché avec son armée et ses loubards, sur Gagnoa, précisément sur Gnaliepa et Mama, dans l'indifférence générale des populations.
Serge Touré avec plusieurs témoins joints sur place