Droits de l'homme: Après Amnesty et la FIDH HRW dénonce les tortures du régime Ouattara
Le 21 novembre 2012 par Le Nouveau Courrier - Même si l’ONG Human Rights Watch (HRW) a mis du temps à se souvenir que la torture à échelle industrielle se pratique en Côte d’Ivoire par le régime
Ouattara, dont elle a été un soutien de tout temps, HRW a fini par s’aligner derrière l’évidence. Et dénoncer à son tour la vague de répression et autres tortures sous Ouattara. Dans un rapport de 80 pages, au titre assez révélateur «Bien loin de la réconciliation», l’ONG Human Rights Watch détaille la répression brutale qui a fait suite à une série d’attaques violentes contre des installations militaires à travers le pays. Ce rapport sanctionne une mission de recherche de trois semaines menée en Côte d’Ivoire entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 2012, menée par des chercheurs de Human Rights Watch. «La répression qui a suivi a été marquée par des actes rappelant les crimes graves commis pendant la crise postélectorale de 2010-2011, perpétrés dans certains cas sous des commandants précédemment identifiés comme responsables d’abus brutaux, a constaté Human Rights Watch. Le Gouvernement du président Alassane Ouattara devrait garantir la mise en place rapide d’une enquête et le lancement de poursuites judiciaires à l’encontre des forces armées qui ont commis des atteintes aux droits humains graves, dont les actes de tortures et des traitements inhumains», a indiqué Human Rights Watch dans son rapport. La force de l’évidence Même si par moment l’ONG, financé en grande partie par le milliardaire George Soros, présenté comme un proche et un financier d’Alassane Ouattara, a tenté de justifier l’environnement de terreur ou de nuancer ces violations graves, elle a dans la majeure partie de son rapport relaté des cas d’actes de tortures rapportés par des victimes à Human Rights Watch. «Aucune des personnes interrogées qui ont été détenues après les arrestations massives n’a comparu devant un juge, malgré l’obligation selon la loi ivoirienne qui exige de faire comparaître un individu dans les 48 heures suivant son arrestation ou sa mise en détention. Beaucoup étaient en détention illégale dans des camps militaires pendant trois à six jours. La majorité des personnes interrogées par Human Rights Watch ont subi des abus physiques aux mains des Forces républicaines au moment de l’arrestation, pendant la détention ou dans les deux cas. Alors que dans ces cas d’arrestations massives, de tels traitements n’ont généralement pas atteint le niveau de la torture, ils correspondaient souvent à la définition des traitements cruels et inhumains. Les abus les plus graves et les plus récurrents documentés par Human Rights Watch liés aux arrestations massives ont été commis sous le commandement d’Ousmane Coulibaly, connu sous le nom de «Ben Laden», l’officier alors responsable du camp de la BAE à Yopougon Gesco. Selon des résidents de Yopougon et d’anciens détenus, ce camp a été le théâtre de détentions illégales quasi quotidiennes, de traitements abusifs et d’actes d’extorsion pendant le mois d’août. De plus, Coulibaly était responsable de superviser la réponse à l’attaque du 15 août à Dabou, une riposte pareillement entachée d’arrestations arbitraires massives et d’actes d’extorsion à l’encontre des détenus en échange de leur libération. Human Rights Watch a continué à documenter de nouvelles séries d’arrestations arbitraires à Dabou jusqu’au 11 septembre, soit deux jours avant que le chercheur ne quitte la Côte d’Ivoire», rapporte HRW dans son document de 80 pages. Et qui donne un pan de l’horreur vécu par les victimes de cette politique de terreur perpétuelle. La cruauté humaine ! Le camp Génie militaire d’Adjamé, QG de la toute puissante et liberticide Police militaire commandée à l’époque par Koné Zakaria n’est pas en reste dans cette vague d’arrestations, détentions illégales et autres actes de traitements inhumains. Des témoignages recueillis par HRW accablent Koné Zakaria et ses hommes. «Human Rights Watch s’est entretenu avec huit anciens détenus dans le camp de la police militaire. Cinq d’entre eux ont fourni des preuves détaillées permettant de penser qu’ils ont été victimes de torture. Ils ont décrit comment le personnel militaire les a battus, flagellés et soumis à d’autres formes extrêmes de mauvais traitements physiques, généralement dans le but d’exiger des réponses à des questions sur la localisation d’armes ou de suspects présumés ou dans le but de faire pression sur le détenu pour qu’il signe des aveux d’implication dans une atteinte à la sûreté de l’État. Beaucoup d’anciens détenus ont décrit avoir souffert de graves blessures physiques, dont un qui, une semaine après sa libération, continuait à avoir du sang dans les urines suite à des coups. Ils ont aussi raconté avoir vu d’autres
détenus revenir dans la cellule avec des contusions au visage, des gonflements sévères et des plaies ouvertes. Les détenus du camp de la police militaire ont aussi décrit avoir souffert des conditions de détention inadaptées, notamment la surpopulation, la privation quasi totale de nourriture et d’eau et les pratiques humiliantes comme être placé dans une pièce remplie d’excréments. Beaucoup ont été forcés de payer les soldats qui les gardaient pour garantir leur libération», écrit l’ONG dans son rapport. Malgré le vuvuzéla du régime, les preuves des atrocités et autres actes de tortures sont révélées jour après jour. Et montrent la face hideuse d’un régime qui viole au quotidien les droits de l’homme les plus élémentaires.
Le Nouveau Courrier