Dr Guehoun, professeur à l'Université de Bouaké: « … LES BLANCS VONT VOUS TUER SI…. »« … vous tentez un coup d’Etat »

Le 29 juillet 2011 par IvoireBusiness - Dixit le Colonel Doumbia Lassina aux militaires. Lu dans Notre Voie n° 3897 du mardi 26/07/11 sous la plume de César Ebrokié. C’était lundi

Dr Guehoun, professeur à l'université de Bouaké, déplacé à Abidjan.

Le 29 juillet 2011 par IvoireBusiness - Dixit le Colonel Doumbia Lassina aux militaires. Lu dans Notre Voie n° 3897 du mardi 26/07/11 sous la plume de César Ebrokié. C’était lundi

dernier au 1er bataillon d’Akouédo à l’occasion d’une rencontre entre frères d’armes. Les propos complets sont ceci « Il paraît que vous voulez faire un coup d’Etat. Si vous tentez, les Blancs vous tueront, il n’y aura rien. Ils sont déjà postés partout ». On aurait pu prendre ces propos comme de sages conseils d’un aîné à un cadet irresponsable et un peu tête en l’air. Sauf que là, il s’agit de soldats de l’armée d’un pays qui se veut souverain et indépendant. Ces propos prennent alors l’allure d’un appel à la reddition anticipée au cas où existeraient vraiment des velléités putschistes et un aveu de la peur bleue du coup d’Etat qui hante le pouvoir de Dramane. La fin de ce message est encore plus explicite et augure de mauvais présages. Nous y reviendrons.
1. Pourquoi un coup d’Etat, pour changer un pouvoir ?
« Qui règne ou prend le règne par l’épée, périra par l’épée » serait-on tenté de répondre. Car en vérité celui qui a été élu et gouverne, n’attend que les échéances suivantes pour rester ou s’en aller. Et dans le cas d’espèce la Côte d’Ivoire sait comment s’est fait le changement de régime. L’on a refusé le simple et objectif recomptage pour faire appel à une force étrangère, qui, contrevenant à toutes les règles du bon sens et de la diplomatie à bombardé la résidence privée du président sortant, l’a capturé et remis à son adversaire. Vu la diligence de avec laquelle les choses se sont faites, il y a lieu de penser que cette force était déjà pré positionnée. Depuis, lui, ses collaborateurs et même des anonymes sont l’objet de toutes sortes d’intimidations et de maltraitance dans des prisons. Dire donc à l’armée de ne pas faire un coup d’Etat est un aveu de ce que quelqu’un craint le retour du bâton. Pour craindre le retour du bâton, il faut soi-même, l’avoir injustement utilisé. Tant et si bien que même les éléments qui répondent à l’appel de réconciliation sont traqués, mis aux arrêts, payés main à main, etc. Toutes mesures qui ne font que renforcer l’éventuel sentiment de vengeance. Et puis, on se retrouve inévitablement à croire à la survenue d’un coup d’Etat, sans se demander s’il n’y a pas lieu de lever le pied pour voir.
2. « … et puis il n’y aura rien… »
Effrayant bout de phrase que celui-ci. Car les Blancs, on devine aisément de qui il s’agit, pourront tuer, massacrer nos soldats nos civils et « il n’y aura rien ». En d’autres termes, personne n’y pourra rien, ce sera « cadeau ». Alors que d’autres sont poursuivis, embastillés, interdits d’accès à leurs avoirs pour cause de lutte contre l’impunité, des Blancs pourront venir tuer et s’en aller, le plus tranquillement du monde. Aux oubliettes les notions de « crimes de guerre, crimes contre l’Humanité etc. Ce sont des Blancs que l’on a mis en mission, ce sont les maîtres, au dessus de toutes les lois sur la base desquelles, l’on nous punit pourtant. Encore plus effrayant, est que « … ils sont déjà postés partout… ». Donc, non seulement ils ont installé un président mais, ils sont encore dans nos murs et pour combien de temps s’il vous plaît ? Au delà des militaires, le Colonel Doumbia Lassina nous informe que tant que la sécurité du président sera en danger, « les Blancs » seront là pour nous tuer (civils et militaires putschistes) et il n’y aura rien. Là où à l’occasion du dernier 14 juillet à Paris les pays francophones avaient été invités à parader sur les Champs Elysées et que avec dignité, la Côte d’Ivoire avait refusé de s’aligner, là où, sans prévis aucun les banques françaises nous avaient fermé leurs guichets au nez et que par souci de liberté, de sauvegarde de milliers d’emplois de certains d’entre nous et par affirmation de notre souveraineté, le gouvernement Aké N’gbô avait par nationalisation sanction, réquisitionné ces établissements pour servir nombreux d’entre nous qui attendions nos salaires, l’on nous ramène au point de départ. Ce sont les Blancs qui désormais encore, peuvent tuer et il n’y aura rien. Vous avez dit retour à la case départ ?
3. Conclusion.
Les élections, partout, sont un moment important. Un peuple doit choisir son destin, sur la base des besoins du moment et en toute souveraineté. Dans notre dernier cas et dans ceux à venir, qui semble-t-il, l’on veut organiser sans désarment ni réunification des caisses de l’Etat (ce qui a produit ce dans quoi nous sommes en ce moment), les prochaines consultations, la Côte d’Ivoire s’achemine vers un autre chaos. Les Blancs se sont unis avec certains Noirs pour cela et ils sont prêts à remettre le couvert. En 2010 quels étaient nos besoins et aspirations après quarante (40) années de parti unique ? De quoi rêvaient les Ivoiriens ? Aucun parti unique n’a nulle part fait le progrès des populations. La liberté d’expression et d’organisation est-elle anti constitutionnelle ? Qu’est-ce que la Constitution si l’on se contente juste d’y apposer sa main et de jurer de la défendre si le lendemain on passe outre sans coup férir, parce que les Blancs sont déjà postés partout ? Nous sommes contre la force pour la prise du pouvoir. Nous voulons la Paix et c’est pour cela que nous demandons le départ des « Blancs », le respect de la Loi Fondamentale. Seul le respect des Lois, dans notre contexte multi ethnique et multi culturel, peut sauvegarder la cohésion sociale et la réconciliation. Imaginons un seul instant que le régime change et que le tenant du pouvoir soit porté sur la vengeance et un fort égocentrisme. Que deviendrons nombreux d’entre nous face aux nouveaux vainqueurs ? Ceci n’est pas et ne peut l’être un appel au coup d’Etat. Juste une analyse des faits.

Dr. Guehoun
Université de Bouaké, déplacé à Abidjan.