Document Exclusif : Milosevic avait peur d'être empoisonné dans sa cellule

Le 09 mars 2012 par IVOIREBUSINESS - "Ils veulent m'empoisonner" aurait écrit, la veille de sa mort, l'ex-président yougoslave dans une lettre.

Slobodan Milosevic.

Le 09 mars 2012 par IVOIREBUSINESS - "Ils veulent m'empoisonner" aurait écrit, la veille de sa mort, l'ex-président yougoslave dans une lettre.

L'autopsie du corps de Slobodan Milosevic, retrouvé mort samedi dans sa cellule, devrait mettre un terme à la polémiques née dimanche 12 mars sur les causes du décès de l'ex-président yougoslave, plusieurs voix s'étant élevées pour dénoncer un possible empoisonnement.
"Ils veulent m'empoisonner", aurait en effet écrit vendredi Slobodan Milosevic, à veille de sa mort, dans une lettre à l'ambassade de Russie dont son conseiller juridique Zdenko Tomanovic a fait dimanche une traduction pour des journalistes à La Haye.
"Je suis sérieusement préoccupé et inquiet", assurait l'ancien président yougoslave, selon Zdenko Tomananovic.
D'après son conseiller juridique, Slobodan Milosevic écrivait que des analyses de sang réalisées le 12 janvier et qui lui avaient été communiquées en mars par le greffe du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie faisaient état de la présence à haute dose d'un médicament utilisé dans le traitement de la lèpre ou de la tuberculose.

Un suicide ?

Dans une interview accordée au quotidien italien La Republica, Carla del Ponte a de son indiqué qu'elle n'excluait pas la théorie du suicide comme " un ultime défi" à la justice internationale de Slobodan Milosevic, retrouvé mort samedi dans sa cellule à La Haye.
Le procureur qui a précisé que "l'autopsie devrait prendre quatre à cinq heures et ses résultats pourraient être connus dimanche soir ou lundi matin. Quant aux analyses toxicologiques, il faudra sans doute attendre la semaine à venir". Carla del Ponte a rappelé qu'il y a une semaine l'ex-chef des Serbes de Croatie Milan Babic s'était suicidé dans sa cellule et qu'il y avait déjà eu d'autres suicides au centre de détention des Nations unies à La Haye. Reste que pour le procureur, comme beaucoup d'autres, la mort de Slobodan Milosevic à 64 ans est frustrant et "très dommage pour la justice" à quelques mois de la fin prévue de son procès entamé le 12 février 2002.

Cinquième année de procès

Le corps sans vie de Milosevic a été retrouvé samedi matin dans sa cellule de Scheveningen, près de La Haye, alors que son procès pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre venait d'entrer dans sa cinquième année.
Milosevic, qui était âgé de 64 ans et souffrait de problèmes cardiaques et d'hypertension artérielle, avait demandé le mois dernier une mise en liberté provisoire afin de se faire soigner en Russie mais sa requête avait été rejetée.
Son frère aîné, l'ancien ambassadeur de Yougoslavie en Russie Borislav Milosevic, a imputé l'entière responsabilité de sa mort au tribunal, affirmant qu'un groupe de médecins indépendants avait déjà jugé l'accusé dans un état critique en novembre dernier.
Pour calmer la polémique, deux médecins serbes doivent assister à l'examen du corps en cours dimanche. Ils seront accompagnés du ministre serbe-et-monténégrin des Droits de l'Homme et des Minorités ethniques, Rasim Ljajic, ont précisé des responsables.
L'hypothèse d'un suicide a été jugée peu probable par un porte-parole du TPI.
Le décès survient moins d'une semaine après le suicide dans sa cellule du TPI de l'ancien président autoproclamé des Serbes de Croatie Milan Babic, retrouvé mort dimanche dernier.
Cette coïncidence devrait soulever des interrogations sur la surveillance des détenus à Scheveningen, contrôlés normalement toutes les demi-heures pendant la nuit.

Lenteur de la procédure

La mort de Milosevic plusieurs mois avant le verdict de son procès, attendu à la fin de l'année, a par ailleurs mis en relief la lenteur de la procédure.
Le procès de celui qui fut président de la Serbie puis de la Yougoslavie pendant 13 ans jusqu'en octobre 2000 était le plus retentissant organisé en Europe depuis le procès des dirigeants nazis à Nuremberg.
Mais, quand les procès de Nuremberg s'étaient déroulés en un an, la procédure contre Milosevic avait tourné au marathon judiciaire. L'accusation avait fait citer près de 290 témoins; Milosevic, qui dirigeait seul sa défense et toisait ses juges, entendait faire comparaître 1.600 témoins.
"Un acte d'accusation plus resserré, notamment sur le nettoyage ethnique dont il était indubitablement responsable aurait été bien meilleur", a regretté David Owen, ancien émissaire dans les Balkans.
Mais l'ancien ambassadeur américain aux Nations unies Richard Holbrooke, négociateur des accords de paix de Dayton sur l'ex-Yougoslavie en 1995, ne partage pas cet avis.
"Je pense que la justice a été rendue. C'était un monstre, il a déclenché quatre guerres et il a passé les cinq dernières années de sa vie en prison, ce qui est une justice dure et appropriée", a-t-il déclaré à Reuters Television.
La lenteur de la procédure s'est révélée finalement elle aussi adaptée dans son cas car "cela l'a obligé à faire face à ses actions et cela a permis au monde de les appréhender pleinement", a-t-il estimé.

Publié par (Reuters) ET (AP)
le 12-03-2006 à 17h23- Mis à jour à 17h23

Milosevic mort dans sa cellule

La mort de Milosevic dans sa cellule, à La Haye, alors qu’il était jugé depuis 4 ans par la Cour Penal Internationale, pour 66 Chefs d’inculpation dont ceux de génocide, crime contre l’humanité ou crimes de guerre, porte un coup terrible à cette institution internationale.
Intervenu dans la nuit de vendredi à samedi, la mort de Slobodan Milosevic (5ème accusé en jugement mort dans sa cellule à La Haye) alors que son procès touchait à sa fin, laisse sans conclusion un des chapitres les plus noirs de l’Histoire de la Serbie, et pose la question de la sécurité des détenus (tous généralement assez gênant) à La Haye.
Les circonstances de la mort, encore mystérieuses, et qui devraient être éclaircies dés cette semaine suite à l’autopsie menée dimanche après midi, permettra de répondre à quelques questions embarrassantes, et qui pourraient remettre en cause l’existence du CPI.
Première hypothèse, une mort naturelle, qui enterrerait dans le calme, avec Milosevic, les horreurs de la guerre de Serbie. Deuxième hypothèse, un « suicide » de Milosevic, qui aurait décidé d’arrêter un combat perdu d’avance, poussé de plus par le suicide des ses parents et de l’ancien dirigeant serbe croate Milan Babic qui as mis fin à ses jours dimanche dernier, dans la même prison. Troisième et dernière hypothèse, le meurtre par empoisonnement, dont le mobile et le commanditaire serait alors d’une importance cruciale…
En effet, si comme le dit son avocat, Milosevic a bien été empoisonné dans sa cellule, cette « justice » expéditive et sans procès pourrait trés certainement obliger la Cour Pénale Internationale a fermer ses portes, pour une période aussi longue qu’indeterminée, même si il n’en est probablement pas le commanditaire. Ce scénario catastrophe pour la justice mondiale, mais idéal pour d’autres, ne trouvera de réponses qu’après l’annonce du résultat de l’autopsie et des examens toxicologique.
Toutefois, le CPI, et son instance spéciale Ex Yougoslavie, le TPIY, penche pour l’instant pour la thèse de la mort naturelle, rappelant les antécédents de santé de l’ex-dictateur. Celui ci bénéficiait d’ailleurs d’un procès « aménagé », qui ne durait que 3 jours par semaine, et demandait, depuis plusieurs semaines, le droit d’aller se faire soigner à Moscou pour ses problèmes cardiaques et d’hypertension artérielles, demandes qui furent maintes fois refusées par le Tribunal, au grand dam de Milosevic et de sa défense.
L’autopsie, menée en Hollande, malgré les demandes répétées de l’avocat de Milosevic pour faire transférer le corps en Russie, devrait apporter au plus vite des réponses à des questions qui deviennent d’une importance capitale à l’approche de l’ouverture des procès, menés par le CPI, sur les massacres en Ouganda, au Darfour ou en République Démocratique du Congo.
Cependant, si l’hypothèse du meurtre se confirme, alors le CPI va connaitre une période plus que mouvementée, et son existence pourrait être remise en cause… Ce qui, soit dit en passant, pourrait arranger pas mal de monde… Les criminels de guerre d’Afrique, et d’autres continent, ou bien même les Etats Unis, qui n’ont par ailleurs jamais reconnu la légalité du CPI, et qui s’inquiète toujours de possible enquêtes sur leurs agissements depuis le 11 septembre, notamment sur la base de Guantanamo…
Affaire à suivre donc, car les conclusions de l’autopsie pourraient créer une suite d’évènements d’une importance cruciales pour la justice à l’échelle planétaire…

Reuters et AP