De retour après quatorze ans d’absence / Rose Marie Guiraud, fondatrice de l’EDEC : ‘’Je suis venue au nom du président de la République’’

Publié le samedi 28 avril 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Rose Marie Guiraud, danseuse, chorégraphe, professeur d’anthropologie de la danse et fondatrice de l’Ecole de danse et d’échange culturel (Edec)

Marie Rose Guiraud.

Publié le samedi 28 avril 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Rose Marie Guiraud, danseuse, chorégraphe, professeur d’anthropologie de la danse et fondatrice de l’Ecole de danse et d’échange culturel (Edec)

est de retour en Côte d’Ivoire après 14 ans passées aux Etats-Unis avec son époux. ‘’Je ne suis pas partie en exil aux Etats-Unis ! Je suis partie (le 4 avril 1998) pour me faire soigner, car j’étais très malade…J’ai préféré attendre que la guerre finisse avant de revenir’’, a-t-elle répondu à la presse le 27 avril à l’Edec sise à la Riviera 3. En franchissant le ‘’building’’ de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny qu’elle trouve ‘’moderne’’, Rose Marie Guiraud a dit éprouver une ‘’fierté’’ face au changement opéré. Elle voit une ressemblance avec l’aéroport de New York. ‘’Dans cette crise, il y a eu quelque chose de positif qui est sorti’’, souligne-t-elle. Mais, sa rencontre avec ses enfants, les pensionnaires de l’Edec crée en elle des craintes. Sous une des paillotes de l’école, elle partage ses sentiments le vendredi 27 avril avec la presse nationale. ‘’Je ne savais pas qu’elle attitude avoir face à eux. Rire ou pleurer. J’ai pleuré à cause de l’émotion’’, a confié Rose Marie Guiraud. Malgré sa longue absence, elle ‘’remarque que les enfants, guidés par une âme, ont bien travaillé’’. Ceux-ci lui ont souhaité la bienvenue dans la joie et l’amour qu’ils ont décrit par la gestuelle rythmée de pas de danses au son de Tématé. ‘’On m’a tout dit mais j’ai cru en mes enfants sans arrêt pendant quatorze ans’’, précise-t-elle. L’histoire de son retour au bercail remonte au 24 septembre 2011 à New York lors de la visite du président Alassane Ouattara qui a eu un échange avec la diaspora ivoirienne. ‘’Le président m’a demandée de rentrer. J’ai saisi l’occasion qu’il m’a donnée de me dépêcher de rentrer. Je suis venue en son nom parce que c’est très important pour apporter quelque chose de constructif à la réconciliation. Maintenant que la paix est revenue, tout le monde doit se dépêcher à revenir’’, a expliqué Marie Rose Guiraud. La réconciliation, selon elle, est mentale et ‘’demande l’apport de tous’’. Aussi a-t-elle plaidé pour le retour en Côte d’Ivoire des artistes exilés depuis la crise postélectorale. «La réconciliation, c’est reconnaître l’autre. S’il y a quelqu’un qui m’a aidée, je veux qu’on aide les autres. On doit aider nos frères artistes à revenir au pays», a-t-elle souhaité. Citant l’exemple de Gadji Céli actuellement en France, Rose Marie Guiraud fait savoir qu’il est «un monument» pour la Côte d’Ivoire. «Michael Jackson a eu tous les problèmes du monde, mais il est resté aux Etats-Unis. Je demande que tous les frères partis du pays – je n’ai pas de parti pris – s’ils n’ont rien fait de grave, qu’ils reviennent. C’est ensemble qu’il faut bâtir notre pays», a-t-elle motivé. Pour ce qui est de la relance culturelle, celle dont le nom rime avec le ballet national de Côte d’Ivoire, invite à l’union. «Si on se tient bien la main, on doit pouvoir relancer notre culture», indique-t-elle. Ne possédant cependant ‘’que l’amour et le métier de l’art’’, Marie Rose Guiraud – ‘’éducatrice de métier mais par nature’’ – entend apporter sa contribution à travers son projet de festival qui commencera à Kouibly (ouest) et va parcourir le pays. La date est encore imprécise. «L’art, c’est ce que je sais faire. C’est une thérapie pour l’âme. Danser dans notre communauté, c’est notre philosophie. Chaque mouvement, c’est de la poésie. A travers cet amour, j’aimerais pouvoir essuyer les larmes de ceux qui ont souffert après moi. Ceux qui sont touchés par la guerre sont nombreux. J’ai soumis le projet aux autorités», a dit Marie Rose Guiraud. Son projet vise l’alphabétisation et consiste à recruter les enfants dont l’âge varie de 5 à 20 ans de sorte à les sortir de la dépendance. Avant de quitter New York, les Ivoiriens de la diaspora lui ont rendu un hommage à travers un dîner ‘’Tibute to Rose Marie Guiraud’’.

Koné Saydoo