Déstabilisation de la Côte d’Ivoire : L’Onuci veut attaquer Duékoué

Publié le jeudi 3 mars 2011 | Le Temps - Le bloc rebelle conduit par l’Onuci s’apprête à attaquer la ville de Duékoué, dans l’espoir de pouvoir envahir les autres régions après cette localité. Danger ! Les Casques bleus de l’Onuci, on le sait, ne

Casques bleus de l'Onuci.

Publié le jeudi 3 mars 2011 | Le Temps - Le bloc rebelle conduit par l’Onuci s’apprête à attaquer la ville de Duékoué, dans l’espoir de pouvoir envahir les autres régions après cette localité. Danger ! Les Casques bleus de l’Onuci, on le sait, ne

cachent plus leur engagement aux côtés de la rébellion sanglante d’Alassane Dramane Ouattara pour endeuiller la Côte d’Ivoire. Depuis quelque temps, ils ont la citadelle de Duékoué dans leur viseur. Dans l’optique de cette attaque, l’Onuci a accru la présence de ses éléments ainsi que de ceux de la rébellion à Bangolo. Partout, on les voit dans la ville. Ils ont déployé à Bangolo, leur matériel lourd jusque-là stocké à Man. Armes de toutes sortes et véhicules. Sans s’attaquer à l’intégrité physique des populations qu’ils prennent quand même soin de ruiner par le racket sur les routes, ils n’autorisent pas tout rassemblement des jeunes, qui leur serait dommageable. Et on apprend que ces soldats rebelles appuyés de ceux de l’Onuci, cherchent à entrer à Duékoué, en contournant les positions des Forces de défense et de sécurité (Fds) basées à Guéhiébly, localité située entre Duékoué et Bangolo.

La rébellion s’acharne à conquérir Duékoué, ville-carrefour, entrée du Moyen-Cavally, parce que cette cité est bien stratégique. Elle offre de nombreux débouchés. La région du Moyen-Cavally même, avec son chef-lieu, la ville de Guiglo, est un territoire de 14 150 km², peuplée à hauteur de 52,1 hab./km², du peuple Wê estimé en 2010 à 737 699 habitants et vivant là depuis près de 8 siècles. La prise de Duékoué va inquiéter les quatre départements de la région, à savoir Duékoué même, Guiglo, Toulépleu et Bloléquin qui pourraient être pris en sandwich par la rébellion et ses démembrements venant du Liberia, si des dispositions particulières de sécurité ne sont pas préconisées. Un des objectifs des rebelles et leur soutien Onuci, est de pouvoir contrôler le Port de San Pedro. Parce que, l’accès à Duékoué permet l’entrée dans la Région du Bas-Sassandra, d’une superficie de 25 800 km et composée de six départements : San Pedro, Sassandra, Soubré, Tabou, Gueyo et Fresco, avec San Pedro comme capitale régionale. Elle compte également les paisibles sous-préfectures de Grand-Béréby, Grabo et Grand-Zattry. Cette région convoitée et explorée déjà au XVe siècle par les Portugais, que vise encore la rébellion d’Alassane Ouattara, compte en 2010, une population (Kroumen, Bété…) de 2 037 628 habitants, avec une densité de 79 personnes au km². Après la prise de Duékoué, la rébellion va détruire le pont de Guessabo, ce qui conduira à l’isolement total de l’Ouest du pays, rendant difficile l’arrivée d’éventuel renfort des Fds. En plus de l’enjeu du Port de San Pedro, l’intérêt de l’Onuci et ses hommes, friands de la belle vie dans notre pays, c’est que, selon des spécialistes, cette région est «le seul endroit du golfe de Guinée où la «barre» n'existe pas, ce qui autorise la baignade sans danger, ce qui n'est pas le cas dans le reste du pays, en raison de la présence de nombreux requins au-delà de cette «barre». Et la Région du Bas-Sassandra est voisine de celle du Haut-Sassandra. Qui compte quatre départements (Daloa, Issia, Vavoua et Zoukougbeu), avec pour chef-lieu, la ville de Daloa. Peuplée en majorité par le peuple Bété, elle s’étend sur une superficie de 15 200 km² pour une population estimée en 2010 à 1 535 137 habitants et une densité de 101 habitants au km². Excepté la ville de Vavoua, aux mains des rebelles depuis le début de la rébellion du Mpci, le reste de cette région a connu des poches de violences, vite maitrisées, sans être sous contrôle de cette rébellion. C’est ce pari que se donnent le Coréen Young Jin Choi et le candidat malheureux à la présidentielle 2010, Alassane Ouattara, à travers leur projet de prendre Duékoué. Car une fois le Haut-Sassandra tombé sous leur terreur, les rebelles mettront le cap sur la Région du Fromager, qui a Gagnoa comme chef-lieu. C’est symboliquement fort pour la rébellion de contrôler cette région d'origine de l'actuel président de la République, Laurent Gbagbo, pour dire finalement : «Y a rien en face !». Cette région avec ses deux départements (Gagnoa et Oumé), peuplée également en majorité par les Bété, a une superficie de 6 900 km² et une population estimée à 772 368 en 2010, avec une densité de 111,9 habitants au km². L'essentiel de l'économie de l’ensemble de ces régions convoitées par la rébellion, se rapporte au cacao. Un cacao dont elle enrichit le Burkina Faso de Blaise Compaoré, membre non désiré du panel des chefs d’Etat de l’Union africaine sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. C’est pour toutes ces raisons que Duékoué doit être imprenable et qu’il faut même repousser les rebelles, non pas seulement à Man, mais jusqu’au Burkina Faso, ou partout où les Ivoiriens doivent les oublier. Définitivement.

Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr