Débats et opinions: Quel système politique pour une Côte d’Ivoire souveraine et décolonisée ?

Par correspondance particulière - Quel système politique pour une Côte d’Ivoire souveraine et décolonisée ?

Le Président Laurent Gbagbo et Affi N'guessan au cours d'une visite aux populations. Image d'archives.

Cette interrogation préoccupante est d'actualité au regard du contexte politique ivoirien du moment. En effet, en Côte d’Ivoire s’est imposé un pouvoir contre le gré d'une grande partie de sa population, par la force militaire. Pendant une décennie de gouvernance, le Président Laurent Gbagbo a été contraint de partager l'exercice de son pouvoir avec ses adversaires voire ses ennemis politiques, sous un quasi-contrôle international (France, ONU, ONUCI). Sa volonté de décoloniser totalement son pays, de le rendre indépendant et de créer les conditions d'épanouissement de ses citoyens a été stoppée nette le 11 avril 2011.

Or, le besoin de décolonisation existe pour une majorité du peuple ivoirien, qui aspire à être indépendant, à être souverain. Ceux parmi les ivoiriens qui aspirent à une indépendance réelle se retrouvent dans ce que le Président Laurent GBAGBO symbolise, malgré son incarcération à La Haye depuis novembre 2011.

Toutefois, il faut reconnaître que tout peuple désire intimement à être libre. Seuls les moyens d'y arriver divisent et créent les des divergences entre les ivoiriens. En vue d'obtenir cette indépendance réelle, selon que l'on est pour l'affrontement ou non, courageux ou peureux voire couards, les citoyens adoptent une position de rupture ou de collaboration voire de complicité avec l'ex-colonisateur. A propos de cet ex-colonisateur, il a suffisamment démontré la capacité de mutation de ses méthodes de main-mise sur ses ex-colonies par les différents historiques suivants : l'esclavage, les travaux forcés, l'indépendance retenue et le système transversal et prédateur de la françafrique ou « France à Fric » que tous les gouvernements de droite et de gauche se transmettent et se partagent, telle une valeur cardinale.

Le résultat du 11 avril 2011 est sans appel : la France se retrouve dans sa position dominante des années 60, 70, 80 et 90. Désormais, après dix années de perte de sa main mise sur les décisions et la gestion de ses ressources ivoiriennes durant la magistrature du Président Laurent GBAGBO, son autorité sur la Côte d'Ivoire est désormais restaurée. Ce retour à la situation ante nous fait réfléchir et poser la question de la souveraineté de notre pays et son indépendance réelle : « Quel Système Politique pour une Côte d’Ivoire Souveraine et décolonisée ? »

Aucune ex-colonie française d'Afrique Subsaharienne ne s'est affranchie du Système de la françafrique. Toutes les ex-colonies françaises d'Afrique noire, après plus de 50 ans d'indépendance, restent sous le joug de la France. Elles sont unies à ce pays et entre elles par la langue française, le franc CFA (la monnaie), la BCEAO qui est gérée par la France, les devises monétaires de ces ex-colonies qui sont gérées par la Banque de France, les accords de défense militaires avec la France, l'exploitation des marchés locaux par les multinationales françaises (Bouygues, Bolloré, Vinci... environ 700 entreprises françaises), l'assistance du gouvernement par des conseillers française dans chaque ministère, etc.

Par contre, la situation se présente de manière différente dans les 3 ex-colonies françaises du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) et les 4 ex-colonies françaises d'Indochine (Laos, Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande). En effet, concernant ces groupes de pays, ils jouissent d'une indépendance réelle qui ne souffre pas de la main-mise d'un État tiers. Ce même ex-colonisateur entretient des relations internationales et diplomatiques librement définies avec ces pays. Ils battent leur propre monnaie et pratiquent le système politique qu'ils définissent eux-mêmes, en rapport avec leurs us et coutumes. Pour les uns, l'indépendance a été octroyée, pour le reste, elle a été arrachée par la guerre. Dans tous les cas, elle est réelle.

Partant de cette expérience réussie, quelles leçons d'indépendance devons tirer les pays d'Afrique subsaharienne? En d'autres termes, sur quelles matières cette indépendance doit-elle porter ? Ces matières sont – elles juridiques (constitutions), politiques (accords de coopération), militaires (assistance militaire), Economique (monétaire et financiers), Social (culture, éducation, santé) ?
Par ailleurs, vu les effets dissuasifs et les frasques du 11 avril 2011 en Côte d'Ivoire, comment ces États francophones subsahariens doivent – ils procéder pour obtenir leur indépendance réelle? Doivent-ils envisager une rupture ? Auquel cas, une rupture brutale, militaire et armée ? Ou alors négociée ? Sinon, doivent-ils rester dans la situation actuelle et étudier les conditions de son exploitation à leur avantage notamment l'étude du système du gagnant-gagnant, l'aménagement du système de la françafrique?

Toutes ces questions restent entièrement posées.

Pour ma part, la Côte d’ivoire dégage un intérêt stratégique particulier pour la France. Nous devons savoir manœuvrer pour nous positionner dans le paysage des relations internationales en mettant en avant le réalisme politique. Nous devons donc dégager nos priorités du moment en tenant compte des réalités et des besoins qui les caractérisent.
Parce que le destin, la prospérité et la sécurité de notre pays et de notre peuple sont de plus en plus en jeu. Il faut nécessairement faire émerger, à notre niveau et dans nos rangs, une pensée stratégique nouvelle qui devrait constituer idéologie politique du moment. Pour ce faire, il faut reconnaitre, avec courage et sans honte, notre position actuelle de faiblesse.
Il ne faut pas perdre de vue aussi l’Elysée est et demeure un véritable maître d’œuvre de la crise ivoirienne.
Devons-nous demander la paix des braves ? Nous devons désarmer nos cœurs et nos écrits contre la France et es dirigeants ? Tous les groupes constitués pour la lutte, doivent-ils se retrouver et envisager une nouvelle stratégie qui doit nécessairement épouser et privilégier la voie diplomatique, de compromis, de négociation ?
En tout état de cause pour leur souveraineté les ivoiriens doivent discuter franchement et sérieusement. Ils doivent se parler et emprunter la même voie.

Georges AKA
georges_aka@yahoo.fr