Débats et opinions: Ne pas pouvoir survivre à Alassane Ouattara est un signe de sous développement et d'immaturité politique

Par Correspondance particulière - Ne pas pouvoir survivre à Alassane Ouattara est un signe de sous développement et d'immaturité politique.

La vigilance des leaders politiques de l'opposition ivoirienne et le
courage de certains journalistes ont permis d'attirer l'attention de
tous sur l'une des nombreuses failles du régime d'Alassane Ouattara:
l'usage du mensonge légitime comme forme de gouvernance. Dans un
communiqué datant du 3 février 2014, l'Elysée dévoilait, par exemple, les
conclusions d'un bilan médical et biologique de l'état de santé du
président Hollande, après son opération à la prostate. En Côte d'Ivoire,
malgré certaines dispositions prises par la Constitution de notre pays, les
partisans d'Alassane Ouattara et la presse proche du pouvoir s'obstinent à
faire de son état de santé un sujet tabou. Comment parler d'émergence de
la Côte d'Ivoire à l'horizon 2020, quand le régime d'Abidjan est incapable
de jeter les bases d'un État de droit où tous les citoyens (sans exception)
ont des droits mais aussi des devoirs, et les Institutions de la République
survivent aux gouvernants? Un éléphant aux pieds d'argile serait, en fait,
l'allégorie qui représenterait assez bien L' Émergence 2020 de la Côte
d'Ivoire, sous la direction d'Alassane Ouattara; un pays sans loi soumis à
sa personne, bradé aux investisseurs étrangers. La publication du
bulletin de santé d'Alassane Ouattara exigée, de manière particulière,
par le Rpci-Ac est fondamentale voire vitale pour la Côte d'Ivoire, un pays
rendu ingouvernable par le leader du RDR, le potentiel candidat du RHDP aux
présidentielles de 2015. Son absence à la tête de l'État ivoirien due à
sa maladie nous a permis de le constater. Alassane Ouattara s'emploie à
construire une nation ivoirienne sur sa propre mesure; sans lui, ou les siens
c'est le chaos. Craignant d'être dévoré par le monstre qu'il a lui-même
suscité, il s'est empressé de faire de brèves apparitions à notre
ambassade en France et le dimanche 2 mars 2014, lors de son arrivée à
Abidjan, dans un style qui lui est propre: faire croire aux Ivoiriens que
tout ce qui brille est de l'or. Alassane confirme l'intervention
chirurgicale publiée par la presse proche de l'opposition ivoirienne mais
affirme, en effet, malgré la présence de la canne sur laquelle il
s'appuie, qu'il n'éprouve aucune douleur. Nous savons que l'un des
principaux objectifs que s'est assignée la médecine moderne est sa
victoire sur la douleur. Elle est cependant obligée d'admettre qu'elle ne
peut vaincre la mort: la véritable préoccupation de tous les
Ivoiriens taraudés par la maladie d'Alassane Ouattara. A travers sa
plaisanterie de mauvais goût au sujet des bourses des étudiants ivoiriens
payés grâce à son séjour (à sa maladie) en France, Alassane Ouattara a
démontré, à la face du monde, que sa personne (son égo) est au centre de
toutes ses actions politiques, au mépris de la loi, des Institutions
chargées de répondre aux préoccupations des citoyens (des étudiants) dans
un État de droit. Si sa maladie fut pour ces étudiants une aubaine,
qu'aurait été sa mort? Simplement un désarroi! C'est justement pour
éviter aux Ivoiriens un futur apocalyptique qu'il est d'abord
impérieux de publier le bulletin de santé d'Alassane Ouattara, et de tirer
surtout des leçons de son intervention chirurgicale précipitée qui
démontre qu'il n'est plus le maître du jeu, étant incapable d'avoir une
maîtrise de son calendrier politique, conséquence logique du mal qui le
ronge. Sa candidature à la tête du RHDP aux présidentielles de 2015
est désormais conditionnée par la maladie, qui peut le terrasser d'un
moment à l'autre. Alassane Ouattara a donc décidé d'accélérer le
travail. Pourquoi cette course contre la montre? Pour qui court en réalité
le leader du RDR? Lorsque nous analysons les actes posés par Alassane
Ouattara, nous nous rendons compte qu'il ne court ni pour les Ivoiriens, ni
pour ses propres partisans qu'il est prêt à sacrifier pour contenter ses
riches amis de l'Occident, et la France. Au sujet de ses partisans, il est
légitime de se demander pourquoi ce chef d'État africain, ami des grandes
puissances, capable de s'opposer aux requêtes de la CPI, de menacer des
experts de l'ONU, de faire emprisonner le président Laurent Gbagbo à la
Haye, fut-il «incapable» d'empêcher ses proches collaborateurs (le PAN
Soro Guillaume et ses chefs militaires) d'être menacés par la CPI? Il est
en effet inutile de spéculer sur le véritable rôle de la CPI: c'est le
goulag des grandes puissances où sont isolés tous les hommes
politiques issus de pays satellites qui ne défendent pas leurs intérêts.
Pour que la Haye paraisse crédible aux yeux du monde, on y enferme de
véritables criminels de guerre, lorsque ces derniers décident de combattre
pour l'unité nationale ou contre leurs intérêts. Ianoukovitch, le
président de l'Ukraine, devant lequel la Procureure de la CPI semble avoir
perdu sa verve, confirme nos propos. Défendu par la Russie,
Ianoukovitch n'est plus un criminel de guerre mais un honnête citoyen qui
n'a fait que son devoir. Inutile donc de tergiverser sur le dossier du
président Laurent Gbagbo. Le président ivoirien proclamé par la Cour
Constitutionnelle de son pays est enfermé à la Haye à la demande de la
France, la puissance colonisatrice des pays africains, avec la complicité
d'Alassane Ouattara. Soro et ses chefs de guerre sont dans le collimateur de
la CPI certainement à la demande d'Alassane Ouattara et de la France. Il
nous suffit, pour le comprendre, de parcourir brièvement les événements
qui ont succédé à la rébellion de 2002. Dans le nouvel observateur du
30/07/2007, nous pouvons lire ces propos de Soro Guillaume tenus à Bouaké,
dans le cadre de la réconciliation entre les Ivoiriens: «En mettant le
feu
à ces armes qui étaient les graines de la destruction, nous marquons la
fin de la guerre». Puis se tournant vers son ancien ennemi, il adressa
au président Laurent Gbagbo cette phrase: «Votre venue à Bouaké signifie
que la Côte est réunifiée.» «Peuple de Côte d'Ivoire la guerre est
finie» a de son côté déclaré le président ivoirien. Tous les
rebelles ne partagèrent pas cependant l'idée de cette réconciliation.
L'avion de Soro Guillaume fut attaqué par des inconnus lors de son
atterrissage. Plus tard Soro Guillaume et ses chefs de guerre seront
poursuivis par la CPI parce que la réconciliation entre les ex-rebelles et
le président Gbagbo était préjudiciable aux intérêts de la France.
Recherchés théoriquement par la CPI, des officiers comme Wattao ne
pouvaient plus se retirer, comme souhaité, de l'armée, pour entreprendre
leurs activités commerciales. Soro Guillaume se doit, de gré ou de
force, d'être fidèle à Alassane Ouattara, de peur d'être aussi
déporté à la Haye. Ces fils du Nord qui ont pris des armes, croyant
défendre une cause juste sont désormais des otages de la France et
d'Alassane Ouattara à qui ils «doivent leur salut». Ils sont devenus les
boucs émissaires de crimes commis dans notre pays par des mercenaires
anonymes. Aux baoulé et aux groupes Akans qui ont perdu des êtres chers
durant cette guerre, disons: «YAKO». Aux dioulas disons: «IFO», aux
bétés et aux hommes de l'ouest disons: «YAOLOU GBOUSA». A tous les
autres disons: «Condoléances, courage!». Il ne faut pas qu'aveuglés par
notre douleur ou notre haine, nous ignorions l'angoisse éprouvée par notre
prochain; car Dieu ne désire pas la mort du pécheur, il veut qu'il se
convertisse et qu'il vive pour annoncer ses merveilles. Pécheurs, nous le
sommes tous! Voilà pourquoi, il nous appartient de faire en sorte que nous
ne tombions pas dans le piège de la France, qui a choisi de livrer ces
jeunes du Nord à la vindicte populaire, s'ils décident d'exprimer leur
désaccord, quant aux actions politiques d'Alassane Ouattara, contraires à
leurs principaux objectifs. Les partisans d'Alassane Ouattara
incapables d'avoir une lecture objective des faits politiques en Côte
d'Ivoire pourraient-ils apporter une réponse satisfaisante à la question
suivante? «Pourquoi le leader du RDR refuse-t-il d'accorder une amnistie
générale à tous les protagonistes de la guerre ivoirienne pour éviter,
avant tout, que ses proches collaborateurs (le PAN et ses chefs de
guerre) soient poursuivis par la CPI?» Alassane Ouattara sait en effet
qu'une amnistie générale sera accompagnée d'une défection de milliers
de soldats au sein de son armée (et non de l'armée républicaine). Wattao
sera certainement l'un des premiers officiers à se dédier aux activités
commerciales qui le passionnent. Beaucoup d'officiers ivoiriens ont choisi
certainement de défendre publiquement la cause d'Alasssane Ouattara par
crainte de la CPI; le puissant instrument d'oppression de la France
en Afrique. Quant à l'opposition ivoirienne, Alassane Ouattara n'en a
cure. Elle peut s'égosiller, aucune grande puissance ne viendra réellement
à son aide, car les nations africaines colonisées par la France sont ses
pays satellites. L'invasion de la Crimée par les troupes russes est en fait
le message adressé par Poutin à l'Occident: «Le monde est déjà partagé
entre les grandes puissances, que l'Occident cesse de jouer sa comédie car
leurs intérêts respectifs prévalent sur les valeurs démocratiques». Que
doit faire dans un tel contexte la Côte d'Ivoire? Elle doit s'inspirer
simplement des pays qui se sont battus pour leur liberté. Si nous ne luttons
pas unis pour notre dignité nous périrons ensemble. La Chine, le Brésil,
autrefois pays sous-développés, doivent leur croissance à l'unité
nationale. Tant que l'Ukraine, par exemple, reste un pays divisé, son avenir
est incertain. Tant que les Ivoiriens sont divisés, la France ne signera pas
avec notre pays des accords gagnant-gagnant. Nous avons besoin de tous les
fils du pays pour bâtir une nation nouvelle. Les grandes puissances sont
sorties de guerres plus atroces que les nôtres, mais elles sont aujourd'hui
fortes parce que les ennemis d'hier (France et Allemagne) ont eu le courage
de s'asseoir à la même table pour créer pour les générations futures,
les conditions d'une paix sociable durable. Meurtri par l'oppression dont
étaient victimes les gens de sa race, Martin Luther King a fait son rêve
d'une Nation américaine unie. Ce rêve, nous pouvons aussi le faire et le
réaliser: voir le président Laurent Gbagbo, Soro Guillaume, les officiers
de l'ex rébellion et
l'armée républicaine du général Dogbo Blé assis à la même
table,signant avec les pays occidentaux des accords gagnant-gagnant. Pour
survivre à Alassane Ouattara et devenir véritablement un pays
émergent, il faut simplement permettre aux Institutions de la République de
survivre aux hommes politiques. Cela n'est possible que si nous avons une
armée républicaine unie capable d'assurer la sécurité de tous les
Ivoiriens et des hommes politiques au service du peuple et non de leur égo.

Une contribution d'Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)